Ce texte a été écrit par xenomorf, un intervenant régulier du blog. Il propose donc des rencontres autour de la masculinité. Si vous souhaitez que je vous mette en contact avec lui, dites-moi dans un commentaire que vous acceptez que je lui donne votre email et xenomorf vous contactera.
Place à xeno donc
EDIT ; les réunions peuvent très bien être mixtes.
Comment commence t-on un texte pour motiver des hommes à réfléchir à des identités masculines qui ne soient pas basées sur la domination, sur le sexisme, sur la violence, réelle ou symbolique ? Comment on motive des hommes qui profitent largement d’un système à « en sortir » pour contribuer à créer autre chose, d’autres relations entre hommes, avec les femmes, ou les autres qui se cherchent et se trouvent à l’intersection entre les deux ?
Peut être en montrant que ca participe de « changer le monde »… que ca permet de se sentir bien, ou mieux, avec soi-même, avec les autres… ou en tout cas d’en prendre la voie. Je ne vais pas raconter d’histoires, c’est plus facile pour certains d’entre nous que pour d’autres. Même si je ne fais pas partie du système de pouvoir, j’ai une position enviable, « très privilégiée ». Mâle blanc hétéro de 43 ans, cadre, et grande gueule en plus de ca, je pourrais profiter de mon statut et me la couler douce.
J’ai failli commencer en expliquant comment j’en suis arrivé là. Expériences personnelles et professionnelles, « rencontres » fondamentales avec des militantes, qui ont su questionner et déstabiliser, des formations « techniques » sur le genre, un peu d’empathie structurelle… mais détailler tout cela n’a que peu d’importance. Chacun a ses raisons pour en arriver à se questionner et questionner les structures qui contribuent à « fonder » notre place en tant qu’individu, en tant que membre de divers groupes sociaux. Ces personnes réfléchissent, lisent, s’informent, participent aux débats… mais pour faire avancer les choses, notamment le soutien aux revendications féministes, il est nécessaire d’avoir un tant soit peu d’échanges, de structuration, notamment du « discours » et un jour, de visibilité. C’est bien d’aller aux manifs mais je suis persuadé que ce n’est pas suffisant. A l’heure où 343 empaffés représentatifs de ce système sont capables de faire une déclaration publique défendant leur droit d’aller aux putes, l’existence et la visibilité d’hommes capable de défendre une autre vision devient une nécessité vitale, pour montrer que « c’est possible » d’avoir une parole publique autre que ces 343 (certainement bien plus nombreux malheureusement) ou les HOMENs. Justement, la culture patriarcale hégémonique a vite fait de s’adapter et de contrer les efforts émancipateurs. Nous devrions être capables d’apporter des références « libératrices » pour les hommes et les masculinités, qui contribueront indirectement ou directement à la lutte féministe, notamment en déconstruisant la virilité hégémonique et violente, et en dénaturalisant nos propres stéréotypes.
Il est peut être mieux de dire « masculinités » car il ne s’agit pas de figer une masculinité ‘alternative’ ou une ‘nouvelle masculinité’… La démarche serait plutôt d’assumer la diversité des masculinités respectueuses des autres, qu’elles soient subjectives, imaginaires… en tout cas celles qui ne se définissent pas par la violence et le sexisme.
Je ne propose pas grand-chose à vrai dire… D’abord se rencontrer, discuter, voir si il y a de l’énergie positive à partager, à transmettre, échanger idées et lectures, propositions de mobilisations, d’alliances, évaluer si ca vaut le coup de créer une asso, peut être un jour construire une charte.
Nous sommes nombreux. Nous disposons parfois de pouvoir. Utilisons-le. Il y a une phrase que j’aime beaucoup, de Thucydide « il faut choisir : se reposer, ou être libre ». J’ai choisi. A votre tour.