Poésie du samedi, 61 (nouvelle série) :
Quelques larmes semblent de mise en ce jour des morts, d’autant que la camarde a sévi autour de moi ces derniers temps, emportant successivement notre très cher frère Jean-Pierre, trop prématurément emporté par un méchant lymphome puis mon père, au terme d’un long compagnonnage avec Parkinson. Mais quelle qu’en soit la cause, la mort apparaît toujours aussi injuste. Ces larmes, je les emprunte à Michel Onfray, frappé par la disparition de sa compagne et qui fait paraître un opuscule en forme de Requiem. Mais un Requiem athée, bien évidemment. Ce texte intimiste et atypique chez le très médiatique philosophe révèle une souffrance sincère et universelle. Cette tentative de la conjurer en mots touchera ceux qui croient au ciel comme ceux qui n’y croient pas. La mienne tentative est une prose : Parkinson sous les acacias…
Cette chronique était en sommeil depuis longtemps mais non défunte. Elle va bientôt ressusciter avec force et vigueur. Quoi qu’il en soit, il faut tenter de vivre et la vie continue donc pour nous qui restons sur cette terre qui est parfois si jolie…
Les larmes creusent le ciel
(Lacrymosa)
Avec ta mort meurent :
La pitié et la colère
Les trompettes et les flammes
Le juge et le jugement
L’enfer et le paradis.
Mais avec ta mort naissent
Les larmes de ceux qui restent.
Les larmes creusent le ciel
Elles préparent le cosmos.
Tu nous ouvres la voie
Tu nous précèdes.
Ton destin
C’est notre destin.
Les larmes ce jour
Sont le sang des vivants
Toi, ce jour
Nous, bientôt.
Les larmes se nourrissent de ce savoir.
Michel Onfray, Un requiem athée, éd Galilée 2013.