Plus de 450 000 syriens se sont réfugiés en Turquie depuis le début du conflit. Officiellement Ankara n ‘en accueille plus. Dans le plus gros camp du pays, à Oncupinar, ils seraient aujourd’hui plus de 17 000. Le camp a ouvert ses portes aux syriens en avril 2012.
Tout commence en avril 2012…
En avril 2012, le sud de la Turquie abritait un peu plus de 25 000 réfugiés syriens. Ils étaient près de 10 000 à Oncupinar, dans la province de Kilis. Une ville préfabriquée, dans une zone de non droit entre la Turquie et la Syrie. Un camp de réfugiés, aux fausses allures de prison avec ses barbelés et ses miradors. Un camp de réfugiés qui ne ressemble à aucun autre.
« Un camp de réfugiés trois étoiles »
« Papa a dit que Bachar est méchant, c’est pour ça que nous avons dû partir, mais chez nous, c’est là- bas ». Mohamet, 10 ans montre le no-man’s land de l’autre côté des grandes clôtures métalliques qui entourent le camp. Comme lui, 9900 réfugiés dont 1730 enfants vivent aujourd’hui dans le camp d’Oncupinar. Une ville, une vraie ville en préfabriqué de 37 000 hectares.
Avec leurs yeux d’enfants, ils racontent à demi-mot les raisons de leur exil, miment les combats avec des bouts de bois. Ils viennent d’Alep, Idlib, Efrin, au Nord de la Syrie. Certains sont là depuis 40 jours, peut-être plus. Bientôt, les enfants pourront aller à l’école ; en attendant, ils jouent pour tuer l’ennui, dans le dédale des ruelles que délimitent les baraquements en préfabriqués. Des containers d’une vingtaine de mètres carré chacun, avec l’eau courante et l’électricité.
A l’origine, cette ville devait servir de refuge en cas de secousses sismiques. On y trouve plusieurs écoles, un centre commercial,un hôpital, une banque, une mosquée, des aires de jeux et plusieurs bâtiments officiels construits dans l’urgence après l’arrivée des premiers réfugiés. Accroché aux fenêtres des containers, le drapeau syrien flotte désormais à côté du drapeau turc.
Pour l’instant, les réfugiés ne veulent pas rentrer chez eux. Ici leurs enfants sont en sécurité et tous bénéficient de l’aide du gouvernement turc. Entre deux tours de vélo, Mohamet, sert de traducteur aux humanitaires turques du Croissant-Rouge, garants de l’aide alimentaire. A l’entrée du camp, un entrepôt aux couleurs de l’organisme. Des tonnes de cartons de nourriture, de vêtements, de matériels sont stockés ici avant d’être redistribués. Ils proviennent de l’aide gouvernementale, mais aussi de riches donateurs anonymes. Chaque jour, la quarantaine d’hommes en rouge livrent, un à un, les 700 containers en produits de base, légumes, viande, produits laitiers. Ici on oublie vite les miradors et les barbelés qui entourent le camp.
Ici on tente d’oublier que, de l’autre côté, c’est la guerre. Les hommes préfèrent se taire. Les femmes elles, parlent de leur maison, de leurs sœurs restées là bas. Au loin, elles montre du doigt le minaret en terre syrienne depuis lequel tirent les snipers. Ces hommes en uniformes dont les Syriens eux-mêmes ne savent plus de quel camp ils sont. « Ils ciblent sans distinction hommes, femmes, enfants, vieillards », racontent-elles.
Pour l’instant, la frontière entre la Syrie et la Turquie reste ouverte, mais lorsque le danger se fait trop pressant, elle est immédiatement fermée. Ainsi, des dizaines de camions de marchandises attendent chaque matin sur le bord de la route du coté turc. Le 23 avril 2012, Zeynep, le premier bébé du camp est né, couvert de cadeaux par les autorités et les réfugiés. Il représente l’avenir et l’espoir de jours meilleurs. Pour l’instant les réfugiés n’ont pas de projets sauf celui peut être d’accueillir dans quelques mois, Angelina Jolie, ambassadrice de l’ONU.