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Corrèze ou Zambèze ?

Publié le 06 mai 2008 par Malesherbes
Le journal de 13 heures de TF1 du lundi 5 mai 2008 s’ouvrait sur une nouvelle d’une importance cosmique : le cauchemar d’un couple du Puy-de-Dôme qui a vu douze fois son portail arraché par des voitures. Le téléspectateur effondré devant un tel spectacle a vu et entendu successivement, pendant 1 minute 42 secondes, la circulation sur la route concernée, les dégâts causés au portail, une interview du sinistré, d’autres images de cette départementale, les explications et recommandations de deux riverains, une réunion de quartier. Des organes d’information dignes de ce nom avaient quant à eux titré sur la catastrophe du cyclone Nargis en Birmanie.
Après cette ouverture cataclysmique ont été présentés quelques sujets mieux accordés à la définition d’un journal : cinq séquences traitant d’éducation, de politique et des prix, quatre autres consacrées à des festivités du week-end précédent. On rendait aussi hommage à Lucien Jeunesse et faisait une place à Georges Moustaki. Mais on nous distillait dans le même temps cinq séquences ainsi dénommées sur le site de TF1:
- Vente forcée de fruits et légumes
- Rencontre avec Louise, bistrotière depuis 62 ans
- A la découverte des restanques de Provence
- L’histoire de la broderie aux Antilles
- Visite des hortillonnages d’Amiens
Lorsque l’actualité est pauvre en événements à présenter, les journaux recourent à des marronniers, articles de circonstance, tels la rentrée scolaire ou les régimes minceur à l’approche de l’été. Ce que nous offre quotidiennement TF1, c’est plutôt une moisson de marronniers.
Voilà donc une entreprise qui, ayant obtenu de l’Etat la concession d’une chaîne généraliste de télévision, se permet de diffuser, sous l’appellation mensongère de journal, un contenu constitué d’images, de sourires engageants et de paroles lénifiantes, destiné de toute évidence à couper ceux qui l’ingurgitent de tout contact avec l’actualité.
En France, la dénomination des produits proposés au public est contrôlée. Il ne saurait être question d’appeler crème glacée une glace et réciproquement. Comment se fait-il qu’aucune autorité ne sanctionne une entreprise coupable d’abuser ainsi le consommateur ? Tout simplement parce que le but n’est pas d’informer mais plutôt d’abêtir les citoyens, de les pousser à la contemplation de l’objet le plus important sur cette planète, leur merveilleux et incomparable nombril.

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