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PRISONS: Vulnérabilité et morbidité élevées des personnes détenues – InVS- BEH

Publié le 05 novembre 2013 par Santelog @santelog

PRISONS: Vulnérabilité et morbidité élevées des personnes détenues – InVS- BEHPRISONS: Vulnérabilité et morbidité élevées des personnes détenues – InVS- BEHMalgré le peu d’études concernant l’état de santé des personnes détenues en France et à l’étranger, l’Institut de veille sanitaire propose dans son Bulletin hebdo un bilan complet des facteurs de risque et des principales pathologies rencontrées en milieu carcéral, à l’exception des maladies chroniques sur lesquelles l’absence de données reste à combler. Un BEH qui à partir de ces constats souffle de nombreuses pistes d’amélioration du dépistage et de l’accès aux soins à l’autonomie et à la responsabilisation du patient.

Des facteurs de risque inhérents à l’incarcération et à la détention : Si ces facteurs de risque peuvent expliquer une partie de l’accroissement de certains facteurs de risque ou de risques directs de certaines pathologies chez la population vivant en milieu carcéral, l’objectif de ces différentes études reste néanmoins leur réduction autant que possible. Certes, à l’entrée en détention, les personnes présentent déjà majoritairement un état de santé fragilisé en raison d’un faible accès et recours aux soins et d’une prévalence importante des comportements à risque (addictions, usage de drogues par voie intraveineuse, partenaires sexuels multiples par exemple) et de troubles mentaux, souligne, en préambule, la méta-analyse des chercheurs Élodie Godin-Blandeau, Charlotte Verdot et Aude-Emmanuelle Develay. Les conditions de détention pathogènes dont la surpopulation, le confinement, le manque d’hygiène, et la sédentarité vont aggraver ces facteurs de départ. Enfin, le vieillissement progressif de la population carcérale va induire de lui-même l’incidence croissante des pathologies chroniques en milieu pénitentiaire.

Une première méta-analyse de 120 études sélectionnées apporte des éléments d’information sur les pathologies mentales, les addictions et les maladies infectieuses, avec des résultats convergents en

France et à l’étranger. On notera particulièrement, à partir des études françaises, que,

·   2 détenus sur 3 présentent au moins une déficience,

·   1 sur 5 une incapacité physique,

·   2 sur 5 une déficience intellectuelle.

·   Sur les comportements à risque :

-   la prévalence élevée du tabagisme, avec un taux de 74% de fumeurs,

-   l’excès d’alcool, + 30%,

-   l’usage de drogues par un détenu sur 3.

·   Sur les maladies infectieuses,

-   l’infection à VIH, avec des prévalences plus élevées qu’en population générale (1,7 à 2,1% pour l’infection par le VIH,

-   l’hépatite C (4,6%).

·   les troubles psychotiques, sont répandus, avec une prévalence de 4 à 6%,

-   la dépression touche ainsi 1 détenu sur 6 et la dépendance à l’alcool ou aux drogues, 1 sur 10.

Et les maladies chroniques ? Les auteurs notent ici qu’il n’existe aucune donnée française de prévalence des maladies chroniques (cardiovasculaires, respiratoires, cancéreuses, diabète) et que les autres thématiques de santé (dermatologie, santé bucco-dentaire…), n’ont fait l’objet que d’études insuffisantes, à l’échelle locale. Alors que l’absence de données traduit aussi l’absence d’intérêt, il semble indispensable de développer de telles études épidémiologiques en milieu carcéral, afin de mettre en œuvre une prise en charge.

Responsabiliser et éduquer le patient en milieu carcéral : Une seconde étude qui apporte cependant état des lieux de la prise en charge des personnes diabétiques insulino-requérantes en détention en 2012 en France auprès d’un échantillon d’unités de soins couvrant 55,5% de la population carcérale montre une évolution positive de l’accès aux soins mais ouvre de nombreuses pistes d’amélioration. Si le matériel d’injection d’insuline s’avère de plus en plus largement autorisé en cellule. C’est le cas dans près de 88% des établissements en 2012, vs 60% en 1999. L’étude conclut donc à une amélioration de l’accès aux soins permettant de maintenir l’autonomie du patient, sans majoration du nombre d’incidents. Mais elle ouvre également des pistes d’amélioration, sur la prise en charge du diabète mais aussi d’autres maladies chroniques, telles que l’accessibilité au matériel en cellule -dont les programmes d’échange de seringues?-, sa délivrance, l’accès au sport, à un régime alimentaire adapté, à l’hygiène et à…l’éducation thérapeutique.

Renforcer le dépistage pendant l’incarcération pour limiter la transmission des infections et améliorer le pronostic des patients, cet axe nous est suggéré par un troisième «  zoom  » qui fait état, sur 60.975 personnes détenues en mai 2010 dans 188 établissements pénitentiaires, d’une prévalence du VIH et du VHC, 6 fois plus élevée en milieu carcéral qu’en population générale. La prévalence du VIH estimée au global à 2,0% est plus élevée chez les femmes que chez les hommes. Seuls 75% de personnes détenues porteuses du VIH recevaient un traitement pour leur infection. La prévalence du VHC estimée à 4,8% est, elle-aussi, plus élevée chez les femmes que chez les hommes et si près de la moitié des personnes infectées par le VHC ont une hépatite chronique, 44% seulement avaient reçu ou reçoivent un traitement pour le VHC.

Source: InVS BEH N°35-36 du 5 novembre 2013

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Lire aussi :VIH, VHC et VHB en PRISON: Les grandes pistes d’amélioration

PRISONS: Nids d’infections et déficits de prévention -


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