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Copernic reviens, ils sont devenus fous ! [réflexions sur un "big bang" politique]

Publié le 06 novembre 2013 par Copeau @Contrepoints
Opinion

Copernic reviens, ils sont devenus fous ! [réflexions sur un "big bang" politique]

Publié Par Nicolas Nilsen, le 6 novembre 2013 dans Politique

La politique française a besoin d’une révolution copernicienne : les partis ne doivent plus être au cœur de la vie politique française, la démocratie ne doit plus tourner autour d’eux !

Par Nicolas Nilsen.

Vous avez vu ? Les élections approchent, alors les partis recommencent à bouger : Borloo se rabiboche vite avec Bayrou dans une nouvelle « Alternance » dont ils nous disent (sans rire) qu’elle ne sera qu’une « signature » car il n’est « pas question de substituer une formation nouvelle à nos deux partis » (sic). À Gauche, le PS s’interroge sur ses prochaines alliances (PC ? Verts ? Front de Gauche ?) ; à Droite, Fillon et Copé essayent eux aussi de reconstruire un truc, mais on ne sait pas encore quoi. Peu importe d’ailleurs parce que tout le monde s’en fout.

Les Partis politiques se sont totalement discrédités !

Le problème de la France d’aujourd’hui est qu’elle crève du régime des partis. Ce régime des Partis est une farce (énoncée dans l’art. 4 de la Constitution) selon laquelle « les partis et groupements politiques concourent à l’expression du suffrage ».

En fait ils ne concourent plus à rien du tout, et surtout pas à « l’expression du suffrage ». Vous je ne sais pas, mais moi je n’ai pas besoin que les Partis concourent à l’expression de mon suffrage : je lis les journaux (beurk), j’écoute la radio (beurk) et je m’informe en lisant les blogs sur internet (ah, enfin j’apprends des trucs) et je me fais mon avis… Donc non seulement je n’ai pas besoin des partis (je ne vais tout de même pas attendre que Fillon ou Copé me disent ce que je dois penser des portails écotaxe ou d’autre chose !) mais ils se sont tellement discrédités qu’ils feraient mieux de se cacher et de se faire oublier.

Je comprends qu’ils veuillent rester dans le fromage. Mais qu’ils n’aient pas en plus le toupet de nous dire qu’ils sont indispensables à la démocratie. Ils vivent de ce système de l’alternance (« un coup c’est toi, un coup c’est nous ») qu’ils perpétuent en se distribuant des subventions : en 2013, les partis ont reçu 70 083 332,15 € (dont 28 480 742,50 € pour le PS ; 19 870 309,79 € pour l’UMP ; 5 543 646,41 € pour le FN ; 3 521 792,11 € pour Europe Écologie-Les Verts ; 2 139 965,85 pour le PCF.).

Il faut évidemment abolir ce financement public des partis qui a verrouillé la démocratie en faussant la compétition entre partis. Et empêché surtout l’apparition de nouveaux responsables et candidats hors-partis qui, seuls, apporteraient de l’oxygène à notre démocratie chloroformée.

C’est de Gaulle qui avait raison en démissionnant le 20 janvier 1946

Dans ses Mémoires de Guerre, il dit :

Le dimanche 20 au matin, dans la salle dite « des armures », j’entrai, serrai les mains, et, sans que personne ne s’assit, prononçai ces quelques paroles : « le régime exclusif des partis a reparu, je le réprouve. Mais, à moins d’établir une dictature dont je ne veux pas et qui, sans doute, tournerait mal, je n’ai pas les moyens d’empêcher cette expérience. Il me faut donc me retirer.
(Charles de Gaulle, Mémoires de Guerre, Le Salut, 1944-1946).

Pendant longtemps, j’ai été pour la démocratie représentative (les partis et la représentation parlementaire) mais ils ont tellement échoué depuis des décennies que, désormais, je pense comme de Gaulle et penche vers la démocratie directe et le référendum (voir liens en bas du post).

Il faut une révolution copernicienne, un grand « big bang » politique

Vous connaissez tous Copernic. À l’époque – alors que tout le monde barbotait dans le système débile du géocentrisme (vous savez le truc où la Terre est immobile au centre de l’univers) – il propose une rupture radicale dans l’organisation du cosmos et place le Soleil carrément au centre de l’univers !

Vous ne voyez pas le rapport avec les partis ? Je vous explique : nous aussi on a placé les Partis au centre de la vie politique (relisez l’art. 4 de la Constitution mentionné plus haut). On les finance, et on leur donne toutes les places à l’Assemblée et au Sénat… Et, depuis des décennies, ils font leur petite tambouille en plaçant leurs copains, en votant des lois ineptes, en ruinant le Pays, en endettant la France, en votant des budgets en déficits… Et cela sans interruption, en nous promettant la lune et la sortie du tunnel depuis quarante ans.

Arrêter de prendre les constellations du ciel pour des lanternes !

Vous connaissez tous la Grande-Ourse telle qu’on la voit dans le ciel. On fait comme si les étoiles étaient posées « à plat » sur une surface plane.

Eh bien il n’y a pas plus d’Ourse que de casserole dans le ciel : les points lumineux qui composent la Grande-Ourse sont en réalité des étoiles qui n’ont strictement rien à voir ensemble et seul un effet de perspective nous les fait projeter « à plat » – comme dans un planétarium.

Elle sont en réalité à des milliers d’années lumière les unes des autres. Elles n’ont strictement rien à voir ensemble : elles appartiennent à des ensembles distincts et seul un effet de perspective nous les fait voir ensemble. La réalité c’est ça :

Mizar par exemple est à 88 années-lumière… Alkaï, sa petite « voisine » si on peut dire, est à 210 années-lumière ! Des étrangères en somme, que seul un effet de perspective nous fait voir ensemble et que notre imagination réunit au sein d’une Grande-Ourse qui n’existe évidemment pas !

Politiquement on fait la même chose : on projette les partis sur une surface plane et on n’en sort pas. Un coup c’est un Parti qui gagne (mettons la constellation bleue), et le coup suivant c’est l’autre parti (la constellation rose ou la jaune ou la verte, peu importe).

Avec cette vision, il n’y a pas d’autre configuration politique possible. Il n’y a que des alternances désespérantes – et pas d’alternative véritable. On reste enfermés dans une géométrie partisane désespérément bloquée : un bloc gagne (le bleu, l’orange, le rose peu importe) et il emporte tout ; l’autre est battu et s’opposera à tout jusqu’à ce que son tour arrive à nouveau et il prendra lui aussi toutes les places et tous les votes au Parlement.

Bref, c’est le Général de Gaulle qui avait raison : ce système des partis est un truc complètement fou qui ruine la France. Et pire encore : celui qui gagne s’imagine qu’il doit nous infliger tout son programme (bleu ou rose), appliquer toutes ses promesses, toutes ses usines à gaz ! (alors qu’on l’a juste élu parce qu’on en avait assez du précédent, mais sûrement pas pour que le nouveau applique tout son programme idéologique).

Si on introduit un « big bang Copernicien » tout change

Avant Copernic, c’était la Terre qui était au centre. Tout comme – avant le big bang copernicien que je préconise – ce sont les partis qui sont au centre du système. Et c’est ça qu’il faut changer : il ne faut plus mettre les partis au cœur de la vie politique française. Il ne faut plus que la démocratie tourne autour d’eux !

Et puisque c’est nous qui créons nos effets de perspective et nos propres illusions d’optique politique, essayons donc de construire d’autres « constellations » et de modifier les frontières politiques existantes qui sont en train de tuer la démocratie.

Il suffirait de déplacer quelques postes-frontière, d’enlever quelques fils barbelés idéologiques et de décaler les miradors des partis de quelques mètres. En demandant à nos douaniers politiques de faire quelques pas en arrière, en avant, ou sur le côté – peu importe – mais de ne pas rester plantés là où ils ont été enfoncés il y a des décennies !

Est-il vraiment inconcevable de faire avec les hommes ce qu’on a fait avec les étoiles : les rapprocher dans des « constellations » alors qu’elles étaient pourtant à des milliers d’années-lumière de distance ? Tracer d’autres lignes, d’autres frontières ?

Pour voter une loi, un PS, un MODEM, un UMP, un Vert (peu importe leur nom, on s’en moque) pourra adopter la même position qu’un non-inscrit ou un UDI… Sur un projet de loi spécifique : on ne leur en demande évidemment pas plus. Mais au moins on aura fait avancer le pays, au cas par cas, loi après loi. Bref construire d’urgence un autre zodiaque politique pour sortir enfin de l’alternance des partis : « un coup c’est vous, un coup c’est nous ».

Passer de la désespérante alternance (des partis) à une vraie alternative (pour la France)

Mais mon bon Monsieur, vous n’y pensez pas, c’est notre fonds de commerce politique que vous attaquez ! On en vit nous de la politique politicienne, on n’a pas d’autre métier, on ne sait faire que ça. Et, voyez-vous, le fromage est délicieux : si vous modifiez nos frontières politiques et notre structure partisane, tout va s’écrouler ! Et c’en sera fini de la République !

Ah bon ? Vraiment ? Est-ce que la Grande-Ourse va s’écrouler ? Est-ce que la République va s’écrouler parce qu’on aura choisi de faire travailler ensemble une petite étoile qui est à 88 années-lumière et une autre qui est à plus de 210 ? A priori elles non plus n’avaient rien à voir ensemble. Et pourtant tout le monde trouve normal qu’elles aient été réunies dans une même constellation appelée « la Grande-Ourse ».

Peut-être est-ce tout simplement cela l’alternance : tracer enfin d’autres lignes qui réunissent et assemblent au lieu de diviser et d’opposer. Faire travailler ensemble des hommes et des femmes (ceux que les crétins appellent en ricanant « des hommes de bonne volonté ») qui – sur des sujets précis – (pas sur tout évidemment), seront prêts à faire ensemble un petit bout de chemin législatif ou fiscal…

Aucun parti ne peut dire aujourd’hui que, sur tous les sujets, il détient, à lui tout seul LA vérité. Il faut donc de nouvelles frontières et des majorités différentes pour dégager d’autres solutions – et surtout régler enfin les problèmes de la France ! Avec d’autres hommes surtout : pas des gens issus des partis ou de la bureaucratie mais des libéraux et des responsables qui ont réussi dans la société civile !

Quelle différence y aurait-il demain si on apprenait qu’on voit toujours la Grande-Ourse, mais que ce ne sont pas toujours les mêmes étoiles qui la forment ? Que, pour voter telle ou telle loi utile au pays, une poignée de députés se sont regroupés ; ou que pour tel autre projet de loi, d’autres députés auront décidé de se regrouper et de voter ensemble… etc. Peut-être est-ce tout simplement cela l’alternance : regrouper certaines étoiles pour voter ici une « Grande Ourse », là une autre constellation: Andromède, Cassiopée, la Balance…

Dynamiter le régime des Partis et le vieux scrutin majoritaire

  • Le régime des partis est responsables de la sclérose de notre vie politique. Il a élevé de vrais murs de l’Atlantique en béton armé, des lignes Maginot couvertes de barbelés rouillés, de vrais murs de Berlin infranchissables : tous d’un côté, ou tous de l’autre, pas de quartiers. Le régime des partis a délimité des frontières politiques qui sont aussi ineptes que les frontières africaines laissées par la colonisation.
  • En se retirant, le scrutin majoritaire a lui aussi laissé les marques de sa colonisation : des frontières droites et rigides entre les Partis, tirées au cordeau elles-aussi. Avec fils de fer barbelés et miradors idéologiques. Ce système dit de l’alternance nous a condamnés au choc des blocs et aux affrontement stériles : avec une « majorité » gagnant tout le pouvoir et approuvant tout en bloc ; et une « opposition » attendant son tour et s’opposant donc à tout en bloc également. Ce système condamne la France car il entretient la mainmise des Partis sur la vie politique et la démocratie.
  • Le scrutin proportionnel permettrait évidemment de casser cette emprise des Partis en ouvrant la voie à de nouveaux responsables, issus d’autres milieux, venant d’autres horizons et qui arracheraient la France à la camisole idéologique des partis. Mais on en parle depuis des décennies et rien ne se fait car ils ont évidemment trop intérêt à défendre leur fromage… Et donc ?

Il faudra se décider à sortir rapidement l’arme absolue : le référendum !

Comme les partis ne veulent évidemment rien lâcher de leur pouvoir – et feront tout pour faire échouer toute réforme qui les expulserait de leur fromage – il faudra forcément sortir l’arme qui les fera plier en débloquant le système : le référendum ! Il n’y a que comme cela – en demandant au Peuple souverain ce qu’il veut – qu’on fera sauter les verrous partisans qui s’opposent aux vraies réformes que les politiciens n’ont pas le courage de faire !

Les vraies solutions pour la France, ce n’est pas à l’applaudimètre de la polémique partisane dans l’hémicycle qu’on les mesurera. Tout ça c’est un théâtre partisan dérisoire et des jeux parlementaires et médiatiques stériles qui plombent le pays depuis des décennies !


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