« Nuire à l’activité des VTC pénalise le client »
Publié Par Contrepoints, le 6 novembre 2013 dans TransportsLe gouvernement a décidé d’imposer aux entreprises de Véhicules de tourisme avec chauffeur (VTC) un délai de 15 minutes entre la réservation et la prise en charge du client. Interview de Yan Hascoet, PDG de Chauffeur-Privé.com
La pénurie organisée de licences de taxis due à un numerus clausus préfectoral a créé un appel d’air et une opportunité de marché pour ce que l’on appelle les Véhicules de Tourisme avec Chauffeur. Ils n’ont pas de licences de taxis et offrent des services pour la plupart haut de gamme. Ils ne peuvent prendre des clients que sur réservation et pas dans la rue (contrevenir à cela est passible d’une peine d’un an de prison et de 15 000 euros d’amende). Face à cette nouvelle concurrence, les taxis traditionnels en position de monopole n’ont pas tardé à demander au gouvernement d’imposer une contrainte aux VTC : ils devront attendre un délai de 15 minutes entre la réservation et la prise en charge du client.
Pour en savoir plus, nous avons interrogé Yan Hascoet, secrétaire général de la Fédération française du transport de personnes sur réservation (FFTPR) et PDG de l’entreprise de VTC Chauffeur-Privé.com.

Yan Hascoet.
Que pensez-vous de la décision d’imposer un délai de quinze minutes pour la prise en charge de vos clients ?
C’est une décision aberrante qui pénalise le client à double titre : d’abord, le service est dégradé puisqu’en moyenne, nos véhicules prennent en charge nos clients 7 à 8 minutes après leur réservation, avec cette mesure le client attendra plus longtemps ; d’autre part, il y aura un impact sur le prix puisque ce délai imposera de faire moins de course dans la journée, et donc pour avoir un même niveau de revenu il faudra monter le prix. Tout cela est artificiel et aberrant.
Cela va-t-il nécessairement brider la concurrence ?
Le gouvernement n’est pas dans une logique constructive de développement économique, de défense d’une vision de l’économie, de l’intérêt général. Il est dans une logique consistant à prendre les mesures qui fâcheront un minimum de personnes.
Avez-vous des projets pour alerter le public sur ce sujet ?
Oui nous avons lancé une page web Pour ne pas faire de concurrence qui a déjà récolté 6000 tweets, il s’agit d’une initiative humoristique où les internautes sont invités à inventer des mesures imaginaires sur le modèle de ce délai de 15 minutes (Exemple : #PourNePasFaireDeConcurrence au courrier postal, le courrier électronique sera remis à J+1 #taxi #VTC ). Cette initiative a pas mal buzzé.
Nous avons également lancé un mouvement appelé les Dodos, et enfin une pétition qui a rassemblé 6000 signatures en trois jours.
Par ailleurs nous étudions la piste juridique en faisant appel aux autorités de la concurrence en France et au niveau européen.
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Pour compléter : la tribune de Yan Hascoet publiée dans le Huffington Post.