Magazine Bien-être

Anne Valérie Rocourt et OPUS ROUGE

Publié le 06 novembre 2013 par Montaigu

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Un entrepreneur, ou plutôt une entrepreneuse nous conte son histoire.

Anne Valérie Rocourt créatrice d’Opus Rouge, un espace de formation pour les décorateurs.

 Quelle mouche t’a piquée ? 

Une mouche dynamique pas du genre Tsé Tsé. 

Je travaillais chez BNP Paribas  depuis déjà quelques années et j’ai été prise d’une irrésistible envie de changement. Ce qui n’a rien d’extraordinaire. La question est juste de savoir si on en reste à cette impression ou si on lui donne corps. J’avais cette sensation d’être dans une cloche, confortable, certes, avec salaire, bonus, avantages, 10 semaines de vacances. Une carrière qui jusque là avait été satisfaisante. Cependant plus j’évoluais, plus je constatais que les choses devenaient politiques et ce n’était pas ma tasse de thé. Dans cette atmosphère générale, je me sentais de moins en moins épanouie. Ma créativité se mourait à petit feu. J’avais besoin d’un nouveau challenge.

Et puis miracle ou clin d’œil de la providence : la banque a mis en place un plan de départ volontaire. Je me suis battue pour en faire partie. 

Me voilà donc sortie. Question : que faire ? Deux idées majeures : monter ma boîte,  dans un domaine créatif.

La décoration m’attirait. C’est un univers très vaste, qui manie des concepts aussi bien intellectuels que manuels, avec des métiers très divers : de l’architecte au rayon bricolage chez Castorama en passant par l’entreprise de démolition sans compter les fabricants de meubles, papiers peints, tissus, luminaires etc.

Néanmoins c’est un miroir aux alouettes : qui ne se pique pas d’aimer la décoration voire de s’intituler décorateur ? Pour moi c’était clair : je ne voulais pas être décoratrice, j’aspirais à créer un lieu, avec des objectifs ambitieux.  

J’ai tâté le terrain. J’ai suivi 6 mois de cours à l’école Boulle. Et c’est précisément en cherchant une formation, que j’ai réalisé qu’il n’existait aucune offre de formation professionnelle pour adultes dans le secteur de la décoration.

Là je me suis dit : je tiens mon sujet, je vais créer l’école de décoration  que j’aurais adorée dénicher.

Opus rouge est né.

 Qu’est-ce qui a changé dans ta vie ?

 Que dire ? Tout, évidemment.

En premier le travail. Qui n’a jamais monté sa boîte ignore cette dimension qui affecte tous les aspects de sa vie qu’ils soient professionnels, privés, familiaux. C’est matin, midi et soir,  parfois la nuit, le weekend. Il faut être sur tous les fronts et démontrer sa capacité à être polyvalent.

Il y a aussi l’aspect financier. C’est un choix qui implique des sacrifices, non seulement pour moi mais ma famille, et qui rejaillit sur mon mode de vie : moins de vacances, de voyages, ce qui est très frustrant pour mon âme vagabonde.

Mais c’est une grande ouverture sur le monde. On rencontre une foultitude de gens et d’univers nouveaux. Car une des exigences de l’entreprenariat, c’est se faire connaître et reconnaître et donc apprendre à réseauter. Ce qui est d’une richesse incroyable. 

 Sur un plan personnel, en sortant  de sa zone de confort, on puise en soi des ressources insoupçonnées notamment de courage, et il en faut, d’audace, on ose aller au delà de ses peurs. Ce faisant on renforce sa confiance en soi et son estime de soi. C’est un vrai cheminement vers l’authenticité, vers l’essentiel pour être en harmonie avec soi, avec ses valeurs profondes. Ce qui permet de s’extraire du jugement des autres et de s’adapter en permanence aux exigences et aux contraintes de l’environnement.

Les bonnes et mauvaises surprises

Bien sûr le regard des autres, les proches en particulier. Pour le dit et le non dit. Les amis qui ne comprennent non seulement pas mes choix mais  surtout que je sois devenue une autre personne. Dans tout ça il est nécessaire de faire le tri, d’éliminer les réactions jalouses de ceux qui sont déçus par leur vie.

Et puis il y a des rencontres magnifiques, de belles amitiés qui se nouent aves des gens qui comprennent ma situation parce qu’ils sont dedans eux aussi.

 La grande difficulté de sa propre entreprise est la dépendance à l’égard des autres qui génère des situations extrêmes, le très haut est suivi du très bas. Le facteur humain est colossal. Naturellement ainsi  que je l’avais appliqué dans la banque, j’ai eu envie de tout contrôler, tout maîtriser, d’être très perfectionniste. Ce n’est pas comme ça que ça se passe.

Il faut savoir  lâcher  prise, apprendre la dimension temps. Le professionnalisme des uns n’est pas celui des autres. Parfois la réponse attendue pour le lendemain ne vient qu’une semaine plus tard. C’est un fait quotidien. A  moi de m’y faire. J’ai eu aussi tendance dans les choix de mes fournisseurs à  me baser sur des check-lists très cartésiennes avec des points précis à remplir. Je me suis plantée.

Pour ma première agence de communication, j’en avais choisie une qui remplissait tous mes critères. C’était parfait. Pourtant quelque chose me chiffonnait sans que je puisse identifier mon malaise. Résultat, j’ai suivi mon analyse et ça a été une catastrophe. Pareil pour mon fournisseur de logiciel. Ce que j’ai ainsi appris, c’est l’intuition que j’écoute dorénavant, ma petite voix intérieure. C’est l’amie de la solitude de l’entrepreneur qui doit tout assumer seul.

En dernier, j’observe que dans mon cocon de banquier, je m’imaginais dans la jungle. C’est faux. Maintenant je l’ai vraiment rencontrée. Mais je suis libre… sous contraintes.

 Je ne sais pas ce que me réservera l’avenir mais je sais avec certitude que j’ai extraordinairement grandi grâce à cette expérience.

Mon mot de la fin : suivez votre intuition.



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