Des réunions, un ultimatum qui échoue, la menace d'autres casses, des réunions encore. La Bretagne est effectivement un laboratoire, du pire et du meilleur.
Quelque part dans la soirée de mardi, le maire divers gauche de Carhaix, Christian Troadec, appelait à la révolte. Devant micros et photographes, il lança un ultimatum, expirant ce mercredi 6 novembre à midi: "Nous attendons clairement la suppression de l'écotaxe pour demain midi pour la Bretagne. (...) Ce n'est plus acceptable d'avoir aujourd’hui des diktats venant de Paris, nous attendons clairement la suppression de l'écotaxe pour demain à midi pour la Bretagne". Fichtre ! Des "diktats venant de Paris" !
Kessako ?
On ne savait pas si l'élu se morfondait de cette décision européenne, annoncée en 2011, de supprimer en 2013 les subventions à l'exportation dont bénéficiait l'entreprise (privée) de poulets surgelés Tilly-Sabco . Non, cet élu ne visait pas ce "diktat" dépensier-là.
A midi, il ne s'était rien passé. Les menaçants décidèrent de réfléchir à la suite de l'action.
"La porte est fermée par Jean-Marc Ayrault donc c'est un appel à continuer, on verra selon quelles modalités, où quand et comment on va continuer le mouvement" expliqua l'un des leaders des Bonnets Rouges, le patron de la FDSEA local, Thierry Merret.
A la sortie du Conseil des Ministres, les messages présidentiels furent répétés. Mais Hollande était ailleurs, "en surplomb". Le président-fusible laisse son Premier tenir l'ampoule dans cette affaire.
Jean-Marc Ayrault, comme l'un des autres de ses ministres chargé de l'agro-alimentaire, avait répondu que l'ultimatum n'était pas une bonne solution. Surtout pour supprimer une taxe dont la suppression ne changerait rien à la situation déplorable du territoire breton. Ayrault demanda en revanche qu'on puisse signer un "pacte d'avenir" d'ici la fin du mois. Insuffisant ? Certainement. Mais insuffisant pour qui ?
Toute la journée de mercredi, le préfet de région s'est enfermé avec divers représentants sociaux et professionnels. On espérait qu'une forme de "régulation" collective allait en sortir. La démarche n'était pas facile.
Des représentants de salariés exigèrent une suspension générale de tous les licenciements et suppressions de postes annoncés en Bretagne. L'histoire ne dit pas comment les représentants du patronat local, pourtant les premiers à revêtir ce bonnet rouge lors des manifestations à Quimper le samedi précédent, réagirent à cette proposition de gel des licenciements. "Nous, ce que nous demandons c'est que des mesures soient prises pour que les entreprises soient mises en situation d'être compétitives" a simplement commenté l'un de ses représentants. La délégation de Force Ouvrière fut suffisamment énervée pour claquer la porte sans attendre la fin de cette journée d'échanges. Fabrice Lerestif, secrétaire départemental de FO en Ille-et-Vilaine, avait expliqué: "on veut un gel des licenciements", ou" au moins des signes allant dans ce sens avant 14h30".
Mercredi, on apprit que la justice s'intéressait enfin à Ecomouv. Cette équipe socialiste au gouvernement avait "oublié" de s'en préoccuper avant. C'était béta.
Pire, l'ancien gouvernement, Nathalie Kosciusko-Morizet en tête puisqu'elle fut la ministre qui signa la dite convention qui accordait à Ecomouv le privilège de collecter la dite Ecotax moyennant 250 millions d'euros de prélèvements annuels, s'enfonça dans de mauvaises excuses.
Désormais, le parquet de Nanterre avait ouvert une enquête préliminaire sur les conditions d'attribution du contrat liant l'Etat à la société Ecomouv, signé en 2011 après un appel d'offres dont la trace fut rapidement retrouvée. A l'Assemblée, un député écologiste dénonçait une "évidente" corruption. Pas nécessairement au niveau politique, ajoutait-il.
Mercredi, on se demandait qui allait régler la note des dégradations, 7 millions d'euros de destruction de portiques de collecte de la dite eco-taxe, en quelques semaines.