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Lockheed Martin SR-72 : les vitesses hypersoniques font leur come back

Publié le 07 novembre 2013 par Toulouseweb
En octobre 1999, aprčs plus de 30 années de bons et loyaux services et ŕ l’issue d’un vol scientifique pour le compte de la NASA, les roues du dernier SR-71 Ť Blackbird ť prenaient contact avec la piste. Avec l’extinction de ses deux énormes turbo-statoréacteurs Pratt & Whitney J-58 de 15 tonnes de poussée chacun, c’est une page de l’Histoire aéronautique qui se tournait…
Parmi les passionnés de cet appareil, aujourd’hui devenu mythique, deux camps se formčrent : d’un côté, les pragmatiques, ceux qui estimaient que l’čre de l’aviation militaire hypersonique venait de prendre fin au profit de celle de l’économie d’énergie, de la furtivité ou encore de l’aspect multi-rôle des appareils du futur ; et de l’autre, ceux qui attendaient de voir un appareil prendre la suite du Blackbird. Ceux-lŕ, ŕ grands coups de suppositions et de rumeurs, virent en un hypothétique projet d’appareil de reconnaissance hypersonique, baptisé Ť Aurora ť, la suite logique du SR-71. Seulement, ŕ l’heure actuelle, on ne sait toujours pas si l’Aurora ou XR-7, qui, selon de nombreuses spéculations serait capable de voler ŕ mach 12, est réel ou non. En effet, le Pentagone ni aucun constructeur n’ayant jamais communiqué sur cet avion, les attentes des fanas ont peu ŕ peu laissé place aux fantasmes et aux élucubrations les plus folles : par exemple, l’avion aurait été conçu, testé et basé dans l’enceinte męme de la fameuse Ť zone 51 ť et sa technologie aurait męme été d’origine extra-terrestre… Ah Hollywood, quand tu tiens !
Si on n’a aucune preuve de l’existence de l’Aurora (et que de ce fait, cet appareil n’a potentiellement peut-ętre jamais existé) depuis le 1er novembre 2013 en revanche, Ť Skunk Works ť, bureau d’études top secrčtes, filiale de Lockheed Martin et principal acteur du développement du SR-71, a donné un sens aux espoirs que nourrissaient ceux qui, depuis maintenant 14 ans, scandaient que le Blackbird devait avoir un héritier.
Mais que ces aficionados ne s’emballent pas : l’appareil justement et simplement dénommé Ť SR-72 ť, n’en est qu’au stade de la genčse et, si un démonstrateur devrait effectuer son premier vol en 2018, selon Lockheed, le fils du SR-71 ne devrait pas ętre opérationnel avant 2030. Autre aspect, bien moins sexy, il s’agira d’un avion sans pilote, un drone en somme… encore un.
Tout comme l’ensemble de son architecture, sa propulsion sera révolutionnaire : un systčme de cycle combiné associera un turboréacteur classique lui permettant de décoller et d’atteindre Mach 2.5 ; vitesse ŕ laquelle son moteur Ť statomixte ť prendra le relai pour lui permettre d’atteindre des vitesses de l’ordre de plus ou moins Mach 6, soit 7 400 km/h. Ce deuxičme moteur est également la conjugaison de deux technologies : celles d’un statoréacteur Ť classique ť et d’un super-statoréacteur.
Darpa (pour Defense Advanced Research Projects Agency) et l’US Air Force, devraient ętre amenés ŕ financer ce projet de propulsion qui n’est, pour l’heure, qu’au stade de la théorie. Cependant, de nombreuses étapes vers la pratique ont été d’ores et déjŕ franchies : ainsi, par exemple, le super-statoréacteur Pratt & Whitney Ť Rocketdyne ť SJX61 a permis au démonstrateur technologique X-51, d’atteindre la vitesse phénoménale de Mach 7 (8 575 km/h), le 26 mai 2010.
Egalement, la fonction du SR-72, différera de celle de son aďeul : lancé en période de guerre Froide, le SR-71, avait pour but de mener des missions de renseignement et de surveillance au-dessus de l’ex-URSS – d’oů sa dénomination Ť SR ť pour Ť Strategic Reconnaissance ť. Les missions du SR-72 devraient aller au-delŕ du simple espionnage : selon Lockheed Martin, en plus d’ętre capable de traverser un territoire ennemi trčs rapidement et trčs haut, l’appareil devrait ŕ terme, ętre capable de tirer des missiles, eux-aussi, hypersoniques et ainsi, frapper des cibles stratégiques avec précision, situées loin derričre les frontičres… A propos de ces missiles, de vastes rumeurs font état qu’ils seraient amenés ŕ ętre propulsés par le super-statoréacteur Ť Rocketdyne ť, cité un peu plus haut et qui équipe actuellement le démonstrateur X-51.
Bref, quel beau projet que ce SR-72 ! Qui plus est, contrairement ŕ beaucoup d’autres, il y a fort ŕ parier que celui-ci ne se résumera qu’ŕ la planche ŕ dessins.
Cependant, le SR-72 est un appareil qui peut également générer quelques craintes. Car une question subsiste : le jour oů un tel appareil entrera en service, qu’adviendra-t-il du reste de l’aéronautique militaire ? Ne faudra-t-il pas revoir toute l’articulation liée ŕ la surveillance du ciel ? Lorsqu’un SR-71 volait ŕ Mach 3, la fenętre de tir pour l’abattre n’était que de quelques secondes. D’ailleurs, au début des années 70, des Mirage F1C avaient tenté d’intercepter un Blackbird volant ŕ Mach 2.8, lors d’un exercice au-dessus du territoire français. Ils n’y étaient pas parvenus… Concernant le SR-72, cette fenętre de tir serait d’autant plus réduite et pourrait ętre de l’ordre de quelques dixičmes de seconde !
Ainsi, cet appareil serait un véritable spectre, et ŕ moins de lui opposer un intercepteur aux performances similaires, le Ť tuer ť serait probablement impossible.
Bastien Otelli – AeroMorning

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