Le vendredi 7 novembre 1913, la plupart des quotidiens français consacrent une large partie de leur une à la catastrophe ferroviaire qui s’est produite trois jours plus tôt à Melun, devant l’actuel tribunal de grande instance, où se trouvait alors une brasserie.
Le 4 novembre, deux trains sont entrés en collision frontale en début de nuit : un train postal et un rapide. Le déblaiement des tôles et le dégagement des victimes, largement effectués par des militaires, prend du temps, l’accident ayant provoqué un énorme incendie. Très tôt et sans vérification approfondie, on désigne le mécanicien du rapide comme coupable : il n’aurait pas respecté la signalisation, ce qui lui vaudra quatre mois de prison.
Le quotidien Le Petit Parisien insiste lui, lourdement, sur la description des corps et des objets mis au jour par les sauveteurs. L’article dégouline et larmoie, indiquant au passage noms, âges et adresses des victimes alors identifiées. On lit notamment qu’un homme, qui venait d’être identifié par son gendre, "avait la tête écrasée et était en partie méconnaissable", tandis que les proches des victimes se rendent à l’hôpital "pour voir s’il ne leur serait pas possible de mettre un nom sur les pauvres et lamentables choses, paquets de chair noirâtre et sanguinolente, qui s’étalent, côte à côte au dépôt mortuaire".