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Les erreurs subliminales laissent-elles des traces électrophysiologiques ?

Publié le 07 novembre 2013 par Olivier Leguay

Détecter les erreurs


Le cerveau humain fascine. Il intrigue par son extrême complexité et son efficacité mais ce "formidable" organe n'en demeure pas moins faillible, sujet aux erreurs. Parfois, on réalise les erreurs que l'on vient de commettre (qui n'a jamais prononcer le fameux "Oups" ?). Certaines erreurs peuvent, au contraire, passer totalement inaperçues. Détecter une erreur est crucial dans la vie de tous les jours, cela nous permet d'apprendre et de réajuster nos actions à temps... Utile lorsqu'on conduit, par exemple. Hélas, les chercheurs en sciences cognitives n'expliquent toujours pas pourquoi et comment le fait d'être alerté, de manière consciente, par nos erreurs peut contribuer au contrôle de fonctions exécutives et donc au réajustement de nos comportements. De surcroît, des études récentes sont venues renforcer l'idée que cette "vigilance" consciente n'était pas requise pour de nombreuses fonctions dites de haut niveau telles que la prise de décision. Au contraire, ces travaux suggèrent que la détection d'erreurs pourrait intervenir à un niveau subliminal, c'est-à-dire inconscient.
Quels types d'erreur et comment les enregistrer ?
Toutes les erreurs ne sont pas à mettre dans le même panier. Comme l'expliquent les docteurs Shani Shalgi et Leon Deouell de l'Université hébraïque de Jérusalem dans un article de la revue Frontiers in Neuroscience [1], il est important de distinguer les "oublis" des erreurs. L'oubli a lieu lorsque l'information requise pour donner une réponse est disponible, pour une période suffisante au processus de prise de décision. En revanche les erreurs surviennent lorsque le substrat informationnel ou l'algorithme de traitement de l'information est manquant. L'oubli est souvent dû à une précipitation du sujet à répondre, à une faible attention alors que la vraie erreur peut avoir lieu lors de la résolution d'un problème mathématique dont on ne connaît pas la règle...
L'enregistrement de l'activité cérébrale par électroencéphalographie (EEG) a permis de déterminer des index dits électrophysiologiques des réponses chez l'Homme. Parmi les plus robustes, nous trouvons deux types d'ERP (pour Event Related Potentials) modulés soit après une erreur, soit après une réponse correcte. L'erreur consiste ainsi en une déflection négative du potentiel qui débute lorsqu'il y a erreur et atteint son maximum après 50-100 ms. Les réponses correctes induisent, elles, une modulation positive du potentiel qui dure plus longtemps pendant la réponse.
L'erreur n'est pas toujours consciente
Des travaux ont pu montrer que l'erreur est enregistrée aussi bien lorsqu'elle est consciente que subliminale. Ce concept représente aussi un challenge car il suppose que depuis le traitement de l'information, toute la séquence englobant la reconnaissance de la stimulation, la prise de décision, la sélection de la réponse et enfin le "monitoring" de cette réponse puissent être effectués en subliminal [2]. Une idée qui n'a pas toujours rencontré des défenseurs mais qui s'appuie sur la reproduction par de nombreux laboratoires du résultat montrant une réponse égale entre erreurs "conscientisées" et subliminales.
Quelle est la signification des erreurs inconscientes ?
La capacité à échapper au contrôle conscient de la détection d'erreur ouvre des perspectives fascinantes en recherche. Cette hypothèse s'articule aussi sur de nombreux concepts philosophiques et cognitivo-psychologiques stipulant que l'action est possible sans conscience... En bref, que nous pouvons évoluer en mode "zombie". Sans oser s'aventurer sur les terrains glissants de la science-fiction, les recherches menées en neurosciences cognitives sur les modalités du traitement de l'erreur contribuent a mieux comprendre les mécanismes qui régissent les comportements les plus adaptatifs inhérents à l'espèce humaine, comme la prise de décision. Une prise de décision qui ne s'établit plus (depuis longtemps), majoritairement, sur un cortège de stimulations externes, sensorielles, mais qui implique le concours de représentations potentielles, elles-mêmes façonnées par l'expérience passée de l'individu et par ses aptitudes à planifier une stratégie comportementale pertinente.

http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/74197.htm


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