Les personnes bilingues ou trilingues connaissent un déclin cognitif plus tardif et, en cas de démence, celle-ci est retardée de 5 ans, suggère cette étude de l’Université d’Edimbourg, publiée dans la revue Neurology. Passer d’une langue à l’autre constituerait, selon les chercheurs, le meilleur des entraînements cérébraux.
Les chercheurs d’Edimbourg et de l’Institut des sciences médicales de Nizam (Inde) ont évalué près de 648 patients atteints de démence, dont 391 personnes bilingues, et évalué à quel âge le diagnostic avait été posé. Il faut préciser que l’Inde constitue un terrain d’étude idéal du bilinguisme, car le bilinguisme fait partie de la vie quotidienne.
Les chercheurs constatent que les patients bilingues ou plus ont connu un début plus tardif de la maladie d’Alzheimer, de démence vasculaire et la dégénérescence fronto-temporale. Cette dernière affection se caractérisant par des troubles du comportement et du langage et une détérioration intellectuelle. Précisément,
· les patients bilingues ont développé une démence 4,5 années plus tard que les monolingues.
· Cette différence significative dans l’âge d’apparition a été trouvé dans la démence d’Alzheimer, la démence vasculaire et la démence fronto-temporale,
· elle a également été observée chez les patients analphabètes, suggérant ainsi que cet effet retardateur n’est pas causé par des différences de niveaux d’éducation,
· il n’y avait aucun avantage supplémentaire à parler plus de 2 langues.
· L’effet bilingue sur l’âge d’apparition de la démence a été montré indépendamment des autres facteurs de confusion potentiels, tels que l’éducation, le sexe, la profession et le lieu de vie, urbain ou rural.
L’étude conclut donc à un effet indépendant du bilinguisme sur l’apparition de la démence. Un effet qui tiendrait à l’effet d’entraînement cérébral lié à la commutation nécessaire d’une langue à une autre, entre les différents sons, des mots, les concepts, les structures grammaticales et les normes sociales. Cet exercice cérébral serait plus efficace que n’importe quel programme d’entraînement cérébral, écrivent les auteurs.
Source: Neurology November 6, 2013, doi: 10.1212/01.wnl.0000436620.33155.a4 Bilingualism delays age at onset of dementia, independent of education and immigration status (Visuel © Torsten Lorenz – Fotolia.com)
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