Les hommes marchent plus vite que les femmes, mais que se passe-t-il lorsqu’un homme et une femme marchent ensemble ? Dans certains cas, mais dans certains cas seulement, les hommes vont réduire leur vitesse de marche. Mais tout dépend de leur relation avec la femme qui les accompagne, révèle cette étude de la Seattle Pacific University, publiée dans la revue PLoS ONE. Une explication liée à… la reproduction.
Cara Wall-Scheffler rappelle que nous avons tous une vitesse de marche optimale qui minimise la dépense énergétique. Cette vitesse optimale varie en fonction des caractéristiques physiques, comme le poids corporel et la longueur des membres inférieurs ce qui explique aussi pourquoi les hommes vont plus vite que les femmes. Lorsqu’une femme et un homme marchent ensemble, l’un des deux devra dévier de sa vitesse optimale et en payer le coût énergétique.
Les chercheurs ont examiné les choix de vitesse de 22 participants, 11 hommes et 11 femmes, dans les différentes situations, lorsqu’ils marchent seuls et accompagnés, avec un proche ou un « amoureux » ou avec un ami du même sexe ou du sexe opposé. Ils mesuraient leur vitesse de marche tous les 100 m.
· En moyenne, les hommes marchent plus rapidement lorsque qu’ils marchent seuls (1,53 m/s) et plus rapidement que les femmes, lorsqu’elles marchent seules (1,44 /s)
· Quand un homme et une femme marchent ensemble, s’ils sont liés par un sentiment amoureux, c’est l’homme qui va considérablement ralentir son allure afin de marcher au même rythme que sa partenaire : En moyenne, il se règlera ainsi sur 1,44 m/s et il ralentira même un peu plus s’il lui donne la main (1,43 m/s-1).
· Même avec son partenaire amoureux, la femme n’accélère pas l’allure et la variation la plus élevée dans ce cas n’est que de 1% par rapport à sa vitesse de marche en solo.
· Dans les autres situations, comme une balade entre amis par exemple, aucune différence significative de modification des vitesses de marche n’est constatée par rapport aux vitesses de base en solo. Dans ce cas, les hommes ne ralentissent qu’au minimum leur allure, si nécessaire.
Evolution et reproduction : Bref, seul le sentiment amoureux justifie le « coût énergétique » et alors, c’est l’homme qui investit. L’étude fournit un exemple de la volonté et de la capacité de l’homme à dépenser de l’énergie pour la femme vis-à-vis de laquelle il a choisi de « s’investir ». Dans un contexte de mobilité, l’homme va donc payer le coût énergétique pour marcher au même rythme que la femme, lui permettant ainsi de conserver des ressources énergétiques qui pourront être allouées à la reproduction. On peut penser, écrivent les auteurs, que les hommes vont réduire encore plus leur allure durant la grossesse et l’allaitement qui sont pour la femme, deux périodes très mobilisatrices d’énergie.
Ces résultats pourront également intéresser les anthropologues. De récentes découvertes de fossiles illustrent des groupes de marche, composés de personnes de différentes tailles qui semblent se déplacer à la même vitesse. Mais des découvertes de groupes d’empreintes montrent également les différentes situations, des groupes d’empreintes de femmes et d’enfants, séparés de groupes d’empreintes d’hommes, plus larges. Pour éviter « cette pénalité énergétique », de nombreuses populations se déplaçaient ainsi en groupes non mixtes, les hommes voyageant seuls ou en groupes, les femmes plus généralement ensemble.
Source: PLoS ONE 23 Oct, 2013 doi:10.1371/journal.pone.0076576 Energetic Consequences of Human Sociality: Walking Speed Choices among Friendly Dyads
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