Magazine France

340ème semaine politique: Hollande contre les sécessionnistes

Publié le 09 novembre 2013 par Juan
340ème semaine politique: Hollande contre les sécessionnistes François Hollande veut prendre de la hauteur. Il est temps, c'est nécessaire.
Ce pays part en vrille. Le désir démocratique se perd, à droite comme à gauche.


Lundi, la crise est au Mali. La semaine commence en crise internationale. Deux journalistes français, de RFI, ont été kidnappés et assassinés dans le Nord-Mali, à Kidal, le samedi précédent. Quelques "dérapés" de droite moquent la prise de risque. On pourrait vomir. D'autres raillent l'échec de Hollande au Mali. On devrait sévir.
Mardi, on s'étouffe, on rigole, on s'étonne. Une chaîne de la TNT juge publicitairement profitable de diffuser un faux-documentaire sur les dernières semaines de la campagne ratée de Nicolas Sarkozy. Opération séduction, "campagne intime", il fallait révéler, un peu plus d'une heure durant, que Sarkozy était un chic gars qui transpire pour la France. Quelque 94% des télespectateurs préférèrent autre chose ce soir à la télévision. Nicolas Sarkozy n'était donc plus qu'un objet de téléréalité, une chose de voyeurisme télévisuel, sans fonds aucun.
La crise secoue encore la Bretagne. Un maire divers gauche, fondateur des Vieilles Charrues, joue à Simon Bolivar version schizophrène: il fustige l'Etat central mais crie à l'aide; il déteste l'Europe mais refuse que l'UE retirer ses subventions à l'export. A Quimper, les Bonnets Rouges ont rassemblé quelque 30.000 personnes. L'aréopage était hétéroclite: des Bretons mécontents, quelques frontistes, des salariés menacés, des identitaires xénophobes, des agro-industriels, et même ... Philippe Poutou du NPA... On attend le programme commun. Le préfet de région enchaîne les rencontres dans la semaine. Mardi soir, Christian Troadec, maire de Carhaix lance un ultimatum, le gouvernement aurait une douzaine d'heures pour retirer l'eco-taxe de Bretagne, rien que ça. Mercredi, il ne se passe rien, jolie fin de non-recevoir. Cette eco-taxe fonctionne bien en Suisse ou en Allemagne. Troadec ne comprend pas.
Vendredi, Stéphane Le Fol, ministre de l'agriculture, vient annoncer un milliard d'euros d'investissement. Le maire de Carhaix, râle que ce milliard ne serait que des crédits déjà votés. Il est jaloux des 3 milliards annoncés pour Marseille le même jour par Jean-Marc Ayrault pour les transports, la rénovation urbaine, l'éducation et la police. A Marseille, le maire UMP Gaudin râle justement que ces 3 milliards ne seraient que des crédits déjà votés. La campagne municipale a débuté.
Coïncidence des râles... 
Jean-Luc Mélenchon, toujours énervé contre un PCF qui lui préfère l'alliance municipale avec les socialistes dans quelques villes dont Paris, avance l'idée d'une "marche pour la révolution fiscale". Laquelle ? Celle des bonnets rouges ? Non, Mélenchon est pour l'éco-taxe. Mais il fustige une hausse de TVA qui pourtant semble sans effet. Partout dans l'euro-zone, on craint plutôt la déflation. Un monde à l'envers que Mélenchon n'a donc pas vu venir. Mais il voudrait un Grand Soir. Les prochaines élections révèleront son poids politique.
A Bruxelles, la Commission révise à la baisse la prévision de croissance de l'euro-zone, +1,1% l'an prochain. Trop peu, trop faible, trop fragile. Bernard Cazeneuve, ministre du Budget, annule 3 milliards d'euros de crédits 2013 car les rentrées fiscales ne sont pas à la hauteur. Une agence de notation retire un "morceau" de note, à AA. Arnaud Montebourg est cinglant: "Nous considérons que les agences de notation n'ont aucune crédibilité."
La crise frappe l'ancien cloaque sarkozyste. Carla a beau briller dans quelques pages de pub pour les bijoux Bulgari, on retient que le couple Balkany fait désormais et enfin l'objet d'une enquête pour blanchiment de fraude fiscale.  Jeudi, Brice Hortefeux passait au tribunal, ce jeudi. Et pas pour rien, d'anciennes menaces. Quand il était ministre de l'intérieur de l'ancien monarque, il avait promis de "fracasser" l'avocat des familles des victimes de l'attentat de Karachi.
Pire encore, l'affaire bretonne se retourne contre ses promoteurs UMPistes. Le parquet de Nanterre ouvre une enquête sur les conditions d'attribution du contrat liant l'Etat à la société Ecomouv, celle-même qui devait collecter l'écotaxe contre 25% de commission de gestion. Nathalie Kosciusko-Morizet, cette candidate importée à Paris, était la ministre qui signa l'affaire qui scandalise aujourd'hui jusqu'à Jean-François Copé.
Boum.
La crise secoue la France. On re-découvre que les plans sociaux déboulent en cascade. En Bretagne, mais aussi ailleurs. Le Monde titre sur ces 1000 plans qui dévastent le pays. Un cabinet d'études indique que "la France retrouve le niveau de défaillances d'entreprises atteint en 2009", 12.790 entreprises en dépôt de bilan au troisième trimestre 2013, rien que ça. Et pourtant... les commissaires du redressement productif (sic!) bossent dur. 140.000 emplois sauvés en un an. Mais la presse titrera sur FagorBrandt, 850 millions d'endettement, en sous-production notoire.
La crise secoue l'Elysée. François Hollande réalise le danger. Il perçoit, nous explique-t-on, le danger d'une coagulation générale des indignations. Sa stratégie du petit pas, du "déminage permanent", a finalement heurté tout le monde, et désolidariser progressivement son propre camp.  
Plus personne ne se sent à l'abri. La lutte d'une classe contre les autres n'est un concept, mais une réalité. La moitié des salariés français touche moins de 1.712 euros par mois, mai quelques patrons de clubs de foot vont faire grève à cause d'une taxe sur les gros cachets de leurs vedettes du ballon rond... Le Secours Catholique, d'après son rapport annuel publié jeudi, a rencontré près de 1,4 million de personnes en 2012, pour en accueillir 670.000. D'après le gouvernement, le nombre de bénéficiaires du RSA devrait bondir de 11% en 2014, pour un coût de 1,7 milliard, en hausse de 72 millions. Et ce ne sont pas les emplois d'avenir lancés il y a un an pour les jeunes en difficulté, qui suffisent à affirmer un cap social. Quelque 75.000 contrats ont pourtant été signés à fin octobre, sur les 100.000 prévus cette année, à 88% dans le secteur non-marchand.
A défaut de satisfaire tout le monde, il aurait fallu en contenter certains énormément, ou fixer quelques caps symboliques et décisifs. Or ce n'est pas le cas. La récente loi de financement de la Sécu est exemplaire de cet éparpillement politique illisible: Taxe Red Bull, relèvement (modeste) des cotisations RSI et sur l'épargne, hausse (modeste) des taxes sur certains contrats d'assurance; plafonnement des remboursements de lunettes par les mutuelles; etc. Et au final, on retient que le déficit de la Sécu ne sera pas résorbé d'ici la fin du quinquennat...
La crise explique le développement d'une intolérance générale, qui va parfois jusqu'au racisme affiché. Mercredi, l'hommage est fort, mercredi, dans l'hémicycle de l'Assemblée, à l'égard de Christiane Taubira, cible expiatoire de tous les "dérapés" de la parole décomplexée. Mais l'hommage est incomplet: les députés UMP n'y participent pas. Et à gauche, d'aucuns critiquent qu'Hollande aurait pu signifier son soutien plus tôt.

Cette France de la Toussaint 2013 est ainsi étrange. Chaque jour qui passe nous révèle ses craquements. L'hommage national à la fin d'une immense boucherie - la guerre de 1914-1918, aurait pu être un instant de rassemblement.
Mais une part croissante de ses habitants ne veut plus vivre ensemble. Ces sécessionnistes qui parfois s'ignorent sont partout. A l'extrême droite bien sûr, dont la quête et le discours historiques sont de "purger" la France de tout élément jugé étrange et "donc" étranger; à droite aussi, où le droit du sol désormais hérisse la direction de l'UMP; à gauche également, où le discours violent, qu'on justifiait avant par la rage de la déception, a tranquillement glissé vers l'instrumentalisation des "boucs-émissaires" en tous genres. Dans une presse, enfin, qui surenchérit sur ses propres surenchères à coup de "unes" clivantes.
Cette radicalisation généralisée pose une question: qui a encore envie de vivre ensemble ?
Ah si, justement, les centristes. Mardi, François Bayrou et Jean-Louis Borloo se sont publiquement réconciliés devant journalistes et caméras.
On est rassuré.
Crédit illustration: DoZone Parody

Retour à La Une de Logo Paperblog