Hier soir, la petite bande était prête à affronter les embouteillages pour rejoindre – merci le GPS - la salle communale de Limay (78) où avait lieu le coup d’envoi de Blues sur Seine, la célèbre manifestation annuelle qui fait la part belle à cette musique.
La soirée débute par une chorale scolaire de petits gamins venus nous montrer le résultat de leur travail après trois mois d’efforts. Ce fut court, ce fut suffisant. Et ça donnait le ton pour ce qu’on pourrait appeler une soirée musico-rurale populaire avec des gosses qui coururent dans les allées durant toute la durée des concerts et des spectateurs en majorité ou presque, faits de parents des dits-mômes.
La première partie est assurée par Manu Lanvin & The Devil Blues. Le Lanvin (fils de) est guitariste, chanteur, compositeur tandis que les Devil Blues sont batteur et contrebassiste. Après une introduction à la lap-steel guitar par Manu Lanvin, le trio déroule son set avec des titres tirés de son dernier album comme Mauvais casting, Sur la route Sixty one, un clin d’œil ironique à Bertrand Cantat (Don’t Beat A Woman), un hommage à Calvin Russel (My Good Old Friend) et un medley final de reprises enchaînant Baby Please Don’t Go et Got My Mojo Working. Une prestation honorable, tendance blues boogie, avec un Manu Lanvin pas avare d’efforts (un peu trop d’ailleurs) pour subjuguer son public, chanteur rappelant Bill Deraime parfois. Par contre, la formule du trio m’a paru étriquée, un clavier sûrement et un guitariste supplémentaire pourquoi pas, donneraient certainement plus d’allure à l’ensemble. Peu mieux faire donc.
Le temps de dégager le matériel encombrant la scène et ce sont des chants indiens lancinants (réf. L’album Lost territories) qui annoncent l’entrée en scène de Little Bob Blues Bastards. Je connais Little Bob depuis…. toujours, et s’il a vieilli comme nous tous, un peu moins rondouillard et le visage fripé lui donnant des airs de grand-mère, il conserve cette énergie, cette simplicité et cette honnêteté artistique qui en font le meilleur représentant du rock en France. Ce soir encore, devant un public clairsemé et quasi familial assez éloigné d’un Elysée Montmartre ou d’une Cigale bondé comme je l’ai vu dans le passé, il n’a pas mégoté son plaisir qui instantanément est devenu le notre.
Entouré de Gilles Mallet (guitare), Bertrand Couloume (contrebasse), Jérémie Piazza, « fils de mon frère » annonce petit Bob (batterie) et Mickey Blow (harmonica), le gang attaque avec Lights Of Town, un duo voix/guitare, avant de rentrer dans le vif du sujet avec True Love un rock’ n roll qui dégage suivi d’un blues, I Feel So Good de J.B. Lenoir. Le concert reprendra la quasi intégralité de leur dernier album, aussi bien les reprises Run You Off The Hill (Aynsley Dunbar Retaliation), Evil (Willie Dixon), Circumstances (Captain Beefheart), I Wanna Be Free (Joe Tex), Who’s Been Talking (Howlin’Wolf) que les compositions de Little Bob, Break Down The Wall qui casse la baraque comme son nom le laisse penser ou bien Mean Game.
La fin du concert propage une belle énergie dans la salle, Phone Call et l’incontournable Riot In Toulouse, même si ce soir la version fut loin d’être ce brûlot incandescent de naguère. Les rappels alignent Rain Song, Heartbreak Hotel et autre Lucille entre autre.
J’en retiens l’impressionnante prestation du contrebassiste au son énorme, une légère déception au niveau guitare, Gilles Mallet se positionnant plus comme un second guitariste épaulant l’harmoniciste, pour le dire clairement, ça manquait de solos de guitare. Mickey Blow est un énorme musicien mais il n’était pas aussi bien servi par le réglage de la sonorisation qu’il l’aurait mérité. Quant à Little Bob, sa voix est toujours puissante et son aisance sur scène lui permet de se sortir sans peine d’un plantage en début de morceau sans pénaliser le spectacle.
Une bonne soirée de rock comme on les aime et dont on ressort avec de l’énergie et de la bonne humeur. Une si belle compagnie ne pouvait en rester là, aussi pour terminer en beauté, un petit mâchon nocturne autour de charcuteries et fromages avec un (Heu ?) verre de Bergerac en revisitant nos souvenirs musicaux s’imposait. Il en fut fait comme il est dit.