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Critique Ciné : Quai d'Orsay, pimpante comédie politique

Publié le 09 novembre 2013 par Delromainzika @cabreakingnews

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Quai d’Orsay // De Bertrand Tavernier. Avec Thierry Lhermitte, Raphaël Personnaz et Niels Arestrup.


Je dois avouer que je n’attendais pas du tout Bertrand Tavernier dans le registre de la comédie ici. Malgré tout, on retrouve le réalisateur au travers du thème abordé : la politique et plus particulièrement celle des affaires étrangères. Le film explose à tous les coins, sans jamais réellement fléchir. Alors certes, le début est parfois un peu longuet mais globalement il y a un sens du rythme loin du manichéisme des comédies actuelles. L’énergie résonne au travers des personnages et notamment de notre ministre Alexandre ou encore de la musique toujours là pour rythmé une apparition ou une scène qui est sensé faire date dans le film. Adapté de la bande dessinée de Abel Lanzac et Christophe Blain, Quai d’Orsay tente de transposer au cinéma quelque chose de vivant et de particulièrement intéressant. La manière dont le film s’articule est plutôt jouissive, notamment car l’histoire fonctionne de bout en bout, mélangeant références littéraires et citations de mots pas toujours sensés. Mais c’est justement ce gloubiboulga pas toujours très lisible qui rend le tout encore plus fou et drôle. Car Alexandre, aussi étrange soit-il, reste un personnage réellement amusant.
Alexandre Taillard de Worms est grand, magnifique, un homme plein de panache qui plait aux femmes et est accessoirement ministre des Affaires Étrangères du pays des Lumières : la France. Sa crinière argentée posée sur son corps d’athlète légèrement halé est partout, de la tribune des Nations Unies à New-York jusque dans la poudrière de l’Oubanga. Là, il y apostrophe les puissants et invoque les plus grands esprits afin de ramener la paix, calmer les nerveux de la gâchette et justifier son aura de futur prix Nobel de la paix cosmique. Alexandre Taillard de Vorms est un esprit puissant, guerroyant avec l’appui de la Sainte Trinité des concepts diplomatiques : légitimité, lucidité et efficacité.
Dans Quai d’Orsay nous avons donc une histoire plutôt simpliste : celle d’un discours qu’il va falloir écrire et réécrire afin que le ministre démontrer aux Nations Unies qu’il n’est pas là pour plaisanter mais bel et un bien un homme de dialogue qui sait imposer ses choix. Thierry Lhermitte que l’on a connu dans tout un tas d’autres rôles, pas toujours très judicieux (Ca se soigne est certainement l’un de ses pires derniers rôles au cinéma) est ici jubilatoire. L’acteur offre au film une vraie énergie et pas seulement en claquant des portes et en faisant voler des feuilles de papier. Je dois avouer que je ne m’attendais pas du tout à ce qu’il soit un aussi bon chef d’orchestre dans cette comédie étrange mais piquante. Le film souligne tout un tas de très bonnes et belles choses, notamment au travers de ses personnages secondaires (Maupas ou encore le conseiller au Moyen Orient en passant par cette petite chanson grivoise particulièrement drôle malgré sa lourdeur). Quai d’Orsay est la preuve que l’on peut faire de bonnes comédies en France, inspirées et surtout intelligentes.
Le film évite alors la niaiserie ou encore l’humour de comptoir pour délivrer quelque chose qui ne cherche ni à rendre le spectateur ignare ou encore sans pouvoir rire. Quai d’Orsay est donc une petite réussite comme l’on en fait encore peu dans le cinéma français. Cela permet de sortir des carcans du genre et de s’ouvrir à quelque chose d’assez nouveau. Et puis Niels Arestrup est tout simplement jouissif lui aussi dans ce rôle de directeur de cabinet qui doit toujours être là pour réparer les problèmes étant donné qu’Alexandre est un incapable (c’est en tout cas ce qui ressort de ce film alors que le ministre préfère rencontrer le Prix Nobel de littérature - incarné avec brio par Jane Birkin - plutôt que de faire un déjeuner afin de régler des conflits aux quatre coins du monde). Bertrand Tavernier séduit également par son coup de crayon, lui aussi jouissif. Cela permet de découvrir une nouvelle manière de faire de la comédie tout aussi intéressante. Je ne pouvais pas rêver mieux (et je n’en attendais pas mieux de la part Bertrand Tavernier).
Note : 7.5/10. En bref, une solide comédie française pimpante et énergique.


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