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Programme de recherche international IDCR/SOWER

Publié le 07 mai 2008 par Isanatori

Programme de recherche international IDCR/SOWERJ’ai précédemment évoqué le départ d’un bateau japonais, le Shônan-maru No.2 du port de Fremantle (Australie) en décembre dernier pour conduire un programme de recherche sur les cétacés de la CBI. Il me semble nécessaire de préciser un peu en quoi ce programme consiste et quelle est son importance dans les travaux de la Commission baleinière internationale.
En 1972, les Etats-Unis ayant réussi à faire passer une résolution de moratoire de 10 ans sur la chasse à la baleine lors de la Conférence des Nations Unies sur l'environnement à Stockholm, ils ont fait pour la première fois la même proposition lors de la réunion plénière de la CBI. Toutefois, le comité scientifique de la Commission baleinière internationale a alors jugé que cette proposition de moratoire n’était pas justifié scientifiquement et a donc plutôt recommandé que les pays membres coopèrent à un programme de recherche intensive sur les cétacés de dix ans. La proposition américaine de moratoire fut par conséquent rejetée par la CBI et des discussions quant à un plan de recherche commencèrent.
Cette période correspond également avec le début de la chasse des rorquals de Minke dans l’Océan du Sud par le Japon (1971/1972) et l’URSS (1972/1973). Il est donc normal que cette espèce, dont les populations n’étaient pas bien connues, se soit retrouvée au centre des discussions. Prenant ces problématiques en considération, le scientifique américain P. B. Best a mis au point un programme de recherche international lors de la réunion de la CBI en 1978. Ce programme fut nommé IDCR (International Decade for Cetacean Research) et soutenu par le gouvernement du Japon.
Programme recherche international IDCR/SOWERLe programme IDCR consiste principalement à observer les baleines rencontrées par des navires baleiniers (sans canon lance-harpon) mis à la disposition de la CBI par le Japon (et l’URSS entre 1980/81 et 1986/87) afin d’en évaluer le nombre. Les croisières ont lieu durant l’été austral et successivement dans l’une des six zones définies par la CBI autour du continent antarctique (voir image), en dessous du 60e parallèle Sud. Il faut donc six ans pour en faire le tour, c’est-à-dire pour compléter une croisière circumpolaire (CP). A bord de chaque navire se trouvent l’équipage du pays d’origine et une équipe internationale de chercheurs.
Le programme IDCR a débuté en 1978/1979 et a été renommé programme SOWER (Southern Ocean Whale and Ecosystem Research) en 1996, incluant de nouveaux éléments dont notamment l’observation des baleines bleues. Trois croisières circumpolaires ont déjà été effectuées : CPI (1978/1979 – 1983/1984), CPII (1985/1986 – 1990/1991) et CPIII (1991/1992 – 2004/2005). En 1990, le comité scientifique de la CBI a calculé une estimation des populations de rorquals de Minke dans l’hémisphère sud sur la base des résultats des observations faites lors de l’IDCR/SOWER. L’estimation approximative était d’environ 761.000 animaux (entre 510.000 et 1.140.000 avec un taux de confiance de 95%).
Cependant, comme je l’ai évoqué lors de mon compte-rendu des débats de la 58e réunion plénière de la CBI, le comité scientifique a trouvé une grande différence entre les estimations basées sur la première et la seconde croisières circumpolaires d’une part, et la troisième croisière d’autre part. Les estimations obtenues en combinant deux méthodes de calcul sont respectivement 594.000 (CPI), 769.000 (CPII) et 362.000 (CPIII). Il faut également prendre en compte le fait que les navires du programme IDCR/SOWER ne vont pas au nord du 60e parallèle Sud et ne peuvent pas accéder aux zones au-delà de la banquise autour du continent antarctique. Les observations sont donc négativement biaisée.
Après avoir beaucoup travaillé sur les raisons de cette différence, le comité scientifique de la CBI devrait donner de nouvelles estimations pour les populations de rorquals de Minke antarctiques dans l’hémisphère sud lors de la prochaine réunion si l’on en croit les récentes déclarations d’un quotidien australien. Les opposants déclareront sans doute que le rorqual de Minke antarctique est menacé, mais il ne s’agit aucunement d’une diminution brutale du nombre d’animaux.
En fait, ces écarts montrent une chose. Le programme IDCR/SOWER basé principalement sur l’observation des cétacés ne suffit pas à donner une vision précise de l’état des stocks de baleines. Les programmes japonais JARPA2 (Antarctique) et JARPN2 (Pacifique nord-ouest) permettent d’obtenir bien plus de paramètres biologiques sur les cétacés. A noter que le Japon contribue grandement à la recherche sur les cétacés par le biais des programmes IDCR/SOWER, JARPA2 et JARPN2.


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