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Le monde de demain

Publié le 12 novembre 2013 par Rolandbosquet
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   Nos écrans de télévision nous ont abreuvés de commémorations, de rappels de hauts faits militaires et d’énumérations impitoyables des morts provoquées par la Grande Boucherie du début du siècle dernier. Mais cela relève à présent de l’Histoire. Ces chiffres sont inimaginables parce qu’ils sont au-delà de l’entendement. Je crains que les jeunes d’aujourd’hui n’y soient guère plus sensibles qu’au massacre d’Oradour sur Glane par exemple. Quand ils ne reprochent pas à leurs arrière-grands-parents d’avoir permis et accepté ces carnages, ils n’y voient plus que des abstractions, des images désincarnées du passé, tout aussi floues que celles du Moyen-âge que leurs offrent leurs livres scolaires. Bien plus présentes pour eux sont celles qui proviennent en ce moment des Philippines. Tempêtes d’apocalypses, villes et villages ravagés, maisons détruites, routes coupées, milliers de cadavres gisants dans les décombres et milliers de survivants errant, hagards et perdus, au milieu des misérables ruines de leurs vies. Images de désolation parfois filmées avec complaisance et diffusées avec empressement pour bien montrer que les "envoyés spéciaux" sont bien sur le terrain et qu’ils portent témoignage. La compassion entre dans les foyers. Les associations font appel aux dons. On promet la main sur le cœur qu’ils iront bien aux destinataires qui en ont réellement besoin. Sans soucis de compétition mais avec celui d’efficacité. Et dans le confort de nos appartements et de nos maisons, nous souffrons nous aussi avec empathie. Et nous nous réjouissons à la fois d’être à l’abri de telles calamités. La vie est dure, parfois, sous nos latitudes mais au moins ces souffrances là nous sont-elles épargnées. Que fera-t-on, cette après-midi ? Ira-t-on au parc, nous promener en forêt, à la plage ? Justement, la clémence du climat nous octroie quelques jours de répit avant grands froids d’hiver. Profitons du soleil, de la tiédeur de l’air et de la douceur de vivre. Pour conclure son journal d’information, l’animatrice nous montre d’ailleurs une famille s’ébattant sur le sable avec pelle et râteau. Le chien court dans les vagues et à l’horizon brille une mer étale presque aussi bleue que le ciel. Jouissons de l’instant présent. Rejetons ces dérangeants spectacles du bout du monde qui, tout compte fait, ne nous concernent pas. Et pourtant si, ils nous concernent. Les cassandres ne manquent pas de jouer les rabats joie. La nature est seule maîtresse sur notre planète et nous l’avons oublié. Par notre insatiable appât du gain, par notre soif de bien-être, même bien compréhensible en soi, ou par notre simple inconscience, nous y jetons le désordre. Rien ne dit, comme l’affirment les prévisionnistes, que nous ne connaîtrons pas ces calamités demain ou après-demain. Ces "dérèglements", comme ils disent, nous guettent tous. A des échelles plus ou moins diverses, certes, mais ils sont à nos portes. Au moins à celles de ces enfants qui s’émerveillent encore d’un ciel sans nuages traversé par les pittoresques vols de grues et d’oies sauvages en route pour les terres du sud. Qu’en sera-t-il de l’avenir ? Qu’en sera-t-il pour eux ? Que faisons-nous aujourd’hui pour le leur préserver ? Le monde d’aujourd’hui ne tourne déjà pas bien rond. Comment tournera celui de demain ? 


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