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Le 17 novembre prochain s’ouvrira le salon aéronautique de Dubaď et ce matin, dans un communiqué, Airbus annonce que les A318 et A319 Ť ACJ ť seront présents sur le plateau… Cela est évidemment purement stratégique de la part du constructeur et de sa filiale.
Ť ACJ ť ou Ť Airbus Corporate Jets ť : derričre cet acronyme tribal se cache ce qui se fait de mieux en matičre de luxe aérien et bien évidemment, pour de telles machines, le salon de Dubaď est Ť the place to be ť. Montez ŕ bord et suivez moi, je vous propose une visite guidée…
Comme le titre cette chronique, les ACJ sont de vrais palaces qui n’ont rien ŕ envier aux suites les plus luxueuses des grands hôtels. La prestation est de toute maničre inégalable puisqu’un hôtel, męme 5 étoiles, ne peut généralement pas effectuer un Paris-New York…
Basée ŕ Toulouse sur le site Airbus dont elle est une filiale, la société ACJ peut relooker tous les appareils du constructeur européen : A320, A330, A340, A350 et męme le super-jumbo A380. S’il n’y a bien que le Cargo Beluga et l’A400M qui échappent ŕ cette rčgle, les exigences de certains clients sont telles, qu’on pourrait presque se demander si ACJ n’accueillera pas un jour, un de ces deux avions dans ses ateliers…
ACJ ne fait pas dans la demi-mesure et vise une clientčle trčs particuličre telle que les gouvernements, les grosses multinationales ou encore les milliardaires.
Champagne, caviar, verrines de cocktail, petits fours : dčs votre accčs ŕ bord, le personnel de cabine vous reçoit avec les plus grands égards.
Vous traversez ensuite un couloir flanqué du logo ACJ dont les parois constituées de luxueuses boiseries, comptent plus de 10 couches de vernis… de vrais miroirs !
Une fois dans le salon, tout est étudié pour vous en mettre plein les yeux : des lampes griffées Ť Baccarat ť, conçues en cristal et en fibre de carbone, imitent ŕ la perfection la lumičre du soleil. Les tables au design ultra-léché subliment une salle aux parois en verre, dont l’opacité peut varier pour plus d’intimité et qui peuvent męme diffuser de la musique.
Au niveau des sičges, l’habituelle Ť Business Class ť rencontrée ŕ bord de nombreux d’avions, fait presque Ť cheap ť ŕ côté des véritables fauteuils qui feraient pâlir d’envie un Premier ministre et dont le design a été confié ŕ Charles Eames, une référence en la matičre.
Côté média, outre de splendides home-cinémas, systčmes audio dernier-cri – dont la puissance peut transformer votre cabine en salle de concert – les riches veinards peuvent disposer d’équipements de communication high-tech, notamment d’un systčme de transmission de données cryptées, forcément trčs prisé par les gouvernements.
A l’heure du déjeuner, les cartes de menu frôlent la perfection en proposant ce qu’il y a de meilleur. Qui plus est, les produits frais peuvent ętre directement cuisinés ŕ bord, par un authentique cuistot…
Un p’tit coup de fatigue ? Pas de problčme, ACJ a tout prévu : une ou plusieurs chambres parfaitement insonorisées accueilleront les pauvres businessmen surmenés qui s’allongeront sur de larges lits, tout en contemplant les nuages…
Oui, dans les Airbus ACJ le luxe est poussé ŕ l’extręme, mais ce n’est pas tout… Car en partant d’une base prédéfinie, chaque appareil est personnalisable ŕ souhaits et chaque modčle préconçu vise une clientčle précise. Par exemple, l’aménagement de cabine aux tons rouge et or, baptisé Ť Phoenix ť et dont le trčs large espace central est doté d’une grande table ronde, est une configuration trčs appréciée par les grandes sociétés asiatiques.
Plus surprenant encore, les VIP ont parfois des idées délirantes : ainsi, Benoît Defforge, PDG d’ACJ, se rappelle qu’un client avait exigé que tout l’intérieur de son avion – portes comprises – soit recouvert de petits carreaux ŕ l’intérieur desquels, des pierres précieuses et semi-précieuses y étaient serties…
Autres demandes excentriques : un lustre en cristal de 200 kilos, un jacuzzi, une salle de pričre dont les tapis s’orientent automatiquement vers la Mecque, une piste de bowling ou encore un espace pour la Ferrari, sont autant de possibilités qu’ACJ peut mettre en œuvre.
Malheureusement, la vie est injuste pour les milliardaires car il y a des limites ŕ tout. En effet, certaines idées flirtent parfois dangereusement avec les rčgles de sécurité. Ainsi, un industriel Chinois souhaitait qu’une partie du plancher de son Airbus soit transformé en un immense hublot, afin qu’il puisse Ť prendre des photographies en vol ť… A cause des contraintes évidentes qu’un tel aménagement aurait exercé sur la structure de l’appareil, et malgré un portefeuille fort bien garni, ACJ avait dű refuser la demande…
Pour ces appareils il est trčs compliqué – pour ne pas dire impossible – de donner un prix précis. Par exemple, Thierry Kauffer, PDG de PMV, une entreprise de sellerie spécialisée dans l’aménagement de cabines d’avion, explique que le prix d’un seul fauteuil peut varier entre 8 000 et 35 000 euros… Le prix d’une trčs bonne voiture !
La seule référence dont nous disposons est le fameux Airbus A330, affectueusement baptisé Ť Sarko One ť par les détracteurs de l’ancien Président, qui fut également relooké par ACJ : l’avion présidentiel avait coűté la bagatelle de 180 millions d’euros… dont 90 millions en aménagement intérieur !
Bastien Otelli – AeroMorning