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Interview : L’artiste Gricha Rosov nous fait découvrir de l’intérieur l’Art Outsider

Par Youscribe @youscribe_fr
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Une brève présentation pour nos lecteurs.

Tout d’abord merci de m’offrir votre tribune pour présenter, au delà de mes activités artistiques, l’art Outsider à un large public, ce que je m’efforce de faire à travers mes sites internet notamment. Je me qualifierais, sans employer le terme artiste, de dessinateur et de peintre autodidacte et je m’amuse beaucoup à donner libre cours à mon imagination dans mes créations. Je ne souhaite pas me spécialiser dans une catégorie ou un thème de représentations en particulier (paysages, nature morte, abstrait, etc.), ce que je considérerais comme une entrave à ma  liberté de créer, même si j’ai quelques thèmes de prédilection.

Vous êtes un partisan de l’art Outsider. Pouvez revenir sur cette notion peu connue du grand public ?

Le terme « Partisan » est tout à fait exact mais je pense que celui de  « propagateur » et pourquoi pas de « prosélyte «  (rire) de l’art outsider définirait davantage le sens de ma démarche.
J’ai découvert cette forme particulière d’expression artistique par hasard, alors que je dessinais et peignais presque honteusement, à l’abri des regards critiques et effacé sous le poids de certaines œuvres d’art contemporaines et plus classiques dont la magnificence place très haut le seuil à partir duquel l’on peut, selon moi, se considérer « Artiste ».
Je connaissais déjà  l’art brut, l’art singulier ou encore la figuration libre mais, éprouvant quelques difficultés à m’identifier pleinement à ces mouvements artistiques caractérisés par des particularités que sont l’isolement, le handicap, la folie, la marginalité ou le déni artistique, je cherchais à m’identifier à un éventuel mouvement artistique qui correspondrait à mon travail. C’est aux Etats-Unis que j’ai découvert l’Outsider Art, dont la définition m’apparaissait assez proche de ma démarche et qui fait de plus en plus d’adeptes.

Le terme « Outsider », désigne celui qui est « étranger », celui qui « se trouve au dehors ». Ainsi, par extension, l’on peut qualifier de créations de l’art Outsider les peintures, dessins, sculptures, assemblages, collages, constructions, jardins et autres installations extérieures réalisées par des personnes qui sont étrangères aux milieux et aux codes artistiques, qui ont peu ou pas de formation artistique académique ou qui s’en libèrent volontairement pour créer des œuvres d’art sans tenir compte des codes, des canons artistiques, de l’évolution du monde de l’art, du marché de l’art ou des règles de base que l’on enseigne en école des Beaux-arts par exemple.
Ce sont très souvent des gens qui font de l’art pour eux-mêmes ou pour leur communauté immédiate, sans forcement se reconnaître la qualité d’artiste jusqu’à ce qu’une tierce personne, voire plusieurs, parvienne à les convaincre que ce qu’ils font peut être considéré comme de l’art.
Par ailleurs, de plus en plus d’artistes ayant reçu une formation artistique académique sont identifiés ou se revendiquent eux même comme étant des artistes Outsider, prenant de grandes libertés avec les canons artistiques et les règles de l’art.  N’hésitant pas à utiliser les réseaux sociaux et les NTIC pour se faire connaitre, ces artistes peuvent être qualifiés, ou d’ailleurs se qualifier eux-même, puisque c’est de cela dont il s’agit, de Néo Outsider.

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Vous avez publié des documents pédagogiques tels que le Petit dictionnaire des Beaux-Arts et de la Peinture. Entre les milieux élitistes et les méthodes scolaires très académiques, pensez-vous qu’il faille sensibiliser autrement les gens aux domaines artistiques ?

A l’origine, ce petit dictionnaire n’avait pas vocation à être publié puisqu’il s’agissait d’une compilation des définitions que j’avais réalisées pour mon usage personnel. Mais j’ai pensé qu’avec une mise en page et l’ajout d’autres définitions de termes artistiques, je pouvais en faire un document diffusable dans le but de proposer un outil pédagogique relativement accessible et gratuit.
Vous faites bien de souligner qu’entre l’élitisme mondain des milieux artistiques et l’enseignement scolaire, parfois subi au même titre que d’autres matières enseignées à l’école, il existe un vide qui laisse peu de place à l’attrait pour les Arts.  Pourquoi ? Parce que beaucoup de gens pensent que la création artistique est innée et que son acquisition n’aboutira au mieux qu’a des réalisations amateures peut convaincantes et basées sur la copie d’œuvres ou de styles déjà connus. Et c’est là qu’intervient l’art outsider.
Devenir  un artiste Outsider intervient par la prise de conscience et l’acceptation que l’absence de connaissances artistiques académiques n’est pas un frein à la création.  Au-delà, l’artiste qui a fait les « Beaux-Arts » se donne la liberté d’entrer dans une nouvelle phase de créativité en se libérant des enseignements qu’il a reçus et peut donner une puissance esthétique, sensitive ou onirique à ses œuvres que le pré-formatage de ses gestes ne lui permettaient peut-être pas d’atteindre.
J’encourage tous celles et ceux qui ont un jour été attiré par l’art à prendre un crayon, un papier et se mettre à dessiner, à peindre, à sculpter ou à photographier dans la plus grande des libertés et  (presque) sans aucune limite. Ils seront surpris et surprendront par le résultat !
Selon moi, l’art outsider pourrait, dans un avenir proche, emporter un franc succès auprès du grand public en ce sens qu’il donne accès à la création et à la reconnaissance artistiques à tous, loin de l’idée que l’on peut se faire d’un monde de l’art élitiste fonctionnant en vase clos.

Je souhaite préciser que la prochaine version du dictionnaire sera amandée et sera illustrée par une centaine d’œuvres (peinture, dessin, sculpture, etc.) et je souhaite proposer a des artistes de leur réserver gratuitement quelques emplacements pour figurer à cette éditions 2014. Ils participeront à l’illustration du dictionnaire et cela peut être un vecteur non négligeable de publicité pour leur travail. Pour celles et ceux qui seraient intéressés, vous pouvez me contacter à [email protected].

L’art contemporain s’apparente de plus en plus à de la spéculation financière. Comment percevez-vous le paysage artistique actuel ?

En effet, comme le souligne ArtPrice dans son rapport sur le marché de l’art contemporain (2012-2013), la vente aux enchères d’œuvres contemporaines passe le seuil du milliard pour la première fois dans l’histoire du marché de l’art, avec une part importante du fait de la spéculation.
Et pourtant, force est de constater la persistance d’une relative incompréhension voire incrédulité du grand public face à des réalisations vendues plusieurs centaines de milliers d’euros. En effet, qui ne s’est jamais surpris à penser, devant ce qui est présenté comme une œuvre d’art, « j’aurais très bien pu le faire moi-même !», et de s’indigner devant la médiocrité de l’ouvrage, sa valeur affichée complètement farfelue et de s’amuser de la prose dithyrambique du commissaire d’exposition sur un objet usuel qu’il autoproclame « Œuvre d’Art » ?
Cependant, je perçois une évolution récente par l’ouverture du monde de l’art contemporain à des formes moins académiques d’expression artistiques : Outsider Art Fair en marge de la FIAC en octobre dernier, l’exposition de l’hôtel de ville de Paris consacrée à l’art brut, un reportage au J.T de TF1 sur l’art brut, etc…
Cette évolution de l’art contemporain sera je pense accompagnée par l’art outsider qui est encore méconnu en France et c’est pourtant une forme d’expression artistique qui devrait faire de nombreux adepte et pourquoi pas appeler l’attention des professionnels de l’art dans les années à venir.

Suivez l’actualité de Gricha Rosov sur YouScribe ainsi que sur son site internet.

Propos recueillis par Clément Mazurkiewicz

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