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La peur

Publié le 15 novembre 2013 par Alteroueb

La France a peur. Ce n’est pas Roger Gicquel qui le dit mais les préfets de la république dans une note confidentielle qui ne l’est déjà plus. Ainsi, pas seulement en Bretagne mais partout sur le territoire, il n’y aurait de manière «presque spontanée» que «crispation, exaspération et colère» : «la situation sociale laisse peu de place à l’optimisme», parlant même d’une possible «explosion sociale». Rien que cela…

Qu’il y ait un malaise dans la société française n’est pas vraiment une surprise. Mais ce n’est pas franchement nouveau non plus. Les signes de crispation, d’exaspération et de colère sont monnaie courante et occupent depuis longtemps une place centrale dans le quotidien au travers des difficultés comme le chômage, le coût de la vie et les diverses réformes et attaques des système de solidarité. Les chocs pétroliers des années 1970 et l’américanisation de l’économie ont sonné le grand départ du tourbillon néo-libéral avec toutes les conséquences qu’on connait.

Manifestation spontannée ? Ben voyons...
Cette évolution, si je puis dire, a produit des fortunes immuables : il n’y a qu’à observer dans la rue, les comportements, les gens, les voitures, les titres dans les journaux : les riches le sont de plus en plus, les pauvres aussi, et la classe moyenne l’est de moins en moins. L’ensemble des propos tenus pas les préfets ne résultent pas d’un fait précis, suffisamment grave et destructeur, mais d’une évolution naturelle d’un système économique qui agit lentement mais sûrement, à l’image de la fameuse allégorie de la grenouille. Rien de bien nouveau donc.

Les préfets semblent ainsi sentir l’eau chauffer autour d’eux. François Hollande est devenu clairement la cause de tous les maux et cristallise autour de lui toutes les critiques. Avec son gouvernement, il doit gérer une friche laissée par son prédécesseur et même au-delà : on ne retourne pas en quelques coups de bêche un champ aussi vaste, autant caillouteux. Confronté aux lobbys de toutes sortes, Hollande à reculé un peu sur tous les sujets, surtout ceux concernant les «possédants», et a déçu, même dans son camp. Et alors ? L’eau du bain est chaude depuis un moment. Sarkozy, pour sa part, y a mis un sérieux coup de lance-flamme en tenant chaque nouveau jour des propos plus qu’outranciers, divisant le pays en jetant à la vindicte populaire, le doigt tendu et le rictus aiguisé, telle ou telle catégorie de français, ou de moins français. Les préfets n’ont alors rien trouvé d’anormal dans le climat social alors que 3 millions de paires de jambes battaient le pavé la même journée lors du dépeçage des systèmes de retraites.

Aucun sondeur ne m’a jamais interrogé pour alimenter la côte de popularité de président Hollande. Et autour de moi, si le moral n’est guère brillant, je ne compte malgré tout que peu d’avis vraiment hostiles. Je ne suis donc pas le seul à penser que Hollande reste le seul rempart crédible face au mouvement libéral réformateur et dérégulateur généralisé. Il y une forme évidente de fatalisme, et même de désillusion face à la politique en général, parce que la chose publique a été entièrement phagocyté par la haute finance.

Peut-être qu’aussi, il y a le souvenir de ce qu’a été le quotidien sous un gouvernement de droite, avec sa vision très particulière du monde du travail dit moderne et décomplexé : imaginons un seul instant «TalonetteMan» au manche, de surcroît débarrassé de la nécessité ménager l’opinion pour la réélection… Le peuple de gauche oublie un peu vite à quoi il a échappé.

D’ailleurs, le seul fait de l’évoquer me fait frissonner, de peur, mais certainement plus de rage. Rappelons nous bien d’où l’on revient.


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