La nouvelle création de la Balsamine porte un titre pour le moins original : J’ai enduré vos discours et j’ai l’oreille en feu. Tirée de La tragédie de la vengeance, texte élisabéthain du 17ème siècle dont l’auteur n’est pas vraiment connu, il s’agit de la réplique bien sentie de Castiza à sa mère, quand cette dernière veut la convaincre de céder ses charmes au premier venu. Quand à son frère Vendice, personnage central de la tragédie, il rumine depuis neuf ans la mort de sa fiancée, qui se serait empoisonnée après avoir été violée par le duc. Mais voici que l’heure de la vengeance semble enfin avoir sonné…
J’ai enduré vos discours… est à la fois une réécriture libre du texte original et le fruit de la recherche théâtrale mené par les cinq comédiens. L’idée ? Partir de la tragédie élisabéthaine pour faire le lien avec notre époque, tout en s’interrogeant sur la manière de raconter une histoire aujourd’hui. Sur scène, l’effet obtenu est mitigé. Si visuellement la pièce regorge de trouvailles intéressantes, les interventions des comédiens, partagés entre l’histoire qu’ils racontent et ce qu’elle leur évoque, manquent trop souvent de contenu. De plus, leur tendance à prendre le public à partie pour faire de l’humour facile est insupportable. Pourquoi ne pas assumer les deux thèmes, tragédie et vengeance, jusqu’au bout et dans toute leur noirceur ? Certaines scènes, à la fois sombres et poétiques, dégagent une véritable magie. Et puis un jeu de mot douteux (par exemple « vieux duc » et « viaduc » servi plusieurs fois d’affilée) vient rompre le charme. Dommage pour le potentiel du sujet et… pour les spectateurs !
J’ai enduré vos discours et j’ai l’oreille en feu, de Anne Thuot, texte de Caroline Lamarche.
A La Balsamine jusqu’au 16 novembre.
Avec Marie Bos, Alice Hubball, Francesco Italiano, Sara Sampelayo, Hervé Piron.
Photo © Hichem Dahes