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Biens et mals pensants

Publié le 15 novembre 2013 par Jlhuss

Biens et mals pensantsLes tristes abrutis qui osent comparer Madame Taubira à un singe ne méritent pas d’autre réponse que celle qu’Alexandre Dumas (le vrai, celui des Trois Mousquetaires) fit à un imbécile qui lui reprochait sa couleur : « C’est vrai Monsieur, mon père était un métis, mon grand-père était un noir et mon arrière grand père était un singe, vous voyez que ma famille commence où la vôtre finit. »  Voilà qui est dit et bien dit. Aussi, plutôt que de mal paraphraser le cher Alexandre en en rajoutant dans l’indignation, il me semble plus utile de poser la question de savoir comment on a pu en arriver là.

Car enfin, au cours de ces trente dernières années, la France s’est dotée de lois qui font du racisme un délit. On a modifié les programmes scolaires pour, a-t-on prétendu, éduquer la jeunesse à la diversité et au respect de l’autre. Journaux, radio et télés ont célébré à l’envi les vertus de l’ouverture au monde et du métissage. Et tout cela n’aurait servi à rien ?

La crise que nous traversons et le désespoir qu’elle engendre ne suffisent pas à expliquer le pourquoi d’une libération aussi brutale de l’expression des opinions racistes. Avant d’en appeler, justement, au rappel intransigeant des principes républicains, un éditorial du Monde suggère que le procès contre la « bien pensance » et le «politiquement correct » en tétanisant « les défenseurs des valeurs essentielles de la République » est à l’origine des dérives actuelles.

Le « quotidien de référence » n'a pas totalement tort et d'Eric Zemour en Jean-François Copé on peut trouver de nombreux exemples de dérapages. Cependant ce  journal qui est, avec Libération, l’organe officiel de la bien pensance et du politiquement correct  ferait bien de balayer devant sa porte. Faire la leçon au reste du monde ne suffit pas à s'exonérer, de toute responsabilité. Il ne suffit pas d'avoir de bons sentiments pour faire une bonne politique et les choses sont un peu plus compliquées que l'éditorialiste du Monde ne veut le faire croire. Il est, en effet, permis de s’interroger sur la responsabilité d’une mouvance, que sa supposée tétanie n'a jamais empêché d'agir. Ayant fait de l’antiracisme compulsif son fond de commerce, elle n'a cessé d'instruire, contre ceux qu’elle jugeait mal pensants et le politiquement incorrects, des procès qui n’ont pas peu contribué à brouiller les lignes.

Taxer Jean-Pierre Chevènement de pétainisme pour avoir prononcé le mot Nation, traiter de quasi hitlériens  ceux qui refusaient de voir bafouée la laïcité, ou, comme aujourd’hui le MRAP, traîner Manuel Valls devant les tribunaux pour incitation à la haine raciale, c’est banaliser à ce point l’idéologie qu’on prétend combattre qu’on la rend acceptable.

Si Manuel Valls qui est membre du PS pense vraiment comme Marine Le Pen. Si Jean-Pierre Chevènement qui fut ministre de François Mitterrand et de Lionel Jospin est pétainiste et si la directrice de la crêche Baby loup est en voie de nazification, on est en si bonne compagnie qu’il n’y a vraiment plus de raison d’avoir honte d’être raciste. C’est ainsi qu’en traquant la bête immonde partout où elle n’est pas, on en fait un épouvantail si inoffensif qu’il n’y a plus lieu de s’en méfier et qu'on peut même la rendre sympathique à des gens qui, sans cela, n'auraient jamais songé à s'en approcher. C’est alors que le malheur commence.

CHAMBOLLE


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