Le plan BB

L’ère Berlusconi 2.0 va bientôt initier. L’attaque médiatique frontale de Barbara Berlusconi contre la gestion de Galliani a provoqué un chaos jamais connu au sein de l’AC Milan. La coexistence de ces deux fortes personnalités semble être impossible. On se dirige tout droit vers une révolution historique avec des changements profonds à tous les niveaux du clubs. Lady B a les idées claires. Mais a-t-elle les épaules pour gérer Milan? Aura-t-elle la force et les compétences pour mettre en pratique ses idées théoriques? Coup d’oeil sur son plan…

GESTION POINTILLEUSE POUR DES FINANCES QUI RESPIRENT
Barbara Berlusconi (et son père) reprochent à Galliani une mauvaise gestion ces dernières années. Il est impensable que les comptes du club le plus riche d’Italie et un des plus riches d’Europe soient constamment dans le rouge. Avec un budget d’environ 250M / an, Galliani devrait être capable d’avoir les ressources pour acheter de bons joueurs et construire une équipe compétitive qui obtient des résultats. Ce n’est pas le cas, car il n’y a aucune programmation à long terme, pas de réseau d’observateurs et des affaires toujours basées sur les relations avec Preziosi ou des agents de joueurs proches de Galliani (notamment Raiola…) qui deviennent ses conseillers et talents scouts. Les méthodes de Galliani vieilles de 28 ans ne sont plus adaptées au football moderne ni à la nouvelle situation de Milan (l’argent ne coule plus à flot comme autrefois) et ne plaisent pas du tout à Barbara. C’est le moment de changer de stratégie.

Après trois ans à observer et apprendre, Lady B a décidé de s’imposer. Le temps est venu pour elle de mettre totalement en pratique ses nouvelles idées de développement, d’adapter la manière de travailler à la situation économique actuelle. Ses idées sont basées sur le système allemand et plus particulièrement celui du Bayern Munich. Des finances saines, grâce à des couts contenus (masse salariale moins élevée, équipe plus jeune et joueurs plus fonctionnels) et l’augmentation du chiffre d’affaires basé sur un marketing efficace et moderne ainsi que l’amélioration des structures du club. Le travail a déjà commencé. La masse salariale a fortement diminué, Milan utilise parfaitement bien les nouvelles technologies (réseaux sociaux etc.) dans sa communication. Et au niveau des structures, la société AC Milan a quitté Via Turati et a emménagé il y a quelques jours dans un tout nouveau bâtiment appelé « Casa Milan » où se situent les bureaux des dirigeants, des 120 employés de la société mais aussi la salle des trophées et un restaurant bientôt ouverts aux tifosi (en avril). Sans oublier la modernisation du stade San Siro d’ici 2015 (restaurant, musée etc.), toujours dans l’optique d’augmenter les revenus du club.

La diminution des couts et l’augmentation des revenus grâce à une bonne image et une communication efficace (qui attirent toujours plus de sponsors) ont déjà permis à Milan d’atteindre l’équilibre budgétaire structurel mais permettront bientôt de libérer des fonds à investir sur le mercato. Lady B aimerait aller encore plus loin et offrir à Milan son stade de propriété (que ce soit un San Siro modernisé ou un nouveau stade). Galliani a mis en pratique tous ces concepts mais n’a pas respecté toutes les consignes du président, surtout en ce qui concerne le recrutement d’uniquement des joueurs de moins de 23 ans. De plus, les Berlusconi considèrent que l’argent a été mal dépensé. Au niveau financier, les améliorations sont visibles, mais à quel prix au niveau sportif? La famille Berlusconi n’est pas satisfaite de l’équipe actuelle et ses (trop trop) nombreux joueurs (très très) moyens. Le président n’en peut plus de ce Milan qui joue mal et se fait piétiner par tout le monde. D’où cette volonté de changement profonds dans l’équipe des dirigeants, du staff, des joueurs et des méthodes de travail.

ORGANIGRAMME CLAIR ET RÔLES PRÉCIS
Ceux qui pensent que Lady B veut remplacer Galliani poste pour poste se trompent. Actuellement à Milan, les rôles sont peu clairs et Galliani s’occupe de tout : il gère les finances, s’occupe du mercato, se rend à Milanello pour soutenir et vérifier le travail d’Allegri, de l’équipe etc. En résumé, il occupe les postes de président (il est vice-président et il n’y a pas de président officiel), d’administrateur délégué, de directeur général, de directeur sportif (normalement le rôle de Braida, qui est devenu totalement inutile) et de directeur technique (rôle de Leonardo, jamais remplacé). Des pleins pouvoirs qu’il a voulu mais qui ne sont jamais bons et ne plaisent pas du tout à la fille du président…

Barbara Berlusconi sera amenée à devenir à terme la présidente de l’AC Milan. Son rôle sera donc avant tout de donner les lignes directrices du club à ses collaborateurs, de se montrer présente et vérifier que chacun effectue son travail correctement, mais en aucun cas de s’occuper des aspects sportifs! Pour cela, elle veut s’entourer de personnes compétentes, en privilégiant les anciennes gloires du club qui ont le sang rouge et noir qui coule dans leurs veines. Milan au milanistes, dans la mesure du possible. Il est encore tôt pour connaitre le futur organigramme, qui sera probablement composé au minimum d’un directeur général (gestion du club, des finances…), d’un directeur sportif (qui s’occupe du mercato), d’un directeur technique (lien entre entraineur, équipe et dirigeants) et évidemment d’un nouvel entraineur (les Berlusconi père et fille aimeraient Seedorf). Barbara Berlusconi veut aussi renforcer fortement l’activité de scouting partout dans le monde. De nombreux noms circulent, ceux qui reviennent le plus souvent sont : Fenucci (Roma) et Uva (expert en stades et bilans) pour le poste de directeur général. Pradè (Fiorentina) comme directeur sportif. Paolo Maldini semble le candidat principal pour être directeur technique mais il ne faut pas exclure Albertini ou encore Macia qui est très proche de Pradè et réalise avec lui un excellent travail à la Fiorentina.

PHILOSOPHIE DU CLUB ET OBJECTIFS SPORTIFS
L’AC Milan doit rester un club à vocation européenne. L’objectif à terme est d’avoir une équipe capable de viser le Scudetto et la Champions League chaque année. Cela ne signifie pas qu’il faut remporter ces titres chaque saison mais être compétitif au plus haut niveau. Comme il est devenu impossible de rivaliser financièrement avec les clubs les plus riches, Milan doit radicalement changer sa politique. L’idée est de miser sur les jeunes à tous les niveaux. Tout d’abord à travers un centre de formation à la pointe. Ensuite en recrutant des potentiels top players sur le point de se révéler. Et enfin, en engageant des champions déjà formés pour compléter l’équipe afin de pouvoir garantir rendement et résultats pour le présent mais aussi pour le futur. L’achat de Balotelli en est la preuve. Pour Lady B, ce n’est qu’à travers une programmation à long terme que le club peut obtenir des résultats positifs. Comment lui donner tort?