Le guitariste Juan Carmona a choisi Aubagne qui l’a vu grandir et où il vient se ressourcer entre deux concerts sur les scènes internationales pour présenter son nouvel et dixième opus, Alchemya. Un album, entre tradition flamenca et modernité, à l’image de ce nomade de la musique.
Entre Carmona et Aubagne, c’est une longue histoire d’amour. Le musicien a été l’un des tout premiers artistes à bénéficier d’une bourse d’aide à la création locale. C’était il y a une quinzaine d’années pour la sortie de son premier album. À bientôt cinquante ans, Juan Carmona est aujourd’hui un guitariste virtuose dont la réputation a fait le tour du monde. Deux de ses albums, Orillas en 2003 et Sinfonia Flamenca en 2006 ont été nominés aux prestigieux Latin Grammy Awards. Le 15 novembre, le musicien avait choisi Aubagne parce qu’ « être à Aubagne c’est un peu comme être en famille, devant une cheminée, en compagnie des gens qu’on aime et qui vous aiment » pour présenter à la presse son nouvel opus, le dixième. Alchemya (Harmonia Mundi) est sans doute l’album qui reflète le mieux la nature artistique du musicien, insatiablement curieuse et ouverte sur le monde. Une personnalité qui ne fait pas l’unanimité chez les puristes mais qui comble de bonheur les aficionados d’un flamenco en résonance avec son époque. Le musicien a trempé sa « plume » flamenca à l’encre de ses rencontres avec des musiciens de talent et de cultures musicales aussi différentes que Mino Cinelu, Biréli Lagrène, Larry Coryell, Babik Reinhardt, Philip Catherine et Sylvain Luc, pour ne citer qu’eux. C’est ainsi que sa musique a pris corps et âme. Il évoque ainsi son parcours : « J’ai eu la chance de vivre à Aubagne et de pouvoir partager ma musique avec des gens qui étaient proches du jazz, de la musique brésilienne ou orientale. C’est comme cela que je me suis construit. J’ai toujours été impressionné par les musiciens de jazz car ce n’était pas mon langage et j’avais envie de le comprendre. Je suis un curieux et quand j’entends un orchestre symphonique, j’ai envie d’aller vers ça. J’ai beaucoup de respect pour ces musiques et j’ai envie d’enrichir ma propre musique ». Son nouvel album est « un autoportrait », dit-il, une synthèse de tout cela : « J’avais envie de me retrouver avec les musiques que j’aime et de faire un travail ». Le résultat est là dans cet album aux essences flamenca, jazz, africaine et liturgique enregistré à New-York, Madrid, Jerez de la Frontera, Marseille, Paris et Séville. Pas moins de 35 musiciens ont collaboré à sa genèse et parmi eux Larry Coryel, Sylvain Luc, Dominique Di Piazza ainsi que de grands musiciens flamenco parce que ça reste un album flamenco. Juan Carmona a vécu une dizaine d’années durant à Jerez en Espagne où il s’est imprégné de la culture flamenca, sa passion mais aussi son bâton de pèlerin sur les chemins du duende. Juan a voulu voir autre chose et confronter sa musique à d’autres univers. Comme avec les 44 musiciens qui composent Orillas, Les deux rives, un œuvre originale et forte, celle des rythmes fiers du flamenco qui se mêlent aux accents poétiques et lancinants de la musique marocaine, appuyée par l’Orchestre Symphonique de l’Opéra de Toulon placé sous la direction de Jean-Philippe Vanbeselaere. Cette œuvre qui sera jouée le 14 décembre au théâtre Comœdia est une création mondiale dont les Aubagnais auront la primeure : « Sorti il y a dix ans, Orillas est un album qui n’a jamais pu être incarner parce que c’était trop lourd et maintenant grâce à MP13 on a pu le faire chez nous », a expliqué Cendryne Roé de l’association Nomades Kultur en remerciant chaleureusement la Ville pour son soutien. Orillas rend hommage au Maroc et à l’Andalousie, au temps où ces deux pays formaient un seul et même royaume, séparé par les deux rives de la Méditerranée.
Thierry Gil
Orillas, les deux rives, samedi 14 décembre à 21h au théâtre Comoedia. Location ouverte. Entrée gratuite sur réservation et dans la limite des places disponibles. Renseignements au 04 42 18 19 88.
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