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L’iran et l’enjeu de la non prolifération nucléaire

Publié le 18 novembre 2013 par Laurentarturduplessis

Toute l’humanité est concernée

Faut-il laisser l’Iran fabriquer la bombe atomique ? Pour répondre à cette question, le critère de la non prolifération de l’arme atomique devrait prévaloir sur tout autre, juridique, morale, politique…: à terme, l’humanité tout entière est menacée.
L’Iran est, depuis longtemps, lancé dans un programme de missiles balistiques dont certains portent déjà à 2000 km. Il ambitionne d’atteindre le plus vite possible les 5000 km, ce qui placerait l’Europe de l’Ouest sous sa menace. Que l’Iran se dote de missiles balistiques de longue portée équipés d’ogives atomiques serait en soi un risque supplémentaire d’holocauste nucléaire. Mais surtout, cela déclencherait une ruée vers la bombe atomique dans la région : la Turquie, l’Arabie Saoudite (qui l’achèterait aux Pakistanais), l’Égypte, entreprendraient fébrilement de s’en doter à leur tour. La Jordanie, l’Algérie, le Maroc, leur emboîteraient le pas. D’autres pays suivraient.

Éviter l’anarchie nucléaire

Plus il y aura d’États en possession de l’arme atomique (ils sont neuf actuellement), plus il y aura de risques d’un dérapage vers l’holocauste nucléaire. D’autant que des groupes terroristes pourraient utiliser cette arme de destruction massive, par exemple en la faisant exploser à bord d’un navire ou d’un avion à l’approche d’une grande ville.
Il est léger de penser que, parce qu’elle a bien fonctionné pendant la Guerre froide, la dissuasion nucléaire résisterait immanquablement à la prolifération. Lors de la crise des missiles de Cuba en 1962, les Américains et les Russes avaient beau être des acteurs « rationnels », ils passèrent très près de la guerre atomique. Que serait-ce avec deux ou trois dizaines de pays détenteurs, dont certains seraient tombés sous la coupe d’illuminés ? Déjà, l’une des neuf puissances atomiques actuelles, la Corée du Nord, devient une source grandissante d’inquiétude, et le Pakistan le deviendra au plus haut point quand les Talibans auront pris le pouvoir à Islamabad (ce n’est qu’une question de temps). L’inexorable ascension de l’intégrisme islamiste laisse présager son avènement à la tête de plusieurs États musulmans, aidé par une crise économique mondiale sur le point d’entrer dans sa phase aiguë. Un eschatologisme religieux étranger à l’esprit d’un Krouchtchev ou d’un Kennedy présidera aux décisions stratégiques de certains de ces futurs dirigeants. La dissémination de l’arme atomique plongerait le monde dans l’anarchie nucléaire.

Khamenei veut parachever le programme nucléaire militaire

Les analystes optimistes disent : la société iranienne étant devenue « mature », les Occidentaux doivent laisser l’Iran avoir la bombe atomique. Et ils doivent « sauver Rohani », le président iranien, en faisant un maximum de concessions dans les négociations en cours afin que le réformisme l’emporte sur le conservatisme en Iran. C’est méconnaître que la réalité du pouvoir n’appartient pas à Hassan Rohani, mais au Guide suprême, Ali Khamenei. Celui-ci ne tolère les négociations que si elles conduisent à un assouplissement de l’embargo et des sanctions permettant de parachever le programme nucléaire. Il s’appuie sur les Gardiens de la Révolution (Pasdarans), à sa dévotion, qui contrôlent les forces de sécurité, les programmes nucléaire et balistique, et une grande partie de l’économie. Ils réprimèrent avec férocité le « Mouvement vert » en 2009. Et ils considèrent l’obtention de la bombe atomique par l’Iran comme indispensable à la survie du régime théocratique dont ils sont la garde rapprochée.



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