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Gravity x AGDMAG

Par Agd Mag

Parce que l’art graphique connaît aussi des évolutions notoires dans le domaine du cinéma, AGDmag met sa combinaison pour partir dans l’espace et vous propose de l’y accompagner.

Difficile de ne pas avoir entendu parler du film – ou plutôt phénomène – « Gravity » (sortie Oct. 2013) d’Alfonso Cuaron,  aussi réalisateur du très remarqué « les fils de l’homme » en 2010. Le trio de réalisateurs mexicains Guillermo del Toro, Alfonso Cuarón et Alejandro Iñárritu fait couler beaucoup d’encre ces dernières années en proposant des films aux allures de  « blockbusters  américains » avec une approche visuel et de la mise en scène qui surprend et bousculent les codes du genre.

Mais qu’en est-il réellement de Gravity ? Certains vous diront qu’il s’agît d’un “127 heures” dans l’espace, d’autres d’un roller coaster visuellement bluffant mais sans grande histoire à raconter.

Soyez en sûr Gravity n’est rien de tout ça. Gravity est un film unique ou devrions-nous dire une expérience unique. AGDmag a eu l’opportunité de découvrir ce film dans des conditions excellentes, en 3D biensûr mais avec le système sonore dernier cri  DOLBY ATMOS (l’équivalent de la 3D mais pour le son) au Pathé Wepler à Place de Clichy à Paris.

 

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AGDmag vous propose 2 approches pour vous parler de Gravity. Une pour ceux qui n’ont pas vu le film et une pour ceux qui doivent le revoir.

  1. Pour ceux qui n’ont pas vu le film (découverte)

Vous avez déjà vu des films en 3D ? Peut-être, mais Gravity est une expérience visuelle en 3D qui surpasse tout ce que vous avez pu voir jusqu’à lors, oui oui même Avatar. Toute la mise en scène a été pensée pour intensifier l’immersion du spectateur à son plus haut degré. Et la 3D est presque indispensable pour profiter pleinement de cette expérience hors du commun. L’action se déroulant dans le vide, la profondeur n’a plus de limite et s’exprime a de multiples niveaux dans l’image. Entre la terre vue de l’espace sous différents angles, les innombrables étoiles tapissant l’arrière plan ou encore les boulons des stations spatiales en apesanteur qui semblent sortir de l’écran, vous aurez l’impression d’être vous même dans le vide tant le rendu est époustouflant.

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Et l’immersion ne s’arrête pas là. Vous avez peut-être déjà entendu parler de la séquence d’ouverture du film qui commence fort avec un plan séquence (sans coupure) d’environ 20 minutes. Mais c’est le film tout entier qui est jonché de plans séquences de plusieurs minutes nous faisant oublier qu’il y a un montage dans le film.

Toute la mise en scène arrive à nous plonger dans le film au point de nous faire oublier qu’il existe un écran entre le spectateur et l’action qui se déroule sous ses yeux. C’est en cela que “gravity” est une expérience unique et novatrice en son genre. Ajoutez à cela un scénario catastrophe réaliste nous amenant  à un survival de qualité pendant lequel on peine à trouver le temps pour souffler. C’est ça, gravity. Et si on devait résumer Gravity, on pourrait dire qu’il s’agit d’une expérience cinématographique qui justifie totalement les conditions de visionnage qu’offre une salle de cinéma. Foncez-y, pendant qu’il en est encore temps, à la télé ce sera moins bien c’est certain.

  1. Pour ceux qui doivent le revoir (nouvel oeil)

Si vous avez déjà fait un aller-retour dans l’espace agrippé à votre siège devant ce chef d’oeuvre, vous allez peut-être y retourner pour le voir autrement.

AGDmag vous propose de redécouvrir le film avec un autre oeil en vous donnant quelques pistes d’interprétation. Il s’agît d’un vrai film de cinéma, avec un thème magnifiquement bien traité et plusieurs niveaux de lecture. Sans vouloir entrer dans une analyse trop développée, Nous souhaitons juste partager des pistes d’interprétation (parfois subjectives), rien de plus.

Tout d’abord, parlons du scénario. Beaucoup de gens ont critiqué le scénario de Gravity, le décrivant comme une coquille vide. Mais ne confondons pas scénario et histoire. L’histoire est sobre, certes, voir minimaliste, mais elle est réaliste. Et cette simplicité peut perturber bon nombre d’entre nous, conditionnés à voir confrontations,  twists et  punchlines qui décoiffent pendant plus de 2 heures dans un blockbuster hollywoodien d’un budget de plusieurs centaines de millions de dollars. Ici, Gravity fait du grand spectacle en s’appuyant sur la puissance du réalisme. C’est simple, une fois démarré, le film vous tient scotché à votre siège jusqu’à la dernière minute. Le suspens est brillamment entretenu, on évolue dans un voyage où tout peut arriver, le pire, surtout le pire et il est difficile de savoir à l’avance comment les personnages vont s’en sortir. c’est en cela que le scénario est de qualité.

 

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La sobriété est donc une force pour gravity. Elle l’est d’autant plus que l’action du film se passe dans le vide et permet d’épurer le contenu de l’image pour ne laisser que 2 ou 3 éléments subsister. C’est simple, dans l’image de gravity on peut voir des astronautes, la terre et des stations spatiales (incluant la navette explorer). Voici alors le contexte filmique idéal pour donner à chaque élément une puissance métaphorique très forte. On pourrait presque dire, que dans Gravity, il y a l’homme, d’où il vient, et ce qu’il a construit. Loin d’être aussi métaphysique qu’un “2001 l’odyssée de l’espace”, Gravity est plutôt une réflexion philosophique sur la condition humaine et ce qui anime l’homme en tant qu’être humain.

 

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Le Dr Ryan Stone (Sandra Bullock) se complait dans le vide de l’espace. Elle y trouve une certaine solitude apaisante. Elle préfère se recroqueviller sur elle-même pour ne pas avoir à affronter la réalité de la vie. Elle est littéralement libérée de la gravité de la terre et ne veut pas la subir à nouveau. Stone pourrait directement symboliser l’humanité. On pourrait même dire qu’elle représente une humanité complexée, effrayée et bridée par ses traumatismes, s’éloignant progressivement d’où elle vient pour se perdre dans l’infini.

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Matt Kowalski (Georges Clooney) lui, est completement opposé à Stone et à tous les niveaux. C’est un homme, décomplexé et allant de l’avant. Et si on doit  mettre symbole derrière ce personnage secondaire et pourtant des plus importants, en sauvant Stone, il devient un sauveur. “le” sauveur, comme le Christ a pu l’être dans la bible? Il est celui qui ira chercher Stone dans le vide pour la ramener à la navette, celui qui va la tirer (physiquement et psychologiquement) jusqu’à la station spatiale internationale, celui qui se sacrifiera pour sauver Stone et qui subsistera dans son inconscient pour qu’elle ait la force de s’en sortir. Kowalski est bien celui qui montre le chemin, prêt à tout pour sauver Stone d’une mort quasi certaine. Il est le guide, le protecteur et celui qui donne la force à Stone d’y arriver et de ne plus jamais abandonner. Et peut-être est-ce un hasard, mais il est le seul à pouvoir se déplacer dans l’espace.

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Si Kowalski incarne, dans cette interprétation, le sauveur de l’humanité. Mais de quoi sauve t-il réellement l’humanité?

N’oublions pas que l’élément perturbateur de dans le film n’est qu’un amas de débris de satellites en orbite autour de la terre détruisant tout ou presque sur son passage. Ces débris spatiaux et ces stations orbitales auraient-elles aussi quelque chose à nous cacher? Oui, pour cela il faut reprendre au le début, autrement dit un satellite russe détruit par les russes eux-mêmes. Jusque là tout va bien. L’évènement était totalement maîtrisé. Mais que s’est-il passé ensuite? Apparemment une réaction en chaîne ayant causé la destruction d’autres satellites, augmentant le nombre de débris et provoquant la destruction des stations spatiales les unes après les autres jusqu’à la dernière. Pour résumer, nous sommes partis d’un simple évènement ponctuel contrôlé, pour arriver à la destruction en chaîne de tout ce que l’homme à lancé en orbite dans l’espace et tout cela sans véritable explication. Et si ce schéma ne reprenait pas tout simplement celui d’une crise financière mondiale? (Et là vous vous dites NON!…) Mais si nous pouvions voir les stations spatiales comme la représentation de nos marchés financiers, détruits les uns après les autres par une réaction en chaîne à partir d’un évènement que l’on contrôlait complètement au départ, il s’agirait là d’une belle métaphore.

Vous l’aurez peut-être remarqué, ces stations sont aussi lointaines de la terre que les marchés financiers sont abstraits à notre quotidien. Pourtant ils existent et ont bien un impact sur nos vies. Aussi elles ressemblent plus à des poubelles volantes qu’à des bijoux d’innovations technologiques. Mais pour rester dans l’analogie, les débris en orbite  causant à chaque fois plus de dégâts, reviennent toutes les 90min, donnant donc un aspect cyclique de destruction et de chaos (illustré par les débris), tout comme il en existe pour les crises financières. Gravity pourrait bien être, au delà d’un film grand spectacle, le tableau de notre situation économique actuelle.

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Et Alfonso Cuarón est un réalisateur qui sait où il va et il le prouve avec la récurrence et la cohérence des thèmes qu’ils abordent. « Les fils de l’homme » traitait du désespoir de l’homme (un monde sans nouveaux-nés) et de sa renaissance. Ici, nous assistons à un schéma similaire. Car du rien (le vide spatial), va renaître quelque chose. Et cette dernière partie a un deuxième niveau de lecture vraiment évident.

De la station chinoise Tiangong (la dernière, un hasard?), Stone va réussir à rentrer sur terre. Vous y avez peut-être pensé mais cette rentrée dans l’atmosphère de la station se désintégrant en plusieurs boules de feu n’est autre qu’une image faisant allusion à la fécondation d’un oeuf. Revoyez la scène et vous aurez réellement l’impression de voir des spermatozoïdes avançant vers un ovule.  Et seule la capsule de Stone parviendra à rentrer intact dans l’atmosphère, le reste sera désintégré.

Une fois sur terre, Stone ouvre le sas de sa capsule et manque de mourir (une fois de plus) noyée par l’eau qui s’engouffre dans l’habitacle. Elle parvient à s’en sortir avec difficulté. Cette sortie de la capsule n’est-elle pas aussi agressive et traumatisante que celle d’un bébé qui vient au monde? La renaissance est tout simplement illustrée par une nouvelle naissance.

Une grenouille apparaît alors à l’image (tout le monde rit dans la salle) et ce n’est pas par hasard. C’est un batracien. Et tout devient plus évident dans la métaphore. Stone retrace en quelques secondes les étapes de l’évolution de l’homme sur des millions d’années. Une fois la rive atteinte, elle rampe pour s’extraire de l’eau, se met à quatre pattes puis se lève difficilement, en luttant contre la gravité pour se tenir debout et marcher vers une terre fertile paraissant complément vierge. On retrouve alors la terre, paisible et accueillante. Stone est alors heureuse de se confronter à nouveau à cette force, pourtant absente pendant tout le film, la gravité.


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