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Cameroun - Succession de Paul Biya: Le bal des prétendants :: Cameroon

Publié le 19 novembre 2013 par 237online @237online

Les Américains ont catégorisé ceux qui veulent accéder au pouvoir, chaque groupe selon ses caractéristiques et son plan. Dans un télégramme envoyé au département d'Etat en mars 2008 par l'ambassadrice des Etats-Unis au Cameroun et dont nos confrères de Mutations ont pu avoir copie, Janet Garvey affirme que le parti au pouvoir, l'ethnie du Président de la République et le gouvernement sont «infestés» par des réseaux politiques «ombrageux» qui rivalisent «subtilement, mais significativement», dans le but de succéder à Paul Biya. L'ambassadrice des Etats-Unis au Cameroun désigne deux principaux groupes déterminés à prendre le pouvoir après Paul Biya. D'un côté, il y a ceux qu'elle appelle les «aînés», plus prosaïquement, les vieux, et de l'autre côté, ceux qu'elle considère comme les «jeunes premiers» ou «les parvenus». A côté de ces deux principaux groupes, il y a des ministres et autres militants du Rdpc, pas vraiment intéressés par le pouvoir du Président Biya, peut-être plus préoccupés qu'ils sont, selon les Américains, par leur enrichissement personnel ou par le travail. Janet Garvey les qualifie de «fidèles» ou «d'isolés». Les aînés Selon l'ambassadrice des Etats-Unis au Cameroun, le groupe des aînés qui envisage de prendre le pouvoir après Paul Biya est constitué de personnalités âgées. Beaucoup parmi eux étaient déjà aux affaires du temps d'Ahidjo. Ils sont pour la plupart conservateurs, se contentent de suivre Paul Biya dans sa politique sans broncher, dans l'espoir qu'un jour il leur léguera son fauteuil. Le chef de file de ce groupe, selon Janet Garvey, est Amadou Ali, 70 ans, alors vice-Premier Ministre en charge de la Justice à l'époque où le télégramme est transmis à Washington. L'ambassadrice des Etats-Unis croit savoir que c'est pour éliminer de la course à la succession de Paul Biya que Ali a confectionné une liste de personnalités accusées d'avoir détourné des fonds publics et qui croupissent aujourd’hui en prison. Autre «aîné» qui lorgnerait le fauteuil présidentiel, Philémon Yang, 66 ans, alors Secrétaire général adjoint de la présidence de la République, et que Janet Garvey annonçait déjà comme futur Pm en remplacement d’Inoni Ephraïm. Janet Garvey parle aussi d'Achidi Achu (79 ans), de Peter Mafany Musonge (7,1 ans), de Benoît Asso'o Emane (76 ans), de René Claude Meka (74 ans), et de Oumarou Djam Yaya, présenté comme le supporter du groupe des aînés dans l'armée. Les jeunes premiers ou parvenus Si les «vieux» se montrent plutôt patients en espérant que Paul Biya leur léguera le pouvoir en récompense de leur «fidélité», ce n'est pas le cas pour ceux que Janet Garvey appelle les «jeunes premiers» ou «parvenus». Eux croient en leur étoile et sont prêts à forcer le destin. S'ils sont jeunes pour la plupart, il n'en demeure pas moins vrai qu'ils ont parmi eux quelques vétérans. «Les jeunes premiers, écrit Janet Garvey, sont un ensemble de personnalités puissantes qui sont caractérisées par leur relative jeunesse, leur corruption spectaculaire et leur impatience face à la durée au pouvoir de Biya. Ce groupe est davantage ancré dans l'idée de forcer la main à Biya (et peut-être l'évacuer de la scène) afin d'assurer leur ascendance». Parmi les «parvenus», l'ambassadrice des Etats-Unis cite l'ancien Ministre des Finances, Edouard Akame Mfoumou, «le champion de la corruption, Polycarpe Abah Abah», l'ancien Ministre de la défense, Rémy Ze Meka, Urbain Olanguena Awono, Gervais Mendo Ze, etc. A cette liste, Janet Garvey ajoute le Général Roland Mambou Deffo et l'homme d'affaires Yves Michel Fotso qui, selon l'ambassadrice, aurait des «connexions énigmatiques» avec Rémy Ze Meka. Les loyaux Selon Janet Garvey, certains pontes du régime sont tellement fidèles au Président Biya que l'idée de l'après-Biya ne trotte même pas dans leur esprit. «Le Secrétaire général de la présidence de la République, Laurent Esso, semble être le prototype de cette position», pense la diplomate avant de tempérer au sujet de l'actuel Ministre de la Justice: «Nous croyons qu'il est complètement corrompu, relativement anti-américain et pro-français et essentiellement conservateur. Esso semble être notoirement apolitique, ce qui, peut-être, explique pourquoi Biya l'amène à la présidence lors du remaniement ministériel de septembre 2007». L'ambassadrice des Etats-Unis confie qu’Ama Tutu Muna se pâme d'admiration pour Laurent Esso, tout en maudissant les «jeunes premiers». A contrario des fidèles d'Amadou Ali, qui fustigent Esso. L'autre fidèle du Président de la République est Martin Belinga Eboutou, l'actuel Directeur du Cabinet civil de la présidence de la République, et Jean Foumane Akame, conseiller du Président Biya. Le cas de Grégoire Owona, le Secrétaire général adjoint du comité central du Rdpc, est atypique. Alors qu’Amadou Ali l'a classé parmi les parvenus, Janet Garvey pense, quant à elle, que sa réputation «relativement progressiste» et sa position d'acteur principal de la modification de la Constitution pour briser le verrou de la limitation des mandats présidentiels font de lui, plus un fidèle qu'un parvenu. Et Marafa dans tout ça? L'ancienne ambassadrice des Etats-Unis au Cameroun a du mal à ranger Marafa Hamidou Yaya dans un groupe comme dans l'autre. L'ex-Ministre de l'Administration territoriale apparaît comme un ambitieux solitaire qui n'avait d'ailleurs pas caché ses intentions au cours d'une conversation avec la diplomate américaine. Il veut creuser son sillon tout seul. Janet Garvey soutient que Marafa est furieux contre Amadou Ali qui avait mis son nom sur la liste des personnalités devant faire l'objet d'une enquête pour détournement de fonds publics. Plus grave, Ali le range dans le groupe des jeunes premiers. «Néanmoins, souligne la diplomate américaine, nous hésitons à inclure Marafa dans le groupe des jeunes premiers parce qu'il ne s'alignerait probablement pas avec ces alligators plus radicaux et à leurs propres services, et son statut de Nordiste aux ambitions nationales (ce qui représente un anathème pour les Béti qui pensent qu'un Président issu du Nord, cherchera à se venger contre les Beti relativement aux conséquences du coup d'Etat de 1984) fait de lui tout au moins un probable associé des jeunes premiers béti dominés».


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