La société québécoise souffre d’une forme
particulièrement aiguë de cette maladie. Sous prétexte que le « bon
sens des uns » n’est pas le « bon sens » des autres, les
politiciens s’arrogent le pouvoir de tout diriger, prévoir, savoir, taxer,
subventionner, réglementer.
L’État s’immisce outrageusement dans la vie de tous les
jours :
·
Vous voulez développer un terrain vacant, vous
devez composer avec la Commission de protection du territoire agricole dont la
mission est d’empêcher tout développement. Pour les commissaires, un terrain en
friche est plus utile qu’un terrain utilisé à une fin autre qu’agricole. Votre
terrain est à l’extérieur des zones classées agricoles, vous devez alors
composer avec le ministère de l’Environnement. Si par malheur il contient une
flaque d’eau, il devient une zone humide et il vous sera interdit d’y toucher
ou même d’y passer en VTT.
·
Vous voulez démarrer une entreprise, il vous
faudra au moins une demi-douzaine de permis, tant au municipal qu’au
provincial. Vous ne pouvez même pas décider du nom de votre entreprise. Cette
décision revient de droit aux fonctionnaires de l’Office de la langue
française.
·
Vous voulez louer votre chalet, vous devez
obtenir une classification du ministère du Tourisme. Vous croyez vous en tirer
parce que vous le louez à un membre de votre famille. Détrompez-vous, même dans
ce cas vous serez dans l’illégalité.
·
Vous êtes un producteur acéricole, vous ne
pouvez pas disposer de votre récolte de sirop comme bon vous semble. Celle-ci
appartient à la Fédération des producteurs acéricoles du Québec.
·
Vous désirez modifier les heures d’ouverture de
votre boutique. Oh là, pas si vite. Il existe des règlements qui spécifie quand
et à quelles conditions vous pouvez ouvrir votre boutique.
·
Vous voulez une assurance en cas de problèmes
majeurs de santé. Oubliez ça. En santé tout le monde doit obligatoirement subir
la liste d’attente pour bien comprendre que c’est un privilège d’obtenir des
soins.
·
Vos vaches produisent un surplus de lait, vous
ne pouvez pas le donner à votre voisin qui en a grandement besoin, vous devez
le jeter;
·
Etc.
Je pourrais remplir de nombreuses pages d’anecdotes et de
situations qui démontrent que dans le modèle québécois la liberté est une
notion bien relative. Malheureusement, la situation continue d’empirer. Dès
qu’il se produit un évènement malheureux, tous les biens pensants et les
lobbys, et il y en a beaucoup, s’activent pour demander une nouvelle loi ou un
nouveau règlement. Un conducteur en état d’ébriété décède suite à une embardée,
il faut exiger que les véhicules vendus au Québec soient équipés d’un antidémarreur
éthylique; un accommodement déraisonnable est monté en épingle par les médias,
vite il nous faut une charte de la laïcité; vous hébergez un touriste de
passage, assurez-vous que ce n’est pas un inspecteur du ministère qui essaie de
vous piéger; etc.
Les conséquences de cette maladie sont multiples et souvent
dramatiques tant du point de vue social qu’économique.
L’omniprésence de l’État dans la vie de tous les jours favorise
la déresponsabilisation des individus. En effet, pourquoi se soucier de notre
santé, de l’éducation de nos enfants, de notre retraite, de notre endettement, de
nos concitoyens puisque l’État s’est engagé à le faire pour nous. De plus, trop
de règlements inapplicables, à plus forte raison s’ils sont nuisibles ou inutiles,
sont ignorés par la plupart des Québécois. Malheureusement, pour un nombre
grandissant d’individus, cette situation débouche inévitablement sur le non-respect
de tous les lois et règlements même ceux essentiels au bon fonctionnement de la
société.