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Salon du livre de Montréal 2013 : Dialogue en marge du roman "L’enfance sans alibi", par Philippe Jaroussault

Par Dedicaces @Dedicaces

Ces 4 livres dont vous êtes l’auteur, une ligne directrice, une constante, comment définiriez-vous votre œuvre?

Une tendresse illimitée pour ces êtres combattants d’eux-mêmes, ces jeunes gens en couple, des moins jeunes, et leurs enfants, tous des forcenés à faire reconnaître par leurs proches, chacune de leurs qualités, toutes leurs singularités et différences. La meilleure part de la conscience en ballottage, leur bonheur en jeu à chaque instant.

Votre dernier ouvrage L’ENFANCE SANS ALIBI, est-ce un crime que l’enfance, tout au moins un délit?

Pour un puiné, un cadet, c’est certainement répréhensible, lui le laissez pour compte devant l’autoritarisme des frères et sœurs aînés, devant les parents, même les cousins cousines la ressentent bien cette hypothèque, que supporte le plus jeune aux yeux de tous, le plus vulnérable, le plus dérisoire dans certaine famille. Et si en plus c’est une famille ou les valeurs masculines prédominent.

Il importe de préciser que l’action de votre roman n’est pas circonscrite à un univers enfantin avec des personnages d’enfants.

Bien sûr que non. Ce sont Marilem et Roucoul, des amants jeunes, des amants l’un de l’autre on l’a bien compris, qui vont un temps caresser l’audace en chacun d’eux, d’adopter pour leur vision de l’avenir, la même ivresse de vivre des enfants, sachant bien que les adultes, sauf exception, se contentent d’excuses, de prétextes, plutôt que de choisir l’extase entière.

Les deux amoureux choisissent donc d’adhérer à toute la candeur et la spontanéité de l’enfance.

Oui ils calquent leur vie sur le seul modèle de l’enfance qu’un couple dans leur idéalisme peut souhaiter. Cette fortune immense de savoir alimenter une image, qui déborde ensuite dans un automatisme, puis un réflexe de la libre pensée, qui s’agglomèrent ensuite dans la destinée des êtres.

Une mission immense qu’ils se donnent?

Un plan de vie d’une grande légèreté en comparaison à toutes les coercitions auxquelles ils s’exposent, s’ils négligent de se donner un parcours, un horizon, une perspective. On dit que tenir un journal de bord, nous préserve de l’agitation, l’éparpillement, sinon on n’en a jamais fini avec les tiraillements, les malentendus.

C’est un roman de l’amour envisageable?

Qu’est-ce que c’est l’amour sinon un amour envisageable. L’amour est une décision, une volonté, une espérance, une foi dans l’ivresse, dans l’inconnu ce qui inclut le hasard, l’inconscience tout autant que la pleine conscience.

Comment ça se passe entre eux? Comment sont-ils différents des autres couples?

Marilem et Roucoul exercent pleinement leur statut de marginaux puisqu’ils sont au fait de leurs prérogatives, ils en sont avertis, ils sont aussi des élus. Rien ne les empêchent parce qu’ils en ont décidé ainsi. Ils tendent vers de plus en plus de liberté. En tout cas ils en ont pleine conscience comme les artistes surtout, comme tous ces êtres d’exception, ces êtres singuliers et différents, et qui en prennent aucun ombrage, qui en prennent gloriole plutôt, qui aiment attester un langage non courant, élitiste s’ils le décident, et s’ils ne sont pas des dieux l’un pour l’autre à court terme, ils ne l’écartent pas d’emblée.

Sonder l’âme humaine de deux êtres solitaires qui arrivent à rompre l’isolement.

Toutes ces raisons d’espérer une vie meilleure. La nécessité de rentrer en contact avec quelqu’un, par ces zones de l’imaginaire qu’on ose visiter ensemble, quand on joue le plein rôle de l’enfance.

Mais se profile pourtant la peur des chemins de la connaissance qui mène au désamour. La peur de perdre pied dans l’inconstance, dans l’intermittence. La hantise de ne pas retrouver chez l’autre la trace de ses mots.

De ces deux solitudes naîtra une amitié sans ambiguïté. Une rencontre spirituelle dans un monde qui est en retrait de l’agitation.

Vous abordez dans votre roman, certains dilemmes propres à la vie spirituelle de l’humanité.

Ce goût immodéré de rencontrer l’autre, A quoi bon être trop au fait de ce qui se passe en moi. Mais carrément pas besoin d’être au fait de ce qui se passe dans ma société. Je n’ai pas besoin de prendre à mon compte les faits et gestes de la société. Œuvre qui offre davantage une sensation de ce qui est vécu. Plutôt que des explications ou des descriptions d’états intérieurs.

Qui est l’auteur de L’ENFANCE SANS ALIBI ? Qu’est-ce qui vous définit?

Un puïné, donc qui ne peut guère supporter l’autorité trop grande des frères et sœurs aînés, des parents des grands parents, même des cousins cousines, puis les professeurs, les policiers etc, mais qui n’a pas à assumer la charge des plus jeunes que lui, la charge d’une famille, et bénéficiant de l’indulgence de la clémence des parents pour les plus jeunes.

Puis comme auteur, le goût d’apporter un point de vue, une perspective, une solution peut-être à la détresse humaine, donc un réconfort, qui comble un vide spirituel, la pauvreté de l’imaginaire. Il me semble que mon écriture peut apporter bien autre chose que du sordide, que des scènes de violence, et toutes ces scènes convenues de la vie courante qui prolifèrent dans tous les livres.

Me définit également, ma singularité différence, mais impossible qu’elle me soit exclusive, bien d’autres la ressentent ainsi et peuvent être à ce titre friand de ce que je peux révéler ou faire valoir par mon imaginaire et par mes thèmes d’écriture.

Rencontrez Philippe Jaroussault au Salon du livre de Montréal
Jusqu’au 25 novembre prochain, au Stand 654
Hall d’exposition Place Bonaventure
800, rue De La Gauchetière Ouest
Montréal (Québec) Canada


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