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La vente des pavés ne s'envole pas

Publié le 08 mai 2008 par Yulgrejes

Petitlivrerouge_2Pice2008 est une année inflationniste. Et pas seulement en économie. Alors que le commémorationisme soixante-huitard gagne fiévreusement maisons d'édition, journaux et magazines depuis plusieurs mois déjà, les ventes ne s'envolent pas. Mai 68 n'est pas un best seller.

Vérification par l'exemple : votre serviteur s'est rendu chez Gibert, boulevard Saint-Michel,  un commerce  déjà établi sur les lieux  au moment des évènements. Libraire à l'étage histoire/société, qui se coltine tous les pavés,  Philippe Bazire  explique la poussée éditoriale à laquelle  lui et ses collègues font face: "on a reçu entre 300 et 400 références dans les derniers mois. Face à ça, on ne peut connaitre les livres que superficiellement, et on en a gardé une bonne centaine."

Résultat de cette flambée éditoriale, les chiffres des ventes sont en berne : "il y a tellement de concurrence qu'aucun livre ne s'écoule très bien. Les retours aux éditeurs vont être terribles dans quelques mois". D'autant que mai 68 ne semble guère passionner la population, bien loin de l'establishment médiatique qui ressasse les bonnes paroles et les souvenirs des anciens combattants. "Seuls les livres de photo tirent leur épingle du jeu, et la plupart du temps, ce sont des gens d'un certain âge qui les prennent pour se rappeler quelques souvenirs et comparer avec ce qu'ils ont connu. Mais les jeunes ne sont pas intéressés, très peu d'étudiants achètent ces livres. Les bouquins historiques ou sociologiques ne partent absolument pas", nous explique Philippe Bazire.
Un bide le commémorationnisme soixante-huitard ? Heureusement, les médias poussent à la consommation en mettant bien en avant leurs icônes : "ceux qui ont reçu une forte couverture médiatique résistent bien, comme le Glucksmann. Pour le reste, trop de bouquins tue le bouquin".

Force est de constater que mai 68 n'est pas vendeur. En effet, en près d'une demi-heure passée à l'affut près des présentoirs  dédiés aux pavés, je n'ai vu personne  prendre un livre. Et seuls quelques uns, des plus de 50 ans, se sont arrêtés feuilleter ou même regarder l'offre éditoriale. Le tout malgré une vitrine extérieure spéciale décorée pour l'occasion. Marc Bloch, Pierre Péan et Le livre noir de la révolution française, exposés à quelques pas de là, semblaient davantage convoités que les écrits des Weber, Cohn-Bendit, Grimaud ou Rotman.
Une mévente confirmée par le box-office des livres, qui place Véronique Genest, François Léotard ou Luis Fernandez  dans un top 10 qui exclut les pavés soixante-huitards.

Herwin Bere


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