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Mourir est un art, comme tout le reste, roman d'Oriane Jeancourt-Galignani

Publié le 23 novembre 2013 par Mpbernet

23 novembre 2013

mourircouverture

J’avoue humblement que je n’avais jamais entendu parler de Ted Hughes, grand poète britannique contemporain, ni de sa femme Sylvia Plath, poétesse elle aussi, auteure de « La Cloche de détresse » et de « Ariel ». Et personne n’a célébré le cinquantenaire de son suicide, en février 1963. J’ai acheté ce livre sur le nom de son auteure, jeune journaliste, dont c’est le premier roman.

Et j’avoue qu’après l’avoir commencé, et malgré l’évidente qualité de l’écriture, le sérieux de la documentation, la capacité rare à susciter des images fortes … la tristesse est tellement prégnante qu’il m’a fallu beaucoup de courage pour aller jusqu’au bout. A la dernière page, on est sonné, comme un boxeur près du K.O. et qui descend du ring, les arcades sourcilières tuméfiées, chancelant.

Car l’histoire est celle d’un amour fou entre deux étudiants, tous les deux poètes, tous les deux doués. Mais l’un va dévorer l’autre, lui, le poète célébré très jeune va la convaincre, elle, qu’elle n’est pas à la hauteur, qu’elle ne vaut rien. C’est une histoire classique d’emprise, de désespoir et d’amour tari, avec les conséquences désastreuses chez une femme fragile, au passé familial passablement difficile, qui ne surmonte pas cet abaissement permanent de l’homme auquel elle a tout consacré. Encore plus dramatique est sa conviction qu’elle sera incapable de s’occuper correctement de ses deux très jeunes enfants. Lui, Ted, la trompe puis la quitte pour une femme susceptible de favoriser sa carrière.

Alors un matin d’hiver, froid comme l’enfer, Sylvia trempe des serviettes dans l’eau froide, calfeutre la porte de la cuisine, ouvre les robinets du gaz et met sa tête dans le four. Son mari publiera son dernier recueil de poèmes après sa mort, non sans en avoir élagué ce qui lui apparaît comme redondant …. On rêve ! Son infidélité ne réussira cependant pas à sa nouvelle égérie, qui elle aussi, se suicidera … Mais ça, ce n’est pas dans le roman.

Ted et Sylvia
Sylvia-Plath

Alors, je préviens, ceci n’est en aucun cas un livre à laisser entre toutes les mains, dépressifs s’abstenir …

Orianejeancourt

Une question troublante me taraude : comment une jolie jeune femme, elle aussi douée pour l'écriture, peut-elle ainsi se glisser dans la tête en miettes d’une artiste perturbée, dans les derniers jours qui précèdent son suicide, certes, à partir de documents et d’études abondamment publiés depuis 50 ans à propos de cet épisode dramatique – ce qui est précisé à la fin de l’ouvrage -  et surtout à partir des poèmes retraduits par l’auteure elle-même, qui jalonnent le texte d’images saisissantes ?

Mourir est un art, comme tout le reste, roman par Oriane Jeancourt-Galignani, édité chez Albin Michel, 180 p. 15€


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