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Wikipédia : si ça marche bien ... alors il faut casser

Publié le 23 novembre 2013 par Pierrotlechroniqueur

On dit souvent, lorsque quelqu'un tente de remédier aux rouages de Wikipédia que si ce n'est pas cassé, il n'y a aucune raison de le réparer. C'est un fait, et une réponse souvent judicieuse. Wikipédia a certes besoin d'évoluer dans certains domaines, mais le changement pour le changement apparaît rarement comme une bonne chose. Certes, utilisé à outrance, cet argument peut aussi se révéler prétexte à bloquer certaines évolutions nécessaires. Il est cependant clair que généralement, cet adage est empreint de sagesse, comme cela aurait pu (dû) être le cas avec les demandes de restauration de pages (DRP), page de requêtes dont j'ai déjà pu louer, par le passé, l'excellent état de marche. Fut une époque, en effet, où la page fonctionnait à la perfection, avec des contributeurs enthousiastes et produisant des efforts remarquables, tels que Cédric Boissière, Azurfrog, Matpib, Lomita et Theoliane (entre autres). Des administrateurs respectables, respectés et dont le travail était empreint de neutralité. Ce n'était pas cassé, il n'y avait donc pas à le réparer.

Cela marche, donc ça déplaît

Le fonctionnement de la page, c'est un fait, ne plaît cependant pas à certaines personnes, généralement inclusionnistes prononcés, ayant simplement des comptes à régler (et j'ai déjà abordé ce point lors de mon dernier billet sur les clans), ou les deux à la fois. L'idée qu'il faille apporter des éléments nouveaux, des sources, pour justifier la restauration, et donc le débat en PàS, semble les gêner. Ce qui semble difficilement compréhensible, au demeurant, si l'on respecte la bonne foi. Aucun d'entre eux n'ignore, bien entendu, le principe qui veut que tout élément inséré sur Wikipédia soit vérifiable, et qu'un sujet soit en plus notoire. Aucun d'eux n'ignore non plus que l'argumentation en Pages à Supprimer (PàS) se doit d'être sérieuse, pour arriver à un consensus digne d'une encyclopédie. Nul n'aurait l'idée, par exemple, de défendre un article uniquement car quelqu'un qu'il n'aime pas s'exprime pour la suppression (en fait, si, mais il faut dans ce cas faire l'effort d'avoir des arguments ...). Nul n'aurait idée non plus de vouloir conserver l'article d'un restaurant car "la nourriture y est bonne". De fait, le fonctionnement de la page de DRP est très simple : il consiste à faire en amont un travail qui permet de largement anticiper le résultat d'une possible PàS, et donc de désamorcer des situations potentiellement explosives tout en évitant de faire perdre du temps aux contributeurs. Et cela marche.

Selon un principe bien connu dans notre Histoire, lorsque l'on veut modifier quelque chose qui marche, il suffit d'en entraver le fonctionnement. La presse et les homems politiques ; notamment, surent parfois créer de toutes pièces un problème, afin de pouvoir ensuite le "résoudre". C'est exactement ce qui s'est produit ici. Plusieurs contributeurs appartenant à la même sensibilité, GL anciennement, puis notamment Esprit Fugace, En passant, P-e, Gribeco et Gede désormais, ont successivement décidé de poser de légers cailloux dans les rouages bien huilés des DRP. Il s'est agi, en certaines occasions, de semer la confusion en restaurant unilatéralement un article sans présentation préalable des sources, sans passer par la page ad hocvoire contre l'avis des autres administrateurs, et parfois sans même lancer la PàS technique pourtant nécessaire dans ce genre de cas. Cela ne pouvait que mettre le feu aux poudres.

Depuis quelques temps, donc, les DRP mal réglées se multiplient, et le summum fut atteint avec les contestations en série de Lomita, Matpib, puis Gede (pour une très dispensable représaille aux deux premières ...). Bien entendu, le but des agitateurs fut, dans un premier temps, atteint : des contributeurs et administrateurs, énervés par cet état de fait, se sont lancés tête baissée dans le piège en leur répondant (d'un autre côté, ne rien faire aurait eu pour conséquence d'avaliser des passages en force ...) de manière agacée mais justifiée. La deuxième étape pouvait, cependant, alors être lancée : l'outil au fonctionnement si rôdé semblait (mais semblait seulement, c'est toute la subtilité de la manipulation) cassé, il ne resterait plus qu'à le réparer ...

Mise en échec

Heureusement, jouer aux échecs ne garantit pas de réussir. Après un échange fin septembre sur la page de discussion des DRP, qui semblait aboutir à un consensus pour dire que le fonctionnement de la page n'était pas en tort, il est lancé un "appel au peuple" sur le Bistro. Comme tous les appels de ce genre, il ne pouvait attirer qu'un public ciblé. Il ne restait plus, pour TigH, qu'à s'assoir sur toute discussion préalable, pour lancer une prise de décision sur le changement des DRP qui, sans surprise, a fait long feu. Cette tentative était si constructive et partiale qu'elle résumait simplement la situation de DRP a des administrateurs s'étant arrogé un pouvoir éditorial contre l'avis de la communauté, et qu'il n'appartenait donc qu'à cette dernière de le reprendre ... Ce serait rapidement oublier le fait que, si effectivement DRP induit un débat éditorial, elle n'est pas la seule requête aux administrateurs à le faire (par exemple, les demandes de renommage ont par nature également un coté éditorial) et qu'ensuite, la page n'est pas réservée aux seuls administrateurs, ces derniers ayant surtout pour fonction d'effectuer les tâches techniques et de vérifier la présence d'un consensus. Autant que la question des sources, celle du consensus était d'ailleurs aussi particulièrement gênante pour les opposants au fonctionnement valable et habituel des DRP. Il est donc arrivé une "brillante idée" à Gede, histoire d'ouvrir un front complémentaire : proposer que, désormais, toute restauration puisse être effectuée par un seul administrateur (ou dès qu'un seul administrateur le souhaite), qu'importe la présence d'une précédente PàS, une absence de sources, ou même des avis unanimes opposés à cet unique administrateur ... Encore une tentative de réforme constructive et consensuelle, particulièrement attachée au principe collaboratif de Wikipédia et, puisqu'il faut croire en la bonne foi de son proposant, qui avait pour but de mettre tout le monde d'accord et de régler les conflits. Tout comme la précédente proposition, elle fut rapidement oubliée. Et pour cause, elle ne proposait aucune solution sérieuse.

Pour rester optimiste, notons tout de même que certains des quelques désaccords qui se manifestent sur cette page présentent un interêt réel. La question de savoir comment définir une source nouvelle s'est posée lors de plusieurs requêtes récentes, et un débat a éclaté sur la page de discussion. Une nouvelle source est-elle nécessairement une source chronologiquement postérieure à la précédente PàS, ou simplement non évoquée lors de ce débat ? Pour certains, la bonne foi des participants au débat est à supposer, ce qui induirait qu'ils ont effectivement verifié toutes les sources. Pour d'autres, les participants à la PàS ne sauraient être vu comme parfaits, et pourraient donc avoir omis des éléments pertinents. Le débat est ici intéressant et chaque camp se défend, mais je ne prétend pas avoir la solution à cette question.

Force est donc de constater que, dans une pratique de longue date, DRP fonctionne habituellement bien et dans l'harmonie, contrairement à d'autres pages de requêtes. Face à ce qui semblait être un moment un manque de nouveaux visages, l'appel de Superjuju10 en juin 2013 sur le Bulletin des administrateurs (BA) semble avoir porté ces fruits, de nouveaux administrateurs sont arrivés et ont continué à faire vivre la page. Après chaque psychodrame ponctuel, comme l'illustre le récent cas Robert Miguet  qui a réussi l'exploit d'être à la fois l'une des plus longues requêtes et celle où il a été le moins question de sources, la page de DRP retrouve son fonctionnement normal, consistant en des débats constructifs, des compromis et des recherche de consensus. On peut le dire : pour l'instant, les manœuvres de manipulation n'ont pas réussi à atteindre leurs buts à long terme (les coups de force successifs, comme sur Miguet, recevant à chaque fois une notable désapprobation). Mais j'ai bien peur que les belligérants n'aient pas l'intention de baisser rapidement les bras (après tout, pour certains, il y a des années de guerre clanique sans jamais, ou presque, s'essoufler ...). Jusqu'à la prochaine crise, dont les auteurs (provocateurs) commencent donc, désormais, à être bien connus ...

En conclusion 

Si ce n'est pas cassé, ne le réparez pas ... cassez-le d'abord, puis passez en force, telle semble la nouvelle méthode en vigeur sur Wikipédia. Elle n'est pas du tout à l'honneur de ceux qui l'ont appliquée. Et mon petit doigt m'a dit que, depuis peu, la même méthode est employée, par les mêmes protagonistes, sur un sujet pas si éloigné : la clôture des PàS.


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