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La bibliothèque du professeur Blequin (2)

Publié le 23 novembre 2013 par Legraoully @LeGraoullyOff

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Devezh mat, Metz, mont a ra ? Ce n’est pas un secret, j’aime beaucoup les livres ; c’est pourquoi j’ai décidé de vous parler régulièrement des livres que j’ai lus ou relus. Gardez bien à l’esprit que mon avis en vaut largement un autre…

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Ni Dieu ni foot, Charlie Hebdo hors-série n°26, 2010 : L’euphorie suscitée par la qualification de l’équipe de France de football pour la coupe du monde 2014 au Brésil aura été de courte durée. Je n’ai cependent pas pu m’empêcher de feuilleter une nouvelle fois le hors-série que Charlie Hebdo avait sorti à la veille de la coupe du monde de 2010 : le parti pris anti-football n’y est pas aussi systématique qu’on pourrait le croire, dans ce hors-série, mais ce qui frappe à sa lecture, c’est à quel point TOUTES les questions de société habituellement reconnues comme importantes s’effacent devant la raison footballistique ! La fiscalité ? Schmoll ! Le manque à gagner pour l’État que représente l’absence totale de cotisations sociales sur ce qui est payé aux joueurs pour exploiter l’image collective de l’équipe n’est comptabilisé nulle part ! La lutte contre l’argent sale, idem ! La lutte contre le racisme ? Bernique ! Contre la violence ? Itou ! Les droits de l’Homme ? Walou ! L’environnement ? Pareil ! La santé publique ? Des clous ! Les joueurs, avec les produits qu’ils prennent et leur excès de sport (et oui, c’est comme tout, point trop n’en faut !) réduisent leur espérance de vie, d’autant plus qu’à force de faire des têtes, ils flinguent leur neurones : à aucun moment on ne parle de maladie professionnelle les concernant ! La sécurité ? Je me marre ! Souvenez-vous du Heysel et de Furiani ! Et même l’économie, si, si ! Un pays qui organise la coupe du monde voir sa sacro-sainte croissance économique RALENTIE pendant la compétition, sans qu’aucun de nos dirigeants qui élèvent la croissance au rang de veau d’or moderne ne s’en émeuve ! « La raison, explique Fabrice Nicolino, est toute simple : on minore les travaux, on majore les rentrées touristiques attendues. À chaque coup ». C’était il y a trois ans et rien n’a changé, le foot est toujours maître partout… Flippant, non ?

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Professeur Choron, Tout s’éclaire !, pensées philosophiques recueillies par Martin, Le Dilettante, 2001 : Le grand regret de Cavanna concernant son défunt acolyte Choron est que ce dernier n’ait pas davantage écrit ; de fait, si la bibliographie de Cavanna nécessite toute une page en petits caractères tapés serrés, la bibliographie de Choron, elle, tient sur un post-it. Et encore, ce recueil paru quatre ans avant sa mort doit beaucoup à l’un de ses fidèles, le citoyen grolandais Éric Martin, par ailleurs co-réalisateur avec Pierre Carles du documentaire Choron dernière, qui a recueilli les propos dactylographié dans ce petit ouvrage  d’un peu plus d’une centaine de pages. D’une certaine manière, Martin est à Choron ce que Platon a été à Socrate. Trop élogieuse, la comparaison ? Pas tant que ça : le professeur avait assurément en commun avec le philosophe athénien d’avoir sur le monde et la vaine agitation de ses contemporains un regard « paradoxal » au sens fort du terme c’est-à-dire qui se distingue de l’opinion commune, non pas pour le plaisir de se distinguer de la masse mais par méfiance envers les préjugés qui brident la pensée. Évidemment, ça reste de l’humour, Choron n’ayant jamais été capable de se prendre au sérieux, mais pour qui sait lire entre les lignes et apprécier le second, le troisième voire le millième degré, on est surpris par la lucidité du fondateur de Hara-Kiri ; Choron était bien un cynique, mais au sens de Diogène, c’est-à-dire qu’il n’avait pas peur des vérités qui fâchent et avait compris la nécessité de se débarrasser les faux-semblants qui dissimulent les vérités que le commun des mortels se refuse à reconnaître, de peur de ne plus jouer le jeu de la comédie humaine… Difficile de résumer un livre qui aborde autant de sujets en si peu d’espace, surtout avec un ton aussi atypique : un livre signé Choron ne se résume pas, il se prend en pleine poire, c’est, comme dirait Cavanna, un « grand coup de poing dans la gueule ».

Théo Fraisse et John Victor, Les objets de bistrot, De Borée, 2013 : Voici un livre qui n’a pas une grande prétention intellectuelle mais qui n’en constitue pas moins un document intéressant en tant qu’il dresse un inventaire quasi-exhaustif de tout ce qui « fait » l’ambiance de ces importants lieux de sociabilité que sont encore aujourd’hui les débits de boisson ; loin de se limiter à un catalogue des objets que n’importe quel particulier peut s’acheter dans une brocante, l’ouvrage énumère tout ce sans quoi un bistrot ne serait pas un bistrot, y compris les devantures et le parquet, et rappelle de quelle façon tous ces éléments ont évolué au fil de l’Histoire. Un livre pour les curieux, les collectionneurs et les chercheurs ; mais pour vraiment connaître l’ambiance des estaminets, le mieux à faire, c’est encore d’y aller… Encore un verre, patron !

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Gilles Verlant, L’Histoire de les Nuls, Canal+, 1995 : Souvenez-vous, ils n’étaient pas si Nuls ! Deux ans après la sortie de la Cité de la peur, Canal+ avait distribué à ses abonnés ce petit livre recueillant des interviews de Chantal Lauby, Alain Chabat et Dominique Farrugia ainsi qu’un chapitre en hommage à Bruno Carette et la « cv-graphie » complète (pour l’époque) du mythique quatuor d’humoristes de la chaîne à péage. À l’époque, Chabat n’avait pas encore sorti Didier et Farrugia n’avait pas encore fondé Comédie !, c’est donc dire si ce petit opuscule offre une « photographie » de la carrière des Nuls à une époque où celle-ci n’en est encore qu’à ses balbutiements : ce petit ouvrage, richement illustré, constitue donc un document du plus haut intérêt pour toute personne désireuse de connaître les coulisses des six années de bonheur que les fab four de la déconne ont apportées à la télévision française, étant donné que tout ce que les Nuls ont fait par la suite ne peut pas faire écran entre cette période et le regard de Gilles Verlant qui a ainsi tout le loisir de décortiquer cette époque. C’est tellement bon de rire, parfois…

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Bernard Swysen, Noisette le hamster, P&T productions, 1995 : D’accord, c’est de la BD pour les mômes, mais l’univers de Noisette le hamster doré n’est jamais mièvre et, à l’instar du petit monde des bestioles de Raymond Macherot (qui a sûrement influencé Swysen), il tend un miroir à peine déformant à notre société avec son cortège de pétasses, de commerçants arnaqueurs, de médecins charlatans et de brutes épaisses. Dans cet univers déambule Noisette, une demoiselle hamster bourrée de contradictions : cérébrale mais naïve, active mais paresseuse, tendre mais violente, coquette mais morfale, féministe mais avide de charme viril et, surtout, bavarde, prétentieuse et manipulatrice hors pair dès qu’il y a un sale boulot à confier à Julot, son éternel fiancé, un souriceau qui ne manque ni de bon sens ni de gentillesse (il en faut pour se laisser faire ainsi !) en dépit d’un talent certain pour prononcer des mots malheureux. C’est un peu Scènes de ménage à la portée des enfants, en somme ! Sauf que là, c’est drôle…

A bientôt pour de nouveaux coups de cœur littéraires ! Kenavo, les aminches !


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