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La bataille contre l'Union européenne n'aura pas lieu - il faudra auparavant du coup d'oeil

Publié le 25 novembre 2013 par Edgar @edgarpoe

L'équitaxe est l'objet des manifestations de ce week-end. Nul doute que l'on peut tourner en ridicule ces professionnels de l'équitation, comme l'on peut renvoyer à leurs binious les bretons et à leurs subventions les agriculteurs franciliens.

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Procéder ainsi relève d'un manque de coup d'oeil, à mon humble avis. Chacune de ces colères peut sembler partielle, relever de la défense d'intérêts chaque fois privés.

Sauf que la cause de chacun de ces mécontentements est commune : l'impécuniosité de l'état, qu'entraîne notre appartenance soumise à l'eurozone.

Le lien n'est pas simple à faire, notamment car la presse prend bien soin de faire de chacun de ces mécontentements une sorte de rituel folklorique, ne retenant des manifestants que les chevaux, les bonnets ou les tracteurs.

Pour ceux qui sont conscients du désastre qu'est l'appartenance à l'Union, il est aussi aisé de trouver que les manifestants ne font pas "avant-garde". Leur conscientisation est un peu insuffisante. Il faut donc se réserver pour plus tard, pour la grande bataille contre l'Union européenne.

Je crois cependant que cette grande bataille n'interviendra jamais, si un effort n'est pas fait pour rattacher ces mouvements partiels, maladroits, qui peuvent sembler relever d'intérêts privés, à une lutte unique et plus importante.

Ce que je saluais précédemment chez Todd, même avec ses indéniables maladresses d'expression et ses enthousiasmes successifs, c'est le coup d'oeil, qui a su dépasser l'interprétation immédiate du conflit breton comme enjeu local, pour le rattacher à un combat national.

*

Cette question du coup d'oeil, de la capacité à ordonner les priorités (dénoncer les biens réelles tentatives de récupération autonomistes du conflit breton notamment est un point, en conclure qu'il n'y a rien à voir avec la totalité des manifestants bretons est un autre) m'est apparue en lisant un extrait de courrier de Jacques Chardonne à Paul Morand.

En 1946 donc, le premier écrit au second : "La Frette est peuplée d'arabes. Ils ont tué, ici, plus de gens que les allemands, et ils sont affreux. Mais la France aime à être occupée." Il y avait donc des gens pour estimer en 1946 que "l'occupation arabe" était plus dangereuse, au fond, que celle des allemands.

Comme aujourd'hui le FN tend à laisser croire que le danger islamiste serait plus grand que l'asphyxie européenne.

Ce serait, en sens inverse, manquer de coup d'oeil que d'ignorer complètement les risques d'atteinte à la laïcité. J'ai lu cette semaine que 25% des événements organisés dans les universités britanniques seraient, à la demande d'associations musulmanes, organisés selon des critères de non-mixité. Apparemment, cela provoque un débat nécessaire et bienvenu.

Cela montre également que les réactions du corps social sont bien assez fortes pour que ce sujet ne prenne pas une part excessive dans le débat politique - on note que UKIP, malgré les caricatures, n'a pas fait de la lutte contre l'immigration un thème central de son programme.

Aujourd'hui où la France est dans un tourbillon et semble craquer de tous côtés, il est important non de simplifier, mais d'ordonner. De faire preuve de mesure. Et de ne pas forcément attendre un grand soir (anti)européen qui ne viendra pas.


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