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De la taxation à la spoliation : l’inexorable débâcle française

Publié le 29 novembre 2013 par Copeau @Contrepoints
Billet d'humeur

De la taxation à la spoliation : l’inexorable débâcle française

Publié Par Marc Suivre, le 29 novembre 2013 dans Politique

On nous assure que Hollande a pris la mesure du ras-le-bol fiscal. Mais a-t-il bien compris les causes du « désenchantement du rêve français » ?

Par Marc Suivre.

Hollande t'es pas le bon cheval

Chaque jour que Dieu fait, nous nous enfonçons un peu plus sûrement dans la crise, par la grâce d’une Présidence normale autoproclamée. Pourtant, pareil aveuglement, pareille persistance dans l’erreur, pareil acharnement à nier les évidences, ne relève pas de la normalité, mais de la pathologie. « Le socialisme arrive très rapidement à court de l’argent des autres » disait Margaret Thatcher en s’inspirant librement de Winston Churchill. Malheureusement pour nous, il semble que nos socialistes aient décidé d’appliquer ce principe jusqu’à l’absurde.

Taxes : du concours Lépine au ras-le-bol fiscal

Hollande a, nous assure-t-on du côté des médias subventionnés, pris la mesure de ce que son inénarrable ministre de l’économie a qualifié de ras-le-bol fiscal du peuple français. Il faut dire que depuis le retour des vacances, nous peinons à voir les effets pratiques de ce juste constat présidentiel, tant nous ne cessons de mesurer le sens aigu de la « justice » et de la « mesure » fiscale qui anime notre gouvernement. Pas une semaine sans qu’une nouvelle ponction ne vienne réjouir notre moral de consommateur et illustrer la désormais célèbre « pause fiscale » prévue pour 2014, 2015 les calendes grecques. Cette frénésie taxatoire n’épargne personne. Certes le mouvement avait été initié par le duo de comiques troupiers Sarkozy/Fillon, derniers héritiers en date du collectivisme de droite. Est-ce au prétexte que leurs prédécesseurs étaient d’irresponsables gaspilleurs que nos champions d’une France « apaisée » (jusqu’à la limite de l’émeute) doivent perpétuer une politique qui produit d’aussi navrants résultats ?

À force de rejeter la faute sur Sarkozy — qui ne faisait qu’appliquer les mêmes recettes collectivo-keynesiennes que lui — Hollande prend le risque de se faire traiter d’autiste (au mieux). Toute sa campagne n’a été qu’une vaste fumisterie, toutes ses promesses des attrape-nigauds (il aurait eu tort de se priver, tant leur nombre semble inépuisable). Sa candidature a été tournée vers la satisfaction immédiate des intérêts de toute une ribambelle de minorités toutes plus égo-centrées les unes que les autres. Une union électorale d’intérêts passablement divergents ne produit pas le ciment de solides fondations politiques. Une fois satisfaite dans ses espérances du moment, une minorité reprend le large et ne voue pas un culte permanent au grand sauveur. A contrario, si vous ne tenez pas vos promesses, vous créez un mécontentement tenace. C’est ce qui est arrivé au petit copain de Valérie Trierweiler. Les homosexuels ont eu leur mariage et pestent à présent, comme les autres, contre les taxes tandis que les immigrés qui n’ont toujours pas le droit de vote — qui ne servait qu’à faire monter le FN — en veulent diablement au meilleur ami de Jacques Chirac. Vous multipliez cela par des Bretons écotaxés, des automobilistes harcelés, des travailleurs surfiscalisés, des policiers ridiculisés, des victimes violées dans leurs droits et des voyous sacralisés et vous arrivez aux 15 % d’opinions favorables dévolus actuellement au bidibulle de l’Élysée.

Perpétuer un modèle à bout de souffle

La seule justification à la persistance du socialisme comme méthode de gouvernement réside dans le fait que les politiciens qui le mettent en œuvre sont persuadés que c’est par l’assistanat qu’ils assurent leur pouvoir. Cette assertion est fausse, car leur légitimité est de plus en plus contestée et (car ?) ils n’ont plus que l’apparence du pouvoir. Toutes les décisions échappent assez largement à notre (nos) piteux gouvernement(s). Il n’est qu’à voir le ridicule des dernières propositions à destination des clubs hippiques pour s’en rendre compte. Bruxelles (comprendre les méchants) force la France à appliquer un taux de TVA à 20% sur une activité qui se voyait taxée à 7%. On comprend l’émotion d’une filière qui s’en remet, pour les conséquences de la mesure, à l’étude d’impact que le même gouvernement a obligeamment fournie à la Commission pour essayer de l’attendrir : – 6000 emplois… une paille pour un secteur qui, jusqu’ici, ne demandait rien à personne ! De là l’idée, forcément géniale complètement idiote, de Bercy, de compenser la ponction à coup de subventions… Kafka n’est pas mort, il a juste fusionné avec Courteline.

Si ça bouge : taxez-le ! Si ça continue à bouger : régulez-le !
Si ça s’arrête de bouger : subventionnez-le !
Ronald Reagan quarantième Président des États-Unis (1911-2004)

Bien sûr, le réflexe premier est de se demander ce que l’Europe peut bien avoir à foutre du taux de TVA applicable aux activités équestres. Il y a fort à parier que l’Europe se soucie comme d’une guigne des canassons français. Il est plus que probable que cette activité n’ait simplement pas été, à temps, intégrée dans le champ des activités relevant du taux réduit. Nos « décideurs » allient, en la matière, l’incompétence la plus crasse à la fourberie la plus éhontée. Et ce sont les mêmes qui vont venir nous enfumer avec le populisme qui fait haïr l’Europe, tout en nous rappelant les « zheures-les-plus-sombres-de-notre-histoire ». La gauche n’a plus d’idée depuis le Front Populaire, elle n’a plus que le monopole de la morale. Elle en est pourtant singulièrement dépourvue.

Gribouille fait de l’économie

imgscan contrepoints 2013-2425 impôts et taxesAvant de se lamenter à longueur d’ondes et de colonnes subventionnées par le contribuable sur la fin du « consentement à l’impôt » et autre révolte fiscale, il conviendrait de s’interroger sur les causes de ce « désenchantement du rêve français ». Comment se fait-il que la Bretagne, terre socialiste depuis 20 ans, sombre ainsi en seulement 18 mois, dans le « populisme » le plus vil, avant que l’on ne dénonce son « nationalisme exacerbé » prélude au couplet sur le ventre fécond de la bête immonde (selon la dernière Vallserie à la mode). À dénombrer, ces derniers temps, les mécontents que génère l’exécutif normal, on en vient à se demander si la matrice de dite bête n’est pas une fabrique de chewing-gums (selon l’excellente expression de mon très estimé confrère H16). Hollande, le Président des 40 voleurs, s’est pris les babouches dans son tapis volant. Ignorant des mécanismes de l’économie de marché, comme seul peut l’être un énarque membre de la Cour des Comptes, il a probablement cru que Robin des Bois était un prix Nobel d’économie. Il a donc décidé d’appliquer ses généreuses théories, pour sauver le pays et sauter « belle Marianne » en prime. Hélas, une fois renversés le Prince Nicolas, son fils Jean et le Shérif de Sablé-sur-Sarthe, la méthode qui consiste à prendre aux riches pour donner aux pauvres a fait long feu. Le riche fout le camp à l’étranger, le pauvre tire tout sauf la croissance et la classe moyenne qui, jusqu’ici, assurait la bonne tenue de la consommation, se recroqueville, comme un boxeur sonné sous les coups bas d’un fisc déchaîné. La conséquence de tout ce gâchis c’est une croissance négative (novlangue pour récession) et une France qui plombe lourdement le timide redémarrage de la zone Euro. Toute ressemblance avec au choix : la Grèce, l’Italie, l’Espagne ou le Portugal n’a rien de fortuit.

Désargentée, affolée à l’idée de devoir assumer ses erreurs et ses errements populistes, notre élite politique est arrivée au bout de sa logique spoliatrice. Après le travail, elle s’en prend à l’épargne avec un raisonnement confondant d’imbécillité économique : « la justice commande de taxer le capital autant que le travail ». Ne tentez surtout pas d’apprendre à un collectiviste que sans capital il n’y a pas de travail, c’est au-delà de ses capacités cognitives. Le mal français est plus profond. Le fait que, pas un de ces beaux esprits ne se soit demandé si la solution ne consistait pas à réduire le périmètre de l’État afin de pouvoir abaisser la fiscalité du travail au niveau de celle du capital, est très préoccupant. Il est vrai que les moutons ne se tondent pas tout seuls.

Taxer l’épargne : une faute morale

Taxer l’épargne après avoir alourdi, comme jamais, tous les autres prélèvements qui viennent priver les salariés du droit de jouir des fruits de leur travail est le plus sûr moyen de précipiter un pays vers sa ruine. Ce n’est pas quand la consommation se contracte, faute de liquidités disponibles dans les poches des consommateurs qu’il est judicieux de venir s’attaquer à leurs bas de laine. Contrairement à l’idée que s’en faisait Mitterrand (le grand économiste polygame de Vichy), l’épargnant ne s’enrichit pas en dormant. L’épargne ne tombe pas du ciel. Elle est le résultat d’un comportement économique rationnel qui fait qu’un individu décide, en toute conscience, de ne pas consommer l’intégralité de son revenu disponible. Ce faisant il met une partie de ses ressources de côté « au cas où ». L’épargne, spécialement en France, c’est une sécurité à laquelle on est d’autant plus attaché que les temps sont incertains. S’y attaquer en ce moment, c’est provoquer immédiatement un sentiment de panique, aussi utile à la reprise économique qu’un camp d’entraînement d’Al Qaida l’est au développement du tourisme de masse.

L’autre point tout aussi fondamental qui milite pour une non-imposition de l’épargne est justement que cet argent a déjà fait l’objet de prélèvements de toutes sortes. Que les sommes en question aient été héritées (droits de succession) ou retranchées du revenu disponible (après IRPP, TVA, TIPP et autres joyeusetés), l’épargne a déjà subi l’impôt. En remettre une couche au nom de la nécessaire solidarité avec : les nécessiteux, les services publics et tout autre parasite social est une escroquerie drapée dans le compassionnel. La vraie solidarité consiste à permettre aux acteurs privés (associations, fondations, œuvres caritatives) de collecter des fonds pour les répartir entre les personnes qui en ont besoin. Ces institutions le font beaucoup mieux que l’État et – bien qu’un effort en ce sens ne serait pas inutile – gaspillent au passage beaucoup moins que lui en frais généraux (comprendre les salaires des chargés de collecte et redistribution).

Vous m’objecterez que ce qui est taxé dans l’épargne, ce sont les plus-values, pas le capital. Demandez donc au Chypriotes grecs ce qu’ils pensent de cette brillante analyse servie par tout ce que la classe jactante compte de mous du neurone dans les journaux vus, parlés et écrits. Certes ils sont grecs et chypriotes de surcroît. Comme chacun le sait : au pays de l’ouzo, le pâtre se dore la pilule au bord d’une mer turquoise en attendant que les grands blonds du nord viennent lui apporter ses subsides. La France est la seconde puissance économique de l’Union Européenne que diable, une vieille démocratie, un pays bien administré et qui jamais ne sombrera dans les travers hellènes. C’est à voir ! La Grèce a été plombée par un secteur public hypertrophié, allié à un clientélisme électoral débridé : nous aussi ! La Grèce a perdu la confiance de ses partenaires par son incapacité à se réformer : nous n’en sommes plus très loin ! La Grèce a affolé les marchés et failli mettre l’Euro par terre, à cause de son incapacité à lever l’impôt : nous y sommes !

Ne vous y trompez pas, la fiscalisation de l’épargne (capital et plus value) c’est le dernier pas avant l’abîme. Le Moloch ne tombera pas avant d’avoir tout sucé. Après un choc de simplification qui n’a secoué personne faute d’avoir eu lieu, les socialistes passent la surmultiplié dans l’enfumage en parlant de réforme fiscale. Voir un socialiste réformer l’impôt c’est comme voir un cycliste renoncer à ses « fortifiants », un syndicaliste travailler, un sandwich SNCF appétissant, un percepteur compréhensif, un ministre de la justice répressif ou un député UDI de droite : c’est une vue de l’esprit. Le fait que le lavabo qui sert de Premier ministre débute ses consultations par les syndicats qui, comme chacun le sait, ne représentent que les intérêts du secteur public est très révélateur. La raison d’être des parlementaires est précisément de représenter leurs mandants pour déterminer le budget de la nation et partant, le niveau des prélèvements à opérer sur les revenus des Français. Le fait que l’on noie le Parlement sous une avalanche de textes législatifs inapplicables qui n’ont pour seul objectif que de faire sortir l’infra ministre, auteur du texte en question, de l’obscurité qui le recouvre sitôt passé le « passionnant » débat, n’enlève rien à ce principe. C’est pour obtenir des impôts que les rois ont cédé leurs pouvoirs aux Parlements (plus où moins volontairement et certains ont même perdu la tête dans l’opération). Il n’empêche, terminer ces « consultations » par les politiques, en dit plus long sur la volonté d’aboutir des héritiers de Robespierre que toutes les belles intentions qui ne sont plus écoutées que par ceux qui aiment encore à être dupés.

Cependant, réjouissons-nous, car, dans cette actualité morose et terne, nous avons une lueur d’espoir, une raison d’espérer. Valérie Trierweiler — dont la parole nous manquait — nous a assuré qu’elle était déterminée à ne plus se taire (chouette !). Désormais c’est en s’inspirant de son modèle : Danielle Mitterrand (re-chouette !) qu’elle entend participer  au fiasco de son concubin (Danielle, elle, préférait son Cubain moins con qu’hirsute, mais chacun ses goûts). À notre époque le ridicule ne tue plus, il désole tout simplement. Décidément, comme le faisait dire Michel Audiard à Lino Ventura : les cons ça ose tout, c’est même à ça qu’on les reconnaît… alors vous pensez si les connes sont détectables !

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