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Le Darknet n'existe pas

Publié le 02 décembre 2013 par Tetue @tetue
Le Darknet n'existe pas

À en croire les médias, le « Darknet » serait un réseau parallèle, sorte de bas-fonds d'internet, repère de criminels et de terroristes, où trouver « drogues, armes, numéros de cartes de crédit » dit France 2, « films nécrophiles et pédophiles » dit Marianne. Ça se passerait dans un Web profond, non indexé par les moteurs de recherche, à l'insu de la majorité des internautes, qui restent en surface, sur les autoroutes de l'information, sans trop s'éloigner des grandes artères que sont devenus Google et Facebook.

Obscur, secret et anonyme, le darknet fait peur. Il échappe à la surveillance. Est-ce un problème ?

Il y a, certes, des pédocriminels, des nazis et des dealers sur internet. Comme dans nos rues. Condamne-t-on les rues pour autant ? Il est plus facile, aux USA, d'acheter une arme au supermarché du coin que sur Silk Road, le marché noir du darknet. Mais les médias s'inquiètent excessivement de ce second cas, diabolisant internet, son côté obscur, appelé « darknet ».

Secret, anonymat et autonomie, bien avant d'être les caractéristiques décriées du darknet, sont les trois composantes de la vie privée. Le discours ambiant en fait des composantes suspectes, à l'instar du patron de Google, pour qui l'anonymat sur internet ne sert que ceux qui veulent commettre des crimes. Ceux qui râlent contre les pseudos sur le web sont-ils prêts à avoir leur nom et adresse au lieu d'un numéro d'immatriculation sur leur véhicule ? Forcés de n'avoir rien à cacher, accepteriez-vous de porter un bracelet électronique pour être localisables et identifiables à tout moment de votre vie ? C'est pourtant ce qui se passe sur internet.

La notion de vie privée est acceptée et respectée dans la vraie vie, mais remise en question en ligne, au nom de la transparence des réseaux, propre à une société de surveillance généralisée, qui s'appuie sur trois choses : l'hypercentralisation (comme Facebook), les systèmes fermés (comme Mac, PC) et la fausse sensation de sécurité. Tout le contraire d'internet, réseau à l'origine décentralisé, libre et indépendant. Ce que d'aucuns appellent darknet, c'est juste l'internet. En réalité, tout est darknet, sauf le web dominé par Google et Facebook.

Ce qui est véritablement inquiétant ce sont les journalistes qui, comme des moutons, répètent sans chercher à comprendre. Pour Jérémie Zimmermann, co-fondateur de la Quadrature du Net, le darknet est une invention de journalistes, « un spin pour servir la lutte contre l'anonymat et la vie privée, bref la facebookisation du web ». Le darknet n'existe pas, le darknet c'est l'internet.


À lire et réécouter :

Saviez-vous que le darknet, en tant que réseau privé virtuel, d'ami à ami (Friend To Friend), est aussi appelé « bisounet » ?

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