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Education: comment cette droite nous a pris pour des cons.

Publié le 04 décembre 2013 par Juan
Education: comment cette droite nous a pris pour des cons. Nous étions le 10 octobre dernier. Un ministre, justement en charge du sujet, lâchait un faux scoop: "Vous allez voir en décembre on va avoir les nouvelles études Pisa. La France décroche totalement dans les performances de ses élèves. Sur dix ans, ça devient dramatique." Ce ministre s'appelait Vincent Peillon, et il avait raison, avec 7 semaines d'avance.
Quel choc ! Quelle surprise ! Un classement international, le dénommé PISA, place la France dans les bas-fonds des acquis scolaires de base - lire, compter. L'enquête a été menée au printemps 2012. Et voici tout ce que la France compte d'experts et de commentaires multiplier les explications et les indignations.
Ce 3 décembre de 2013, on nous prenait pour des cons.
Un ancien ministre de l'enseignement supérieur, probable candidat perpétuel à n'importe quelle présidentielle à venir, le dénommé Laurent Wauquiez, s'est avancé à attribuer à Vincent Peillon la responsabilité de ces mauvais résultats. L'étude, portant sur 5000 élèves français, avait été réalisé en mai 2012.
Un responsable de l'Institut Montaigne expliquait dans les colonnes des Echos ce même 3 décembre: "on ne finance pas suffisamment le primaire, on surfinance le secondaire de 20 % par rapport aux autres pays de l’OCDE et on sous-finance l’enseignement supérieur." Laurent Bigorgne bataille depuis longtemps pour un rééquilibrage en faveur du primaire. Mais que n'a-t-il dit, depuis l'institut neo-lib qu'il préside depuis 2010, contre les réductions de moyens et d'effectifs ?
Il y a quelques mois, quelques années tout au plus, nous entendions ceci:
"Si nous obtenons que des professeurs, dans le cadre de la réflexion sur leur métier, acceptent d'être moins nombreux mais d'avoir un temps de travail différent, volontaire, évidemment, grâce à des volants d'heures supplémentaires importants, nous pouvons sans doute trouver des ajustements" Xavier Darcos, ministre de l'Education nationale, juin 2007.
"Nos enseignants sont mal payés parce qu'ils sont trop nombreux" Nicolas Sarkozy, février 2012

"Si j'exonère l'Education Nationale, où est-ce que je les trouve, les économies ?" Nicolas Sarkozy, janvier 2010
"S'il suffisait d'embaucher des profs pour que l'école fonctionne et que les profs soient heureux, on aurait l'école qui fonctionne le mieux au monde et les profs les plus heureux au monde" Nicolas Sarkozy, février 2012
Et donc, ce jour de décembre 2013, quelle surprise d'apprendre que la France était reléguée au 25ème rang, sur les 65 pays mesurés en matière de calcul et de lecture.
Rappelons donc quelques chiffres et données, à celles et ceux qui font mine de découvrir le désastre:
1. L'effort de financement global de l'éducation en France a baissé de près d'un point de PIB entre 2000 et 2009. Le budget de l'Education nationale (hors recherche et enseignement supérieur) représente 21% du budget de l'Etat en 2012 contre 28% en 2007.
2. Les élèves sont en augmentation constante depuis 2006 dans le primaire (+59.000 en 5 ans), comme au collège (+41.000). Plus de 154.700 postes d'enseignants ont été supprimés entre 2000 et 2011. La réduction des effectifs de la fonction publique, et en particulier enseignants, a été le dernier marqueur idéologique de Nicolas Sarkozy.
3. D'après l'OCDE, la France est l’un des pays qui "amplifie le plus sur le plan scolaire les inégalités sociales avec une part croissante d’élèves en difficulté : 15% en 2000 contre 20% en 2009."
3. En 2011, l'Etat ne consacrait que 5.620 euros par an et par élève dans l'enseignement primaire contre 9.110 euros dans l'enseignement secondaire.
4. La France est rémunère mal ses enseignants si l'on se compare à nos voisins européens: en 2009, le salaire moyen de début de carrière pour un enseignant du primaire dans l'UE à 21 était par exemple de 30.150 dollars contre 24.006 en France et de 39.735 dollars après 15 ans d'exercice contre 33.359 dollars.
5. Le taux de scolarisation à deux ans a chuté de 35% en 2002  à 13,6% en 2010. En primaire, ce ne fut pas mieux: en 5 ans de mandature Sarkozy, le nombre classes primaires a baissé d'environ 500 par an alors que le nombre d'élèves en primaire a progressé de 52.000.
6. La réforme de la formation des profs réalisée par Nicolas Sarkozy a été un fiasco. Le nombre de candidats au professorat a chuté de 35.000 en 2009 à 18.000 en 2010.
7. La réduction du temps scolaire en classe d eprimaire (de 4,5 à 4 jours par semaines), en 2008, fut un échec critiqué dans un rapport de l'IGAENR-IGEN tenu secret jusqu'après l'élection présidentielle de 2012:  la semaine de quatre jours "va généralement de pair avec une déploration unanime des acteurs".
8. La réduction du nombre d'enseignants depuis 2002 a eu un impact désastreux sur le remplacement des professeurs absents. En 2011, un rapport de l'inspection générale expliquait: "Le système est arrivé aujourd’hui, compte tenu de ces pratiques de gestion, accentuées par les récents retraits d’emplois de titulaires sur zone de remplacement, à un point de rupture".
Lire aussi:
  • Les surprises de Sarkozy pour l'Education (Sarkofrance, décembre 2011) 
  • Rythmes scolaires: retour sur la polémique d'un lobby. (Sarkofrance, octobre 2013) 
  • Les résultats des enquêtes PISA (OCDE)
  • L'analyse des résultats PISA 2012, via la Monde.

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