Montpellier : Ob’Art

Ob’Art, salon de l’objet métiers d’art.

L’Imagination Heureuse

appartient à une catégorie d’artistes, des artistes médiums qui s’ignorent souvent. Ils inventent des images, des objets, des formes appartenant à leur imaginaire qui s’est nourri pendant l’enfance et tout au long de la construction de leur culture, sensibilisés à leur environnement. Sans sans rendre compte, ils ont tendance à privilégier les images d’un paradis perdu. C’est une quête sans fin dans le sillage de la poésie, des légendes, des instants d’insouciance heureuse, du bestiaire proche ou exotique, de la beauté d’une ligne , d’une courbe, du ressenti d’une matière lisse ou rugueuse…ils ont cette capacité à ressentir émotionnellement chaque instant.

Associée à la rigueur et au travail bien fait, les créations de ces artisans artistes offrent ce qu’il y a de mieux dans ce domaine.

Dans ce magnifique Salon des Arts de France au Quorum de Montpellier il y a des meubles aux lignes nouvelles, des poteries et des céramiques lourdes ou aériennes, ciselées, rempruntant les couleur de l’aube ou celles crépusculaires du soir. Il y a des verreries en séries, hautes et transparentes, des sculptures de style léger en bois ou en métal évoquant des objets usuels, des encres sur papier plus classiques, des papiers que l’on plisse, colle, découpe, ajoure pour en faire des lampes comme celles présentées par Jean Luc Mare.

Plus loin, on découvre un iguane terrien en céramique plus vrai que nature qui, de son œil noir, regarde passer les gens; un rhinocéros qui fait la sieste; deux poissons qui nagent de concert …Voilà le bestiaire de la céramiste Olivia Tregaut avec ses rêves d’une nature ou l’homme se réconcilie avec elle. Il y a des vêtements travaillés avec des couleurs associant le rouge, le vert le violet et le noir, le tout gansé, enrubanné. Il y a des masques, des parures brodées, des bustiers en passementerie, le crochet et la dentelle reviennent en force. On associe ces ‘perles’ rares d’un art perdu revivifié à des boules de papier savantes, ou enroulées à des branches de bois. Tout est blanc comme l’innocence voulue par Eve Fouquet.

En parlant de perles je m’aperçois que je n’ai vu aucun travail fait avec et il n’y avait aucun son dans cette exposition !

Une autre artiste couvre un fauteuil de roses en tissu rouge. Il y a aussi des pièces de lin coupées , ornées de plumes, revisitant un folklore lointain. On trouve des bijoux pour tous les goût mais pas forcément révolutionnaires dans leurs formes. Tous les métiers des artisans sont à l’honneur et toutes les matières ainsi que la qualité artistique mis en œuvre jouent leur partition dans cette exposition. Ces œuvres sont le sourire de la vie . Elles sont aussi une forme silencieuse et inavouée de lutte contre la mélancolie et le doute qui sont ceux de tous les vrais artistes. C’est le triomphe de l’innocence sur la brutalité, de la beauté harmonieuse sur ce qui est laid, de l’humour discret contre l’apathie. C’est l’homme réconcilié avec la nature et ses créatures, son environnement.

Ces artistes à l’Imagination Heureuse, parlent à leur monde intérieur s’échappant ainsi du monde réel déstabilisant et chaotique. Ils rêvent éveillés, il dorment sur les nuages, ils voient la vie frémir et leur regard se perdent dans l’arc en ciel Leur tête est sonore de tous les poèmes qui réenchante la vie.

Oui, il s’agit bien de cela, faire rêver les hommes qui ont été privé de leurs rêves, réenchanter ce quotidien morose qui est celui d’une société qui a oublié ses poètes.

Alice Caron Lambert

Site internet du salon : http://salon-obart.com/