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Compte rendu débat "Courbevoie 3.0" sur la "sécurité pour tous"

Publié le 05 décembre 2013 par Courbevoie @Courbevoie30
Ce lundi 25 novembre, c’est plus de 150 Courbevoisiens qui se sont déplacés pour le débat « Courbevoie 3.0 » sur le thème de la sécurité, au restaurant Paparotti.



Il faut dire que l’actualité sur la sécurité à Courbevoie est malheureusement riche depuis de longs mois. Nous pensons notamment au braquage du Sushis Shop à la rue de Bezons (9 juillet 2013) et d’un vol de  15000 euros, au distributeur de la Banque Postale braqué à l’explosif au 38, avenue de Puvis deChavannes au Faubourg de l’Arche (12 novembre 2013) ou encore au braquage de la banque de la Bred avenue Marceau en pleine journée à la voiture-bélier (mardi 3 décembre).   

Après un bref rappel sur les actions apolitiques du club « Courbevoie 3.0 », son président fondateur, Arash Derambarsh, a rappelé la façon dont le débat allait être mené.

Il pose un premier constat sur le sentiment d’insécurité latent dans la ville de Courbevoie.Selon lui, la délinquance n’est évidemment pas la même à Marseille qu’à Courbevoie. De même celle-ci diffère selon que l’on vive dans une cité ou en résidence pavillonnaire.Pour Christophe Caupenne (Commandant de police et ancien patron de la négociation au RAID), « Nous avons à faire à une délinquance mobile. Tout le monde regarde la délinquance par le prisme des médias qui créent le buzz au niveau national. Certains faits divers ne touchent plus uniquement localement mais deviennent des affaires nationales ».Il faut garder à l’esprit que l’insécurité est plus une question de ressenti que de jugement objectif. Mohamed Douhane (Commandant de police et secrétaire national Synergie Officiers CFE-CGC) précise à ce propos que « la mesure de la délinquance est complexe. Les chiffres reposent sur des logiciels, faillibles, qui n’évoluent pas toujours aussi vite que la société et l’interprétation et le référencement de ces chiffres est souvent orientée politiquement. »

De la considération de la victime.Le premier point soulevé est l’absence de considération pour les victimes qui constatent que leurs plaintes est souvent refusées par les autorités policières de Courbevoie (main courante ou refus de prendre la plainte). Cette notion sera abordée à nouveau par le public qui critiquera vigoureusement le système de main courante qui repose sur le principe suivant : un fait est porté à la connaissance de la police mais cela n’engage pas de poursuites judiciaires.Pour Arash Derambarsh, président du club « Courbevoie 3.0 », toute victime a le droit de voir sa plainte enregistrée (article 15-3 du code de procédure pénal). Le policier n’étant pas là pour attester de la légitimité de la plainte, ce rôle incombant au procureur de la république.Cette réflexion, bien que fondée, laisse les commandants de police présents dans la salle dubitatifs quant à sa réalisabilité. En effet, si les agents de police sont bien là pour enregistrer les plaintes, ils sont aussi là pour alléger le travail du parquet et faire la différence entre les plaintes qui pourront être suivies et celles qui seront classées sans suite. Le commandant Mohamed Douhane indique que ces classements sans suite successifs conduisent à un sentiment d’insécurité, « A peine 5% des enquêtes de police font l'objet d'une instruction ». Quant au commandant Christophe Caupenne, il déplore le manque de visibilité sur la décision judiciaire. Michel Chopinaud (membre du conseil syndical de la copropriété des Damiers à la Défense 1) pose un autre constat : « Les français veulent de plus en plus de sécurité alors que les chiffres de la délinquance sont en baisse » et ajoute « quand il y a une infraction il doit y avoir une sanction ». Il se scandalise par ailleurs, quand il entend dans certains commissariats que la première question posée à une victime d’escroquerie ou de vandalisme est : « est-ce que vous êtes assurée ? ».M. Derambarsh met en garde contre un sentiment globalisé d’insécurité en augmentation qui incite de plus en plus de personnes à se substituer à la police : « Il n’y a rien de pire dans une démocratie que lorsque les citoyens veulent se faire justice eux-mêmes. »La police municipale, lien entre les citoyens et la police nationale.Le rôle de la police municipale est de prévenir ou détecter la délinquance en assurant une présence constante sur le terrain. Ce faisant, ses effectifs doivent refléter la population de la ville. A l’heure actuelle, il existe 260.000 policiers en France, indique Mohamed Douhane, ce qui paraît mince par rapport à la quantité de faits qui sont observés, il déclare ainsi :« Il y a beaucoup de faits pour un effectif qui n'est pas à la hauteur, 260.000 agents pour tout le territoire. […] Nous sommes dans une période de restriction budgétaire. Quelle que soit la question, le policier est bien souvent le premier interlocuteur du citoyen. »Par ailleurs, souligne Jacques Fratellia (élu à Courbevoie de 1983 à 2008), « Les effectifs de police municipale n’ont quasiment pas évolué depuis l’époque où la ville comptait 60.000 habitant, or, la ville en compte 88.000 à l’heure actuelle. La police municipale n’a pas les moyens d’assurer son rôle de proximité avec les citoyens. »Certaines personnes dans la salle critiqueront ce manque de présence car cela génère des zones de non droit où la police refuse de se rendre pour des faits qu’ils considèrent comme mineurs, d’après les témoignages.Mohamed Douhane insiste fermement sur la collaboration étroite entre les effectifs de police nationale et municipale. Elle est impérative car selon lui, « la police nationale ne peut pas tout faire ».Michel Chopinaud souligne que les forces de polices ne communiquent pas assez ensemble.M. Derambarsh déplore, par ailleurs, l’incapacité locale d’agir pour la police municipale lorsqu’elle se trouve en situation de flagrance. Il cite l’exemple d’une voiture qui a été la cible d’une bombe à eau. Dans cette affaire, la police municipale n’a pas pu agir car elle avait pour ordre de ne pas le faire.La vidéosurveillance, un outil dévoyé.Pour illustrer le mauvais usage qui est fait de la vidéosurveillance à Courbevoie, Michel Chopinaud prend l’exemple suivant : « Certaines personnes sollicitent la mairie pour le placement de la vidéosurveillance dans la ville et notamment au niveau des parkings. Ce faisant, le prix du parking devient prohibitif alors que le prix d’origine correspondait déjà à ce qu’il devrait être sous vidéosurveillance ». Christophe Caupenne considère que « l’automobile est une machine à cash pour l’Etat », et ce même au-delà du prix des parkings et des contraventions que subissent de plus en plus les automobilistes. Et rappelle que « derrière chaque caméra doit se tenir un homme. Les caméras permettent d’avoir des fonctionnaires qui donnent des orientations rapides aux équipes de terrains, c’est pourquoi la traçabilité des information est importante ».   Pour Mohamed Douhane, « La vidéosurveillance permet un meilleur quadrillage sur le plan national et l’intérêt est également dissuasif. Certains endroits, notamment du côté de la Défense ont été pacifiés grâce à la présence de caméras ».Jacques Fratellia met aussi en garde contre l’utilisation massive des caméras au détriment d’une présence sur le terrain, et rejoint Christophe Caupenne dans son propos : « Une caméra ne peut pas remplacer un agent de police ».La lutte contre la cybercriminalité, un travail de longue haleine qui n’en est qu’à ses débuts.La cybercriminalité touche de plus en plus de monde mais n’est pas clairement définie par le système judiciaire. Elle se répand pourtant par les réseaux sociaux et par les avancées technologiques en général.Homayra Sellier (Président de l’association Innocence en Danger, lutte contre la cybercriminalité) met en garde contre les réseaux parallèles qui existent sur internet et qu’elle nomme « darknet ». Ces réseaux « jouissent de nouveauté, notamment au niveau du financement via le système de « hit-points » qui permet de brouiller plus efficacement les traces des flux financiers ».En tant qu’outil, internet permet aussi de retrouver rapidement des enfants disparus. La présidente d’Innocence en danger indique que « les services de police peuvent utiliser le service de géolocalisation pour retrouver l’enfant disparu, mais cette utilisation doit être faite dans les deux à trois heures qui suivent l’enlèvement pour qu’elle soit efficace. […] La cybercriminalité est en pleine expansion, c’est un problème mondial où la France est en retard. On peut espérer une évolution sur le plan juridique mais il faudra attendre, comme d’habitude, que les lois voient le jour dans les pays anglo-saxons dans un premier temps ».Sur la question de la géolocalisation, le président du club « Courbevoie 3.0 » met en garde : « certaines personnalités qui indiquaient être en vacances dans un lieu très éloigné de leur lieu de résidence se sont retrouvées, à leur retour, cambriolées ». Il soulève aussi le manque d’adaptation du système judiciaire par rapport à ces questions centrales.« Tout le monde peut être diffamé sur internet, mais pour prendre la plainte, la première difficulté est de déterminer où l’infraction a été commise. « Internet » n’est pas un lieu en soit et les policiers ne sont pas formés à faire face à ce genre de nouveauté. Toutes les polices devraient être formées pour ce type de situation. De la même manière, les jeunes doivent être informés que tout ce qui est publié sur Twitter est public. Tout le monde peut voir lorsqu'un jeune insulte son camarade ou son professeur. Internet est un outil qu’il faut apprendre à utiliser avec intelligence. Ainsi, une vraie formation est nécessaire pour déterminer ce qu’il est possible de faire ou non dessus. »Mme Sellier va dans ce sens en soulignant que sur les réseaux sociaux « rien n’est virtuel car tout se traduit dans la réalité. Pour internet, le meilleur filtre c’est celui que l’on a derrière les oreilles : le cerveau ».L’ancien négociateur du RAID note par ailleurs le retard qu’a pris la police sur la gendarmerie sur ces thématiques :« Il existe un correspondant départemental pour la gendarmerie, alors qu’il n’y a pas d’expert sur tout le territoire français pour les problématique de cybercriminalité. Former des policiers sur ces thèmes prend du temps et demande des moyens importants pour être diffusés sur la France entière. »


ConclusionLa question de la sécurité, du sentiment de sécurité dans une ville est vaste et demande des actions sur le plan local, national et international.Reconnaître les victimes en tant que tel, les accompagner dans les démarches, qu’elles se sentent écoutées et protégées, voilà l’objectif de toutes les autorités. Sur le plan local, il apparaît nécessaire que les forces de l’ordre se dotent d’effectifs suffisant pour répondre à une démographie en constante augmentation. Les ressources sont nombreuses pour prévenir, détecter et sanctionner les infractions, délits et crimes qui peuvent se tenir dans la ville. Le déploiement de la vidéosurveillance doit se faire dans le sens des citoyens, à des endroits stratégiques et dans le respect des libertés individuelles et fondamentales.Dans la lutte contre la cybercriminalité, les maîtres mots sont formation et prévention. Et pour tous les protagonistes. Le président du club Courbevoie 3.0, Arash Derambarsh, a mis fin au débat suite à l’habituel séance des questions-réponses avec la salle.Le prochain rendez-vous aura lieu le lundi 16 décembre. Le thème « Réussir à Courbevoie ! Emplois, stages et formations ».

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