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Guillaume Vinet : « Il faut aller plus loin »

Publié le 06 décembre 2013 par Thierry Gil @daubagnealalune
photo : Cyril Pariaud / Bong Project

photo : Cyril Pariaud / Bong Project

« Bassman », l’homme à la basse, a beau être un artiste discret, sa générosité, son talent et son ouverture aux autres l’ont rendu populaire de ce côté-ci de la planète reggae. Sur scène, il s’accorde avec à peu près tout le monde mais c’est avec le batteur Sébastien Gomez qu’il semble avoir trouvé le bon tempo au sein de la toute nouvelle formation, Chocolate Jesus, qui rassemble autour de Elvas quelques vieux briscards de la scène reggae qui ont entrepris avec bonheur de remonter à la source du ska et du rocksteady. Citoyen attentif à la vie de sa cité, Guillaume Vinet formule quelques propositions pour Aubagne :

"Si je devais décrire Aubagne en peu de mots, je dirai : belle, unie, prometteuse et unique. C’est une ville qui donne du sens aux valeurs de la République, liberté, égalité, fraternité. Et j’ajouterai « gratuité ». Egalité, révolution et évolution des consciences et surtout Liberté. Quant à la Fraternité, elle est innée à Aubagne. On a su évoluer tout en gardant ce côté ville-village – mais pas au sens péjoratif – c’est-à-dire qu’on a su conserver et renforcer ce lien social qui fait qu’aujourd’hui tout le monde se reconnait dans un même bouillon culturel.

La culture est très présente ici à Aubagne et c’est elle qui fait le liant entre les habitants. Il y a des discutions et des remises en question à faire. Et c’est là où je m’adresse tout particulièrement aux gens qui essaient de se l’approprier : oui Aubagne a un avenir mais méfions-nous des prétendants qui ne donnent une vision ni positive ni d’ouverture sur son futur, que ce soit culturellement parlant ou économiquement parlant. Il y des choses qui peuvent être améliorées mais globalement la Ville peut garder la tête haute. C’est une fierté pour nous tous, parents ou non, qu’elle ait été reconnue Ville amie des Enfants, qu’elle soit prise en exemple, et de mener ce rôle à une très large échelle.

Sur les questions de démocratie, c’est évidemment très bien de susciter le débat comme on le fait mais je pense qu’il faut savoir planifier les choses sur des temps espacés pour que toutes les couches de la population puissent s’exprimer dans tous les débats. Il arrive qu’un jeune ou un autre puisse être intéressé par un débat d’un côté de la ville et par un autre à l’autre bout de la ville à la même heure. Culture, emploi, logement, toutes ces problématiques intéressent la jeunesse.  Comment je pars de chez moi ? Avec quel métier ? Quelle formation ?, et surtout culturellement comment je peux m’impliquer et à quel loisir je peux avoir accès ?… Ils attendent des réponses, c’est pourquoi il faut organiser ces temps d’échanges et de débats autrement. Le concept de « démocratie participative » est là, bien ancré dans les mœurs, mais je crois qu’on a encore à progresser. La question est comment l’organiser pour que toutes les couches de la population se sentent concernées. L’opposition est à l’affût de nos moindres points faibles et s’en nourrit. Car au fond elle n’a pas l’ombre d’un projet d’avenir pour Aubagne. Chacun sait qu’on est ici dans une politique évolutive de l’Humain, cela se ressent très bien.

Dans les quartiers, il faut continuer à faire de la prévention et de l’éducation. Il y a aussi des choses qu’on doit pouvoir améliorer pour éviter que certains quartiers soient montrés du doigt. Des rencontres sont organisées régulièrement avec les habitants, comme au Charrel, où le Préfet s’est déplacé en personne avec le maire pour débattre avec les habitants. On a désenclavé les quartiers avec la gratuité et le travail que les associations y mènent est très respectable. Il faut aller plus loin.

Il faut que la Culture rentre davantage dans nos quartiers. Il y a ce respect qu’on nous renvoie dès qu’on amène une plus-value dans les quartiers et la Culture peut être le vecteur par lequel nous pouvons créer plus de liens. Il y a des piliers, comme Miguel Nosibor au niveau de la danse hip-hop, qui font un travail formidable. Les anciennes générations comme celle de Redemption avec le reggae y sont aussi pour beaucoup. Aujourd’hui toutes les pratiques artistiques, toutes les facettes de la Culture, sont représentées.

Je pense qu’on n’utilise pas assez les ressources artistiques et professionnelles. Comme partout ailleurs, il y a à Aubagne beaucoup d’artistes qui ne vivent pas de leur art et pourtant il y a ici une telle diversité de pratiques artistiques qu’on doit pouvoir utiliser ce potentiel créatif. L’enjeu pour les artistes est d’être reconnus. Je ne parle pas de rémunération. Un artiste ce qu’il veut c’est exister et travailler normalement, pouvoir vivre de son art.

On est une terre d’ouverture. A nous de faire jouer les réseaux. Culturellement on est dans un truc qui est en train d’imploser alors qu’il devrait exploser. Il y a cette énergie à Aubagne qu’il faut exploiter pour exporter notre savoir-faire et nos talents. Beaucoup de choses se font déjà. Il y a suffisamment de conférences et d’échanges avec le monde entier pour que l’on puisse faire rayonner tout cela en dehors du pays d’Aubagne et présenter cette Culture dans toute sa diversité et sa richesse".


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