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Les santons, symboles de Noël en Provence

Publié le 08 décembre 2013 par Véronique Couzinou @VeroniqueCouzin

L'hiver en provence n'est pas moins intéressant que la belle saison. À quelques semaines de Noël, je vous emmène découvrir l'une des plus vielles traditions provençales: la fabrication de santons. Un « road movie » en deux parties...

Noël en Provence : acte 1

©V.C.

Pas de Noël sans crèches ni santons, en Provence. Ces petites figurines d’argile de différentes tailles se collectionnent au fil des ans, et se transmettent de génération en génération.

La tradition de la crèche dans les églises remonte au XIIIème siècle, héritée d’Italie. La première nativité fut en effet représentée en 1223 dans les Abruzzes par Saint-François d’Assise dont la mère était provençale. Elle disparut à la Révolution française lorsqu’on ferma les églises mais les familles renouèrent avec la tradition des crèches dans les foyers et se mirent à façonner à la main la Sainte Famille, en mie de pain, papier mâché, puis en argile. Ainsi naquirent les « santouns », les petits saints en provençal, et le métier de santonnier.

Plus tard, toutes les églises des villages provençaux réinstallèrent des crèches ouvertes au public chaque mois de décembre. Dans l’église de Caromb, petit village du Vaucluse, on ressort chaque mois de décembre de grands santons de leurs boîtes protectrices. « On a toujours connu la crèche quand on était petits, et qu’on soit croyant ou non, c’est un moment magique pour les enfants », glisse un bénévole. Le Jésus de Caromb date de 1944 et tous les personnages sont en cire, créés par les carmélites d’Avignon. Une tradition devenue rare aujourd’hui, alors qu’autrefois, les santons d’église étaient tous de grands personnages sculptés en bois ou bien façonnés en cire par les religieuses. Quant aux santons que l’on achète pour faire sa crèche à la maison, ils sont en terre cuite peinte à la main, qu’il s’agisse d’un personnage miniature haut de 1 à 3 centimètres, du santon traditionnel (haut comme le pouce), ou d’un grand santon d’une vingtaine de centimètres.

Noël en Provence : acte 1

Les santons en cire de l'église de Caromb, dans le Vaucluse. ©V.C.

Un monde miniature

La tradition du santon d’argile remonte donc au XVIIIème siècle. Comme les personnages peuvent être moulés, cela a permis à tous les foyers, même les plus modestes, d’acquérir ses santons. Pour autant, les santons de Provence ne sont pas réalisés en quantité industrielle car c’est le santonnier lui-même qui crée ses propres moules, à la main. Les sujets restent de beaux objets d’artisanat- nécessitant pour certains plusieurs semaines de travail- prisés des collectionneurs et des Provençaux, surtout s’ils proviennent de santonniers réputés depuis des lustres, comme la maison Fouque, à Aix-en-Provence (à découvrir demain dans la 2ème partie de ce reportage), ou encore la maison Marcel Carbonel, à Marseille.

En décembre, les amateurs viennent arpenter les marchés aux santons pour compléter leur crèche qu’ils transmettront plus tard à leurs enfants. Le plus dur est de choisir car chaque artisan à son style, ses couleurs, sa façon bien à lui de faire des santons. La Provence compte un peu plus d’une centaine de santonniers aujourd’hui. Certains veulent rester au plus près de la tradition, s’appliquant à reproduire des personnages dont les habits sont l'exacte réplique des anciens costumes provençaux, d’autres ont opté pour des styles plus modernes, naïfs, et même ethniques.

Noël en Provence : acte 1

Les santons bleus de Véronique Dornier. ©V.C.

Noël en Provence : acte 1

Santons contemporains au style naïf. ©V.C.

Magali Mille-Montagard, elle, crée des santons en terre crue. Une tradition familiale qu’elle perpétue dans son mas de La Crémade, à Saumane, petite bourgade non loin de Carpentras dans le Vaucluse. Ici, tout est fait le plus naturellement possible; la terre crue, collectée alentours, est séchée au soleil pendant huit à dix jours et les pigments utilisés dans les peintures proviennent eux aussi de la nature : oxydes et ocres de la région sont mélangés à de la gouache, tout simplement. « Mon père était paysan. Pour mieux gagner sa vie, il est devenu santonnier. Il aimait créer des personnages qu’il croisait dans la vie : un marchand de corde ambulant, un joueur de flûte, le forgeron de Carpentras… Et moi, j’ai créé mon père en santon! ».

La santonnière a fait naître plus de quatre-vingt sujets différents dans son atelier. Comme un santon ne se peint pas pièce par pièce, mais couleur par couleur- et avec des pinceaux de différentes tailles- un sujet peut passer jusqu’à vingt-cinq fois entre ses mains. Pour les gens de la région, venir à La Crémade pendant les fêtes de Noël est une sortie incontournable car Magali Mille-Montagard est non seulement la seule à faire des santons en terre crue, mais elle crée également chaque année une grande crèche inédite (12 m2) dont le décor représente un village ou un site provençal renommé.

La crèche est présentée à partir du 25 décembre, jusqu’au jour de la Chandeleur. Ici comme un peu partout en Provence, dans les églises ou parfois les mairies des villes et villages, des crèches et santons de différentes époques sont présentés, témoins d’un patrimoine local et d’un savoir-faire artisanal qui ne s’éteint pas.

Noël en Provence : acte 1

Magali Mille-Montagard dans son atelier. ©V.C.

*Marchés de Noël et informations touristiques sur le Vaucluse : www.provenceguide.com

*Santons Véronique Dornier : http://santons-dornier.monsite-orange.fr/

*Santons Magali Mille-Montagard : Mas de la Crémade, 3451, route de la Roque à Saumane (84). www.lacremade-santon.fr 

* Demain, retrouvez la 2ème partie de ce reportage sur Noël en Provence *


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