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Pura Lopez Colomé - PRISME

Par Ruedelapoesie @ruedelapoesie
Pura Lopez Colomé - PRISME
Avidité de bien-être,
je les ai vues parcourir le chemin habituel,
celui qui va de la ville à autre part,
part du monde,
part de mon humanité endolorie,
heureuse apparition pour qui m’attend,
pour qui vit en moi sans être moi-même,
dans ma soif, mes instants qui oscillent
de tribulation et de paix.
Je fus elles. Je m’en fus.
Les pèlerins montent à Chalma. Ceux qui savent que la branche sèche qu’ils portent donnera des fleurs le long du chemin. La plupart sont jeunes. Ils ont de l’eau, une natte pour dormir et en vue le quotidien de leur vie. Il y a des vieux aussi. Des enfants sur les épaules. Le sanctuaire avance en quête de son lieu.
D’un coup, avec une question
son ancienneté se réveille.
Que demandez-vous au Seigneur
que vous vénérez,
c’est-à-dire,
à son corps mortifié
par la fatigue d’aujourd’hui
et la misère d’hier ?
Pouvoir continuer à pleurer de rage ou d’impuissance,
pouvoir se rendre davantage malade ou se surpasser,
pouvoir être là, vivre l’effroyable manque de…
au centre de la corne d’abondance,
pouvoir oublier, oui,
le fantôme des sept, huit ans
qui vole avec fougue sans queue ni corde
pour le ramener à terre,
oublier l’histoire future,
les dons amoureux nuls.
Ça ?
Oh corps, maître et Seigneur,
montre-moi un arbre créé à ton image,
synagogues, basiliques, mosquées
étant toutes couvertes de toi.
Le campement s’est installé. Il fait nuit. Des groupes d’hommes par ici, mixte par là, de femmes avec des bébés et des enfants plus loin. Autour des feux, debout, accroupis. Ils ne partagent ni la nourriture ni le café, chacun apporte ses provisions, mais la raison de… et la célèbrent assis sur le sol vil, laissant les pierres s’enfoncer dans leurs cuisses, donnant le sein à leur enfant devant n’importe qui. La chaleur vient de la proximité des bras, des dos, des cous, des poitrines ; non du feu : du sang. Certains tombent de sommeil, d’autres dodelinent de la tête, certains veillent. Nul besoin d’un toit.
Tous nous sommes destinés
à la cadence respiratoire
avec laquelle chantent les étoiles.
C’est cette communion des astres,
j’ai prié avec terreur ou envie,
une certaine rotation,
une certaine translation,
le plaisir de l’indispensable.
Rien de plus.
Le jour suivant, pleine d’admiration et d’extase, je suis retournée sur ces lieux, désirant aspirer les dernières odeurs de ce qui s’était rêvé et partagé ici. Comme qui revient toucher la pierre votive, les pieds ou les mains de l’image usée d’un saint miraculeux :
Je n’ai rien trouvé sinon des ordures.
La grande bouche du Seigneur,
sa mauvaise haleine.

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