Mélange de thèmes bibliques et helléniques (arche de Noé, tour de Babel et siège de Troie) dans la Compilation des chroniques et histoires des Bretons, Bibliothèque nationale de France, vers 1480
L’article suivant est théoriquement « paru » dans les Dossiers Histoire et civilisation (vol. 5, n° 1), la revue du programme Histoire et civilisation du Cégep de Sherbrooke, à l’automne 2011. Entendu que cette revue devait supposément être enregistrée aux Archive nationales du Québec et qu’elle ne l’est toujours visiblement pas, qu’un nombre très restreint d’exemplaires papiers de cette revue ont été imprimés, que les responsables de ladite revue ne rendent pas son contenu accessible sur la toile tel qu’annoncé, et que je suis l’auteur de cet article, je me suis autorisé à le mettre moi-même en ligne, en y apportant quelques modifications.
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C’est à la Renaissance que l’on attribue habituellement la redécouverte de la culture antique. On considère cette époque comme le triomphe de la haute culture sur l’obscurantisme aisément associé au Moyen Âge. Après ces mille ans de dormance, la réintroduction du savoir de l’Antiquité dans l’Europe chrétienne, doublée d’un essor de l’humanisme, aurait ouvert l’accès à un niveau de connaissance qui était en profonde rupture avec l’époque précédente. Les humanistes de la Renaissance se seraient efforcés de retrouver la pensée des anciens alors qu’au Moyen Âge, on se serait contenté de commentaires et d’adaptations qui auraient faussé la véritable pensée que tentaient de véhiculer les philosophes antiques. « Il semble donc entendu que notre civilisation, celle de l’Europe au sens large, ait vécu deux beaux âges […] D’abord cette Antiquité, capable d’administrer de si belles leçons. Puis longtemps après, passés un lourd sommeil et une interminable attente, la "Renaissance" où les hommes se sont enfin réveillés, ont complètement changés d’attitude devant la vie et pris en charge leur destin. » (Jacques Heers, Le Moyen Âge : une imposture, Paris, Perrin, 2008, p. 14.)
Ce regain d’intérêt pour l’Antiquité se serait accompagné d’une résurrection des divinités de la mythologie gréco-romaine (qui aurait été effacé par la religion chrétienne) et de la symbolique qui l’accompagne. La chute de Constantinople en 1453 aurait précipité l’arrivée de lettrés grecs fuyant l’offensive turque. Leur exil en terre occidentale aurait produit un vif intérêt pour l’étude des langues anciennes qui était jusqu’alors plutôt absente. Toutefois, la discipline historienne nous a permis au cours des dernières décennies de modérer cette vision des choses. Cette rupture n’en est pas réellement une. En effet, cette effervescence intellectuelle s’inscrit plutôt dans mouvement de crescendo qui trouve son apogée à la période que l’on appelle de façon méliorative « Renaissance ». Cela implique que les accomplissements que l’on alloue à la Renaissance ont leurs fondements dans la période médiévale. Cet article est consacré à la mise en lumière de cette amplification progressive sur trois axes :
- La montée de l’alphabétisme médiéval
- La mythologie gréco-romaine très présente au Moyen Âge
- La continuité de la culture hellénique au Moyen Âge
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« Apollo Medicus », Bibliothèque du Capitole, Verceil (Piémont, Italie), vers 800
Socrate et Platon, Bibliothèque Bodléienne, Université d’Oxford, entre 1230 et 1259
Charles V le Sage ordonnant la traduction d’Aristote en français, Bibliothèque nationale de France, vers 1380
Sagittaire ou Centaure (signe zodiacal), vitrail de la cathédrale Notre-Dame de Chartres, vers 1215
Vierge (signe zodiacal), vitrail de la cathédrale Notre-Dame de Paris, vers 1220
Médaillons zodiacaux, cathédrale Notre-Dame d’Amiens (Picardie), vers 1225
LES COMMENTAIRES (1)
posté le 31 décembre à 04:24
Erratum : Le signe à Notre-Dame de Paris est en fait une Balance.