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Ce que cache l’interventionnisme du Président Hollande en Afrique

Publié le 11 décembre 2013 par Delits

S’il y a bien un terrain sur lequel on n’attendait pas forcement François Hollande c’est celui de la politique étrangère. Lui qui péchait pendant la campagne présidentielle par son manque de stature à l’international, semble désormais familier avec la logique d’intervention militaire hors de nos frontières. Il  en maitrise le discours, le déroulement et les enjeux. Pourtant, à y regarder de plus près, ce « choix » d’un volontarisme militaire ne semble pas évident à expliquer si ce n’est pas le désir de s’inscrire, lui-aussi, dans la lignée des chefs d’Etat français protecteurs d’une Afrique qui se trouve à feux et à sang. Plus vraisemblablement Hollande a choisi de se présidentialiser, d’abord hors de France. Cela tombe bien car c’est là qu’il est le mieux entouré.

Un Président impopulaire sur presque tous les sujets mais qui trouve des soutiens quand il parle d’interventions militaires

L’Ifop a récemment publié un historique du soutien populaire dont bénéficie le Président de la République lorsqu’il décide d’envoyer les forces armées à l’étranger : Syrie, Mali et Centrafrique pour Hollande. Cet historique permet de visualiser clairement qu’il n’existe pas de lien mécanique liant le soutien à une intervention militaire et la popularité du chef de l’Etat. Un constat qui conforte l’idée selon laquelle la notion même de popularité est une construction en réalité très complexe et qui ne saurait être modifiée par une action. ceci est démontré par l’Indice de Délits d’Opinion qui permet de suivre, dans la durée, la popularité de l’exécutif en compilant toutes les enquêtes d‘opinion publiées par les instituts d’études.

Dans le détail on note que sur les premiers 18 mois de son mandat François Hollande a vu sa popularité s’effondrer de manière continue sans réel soubresaut. A l’inverse, le soutien populaire relatif aux interventions militaires a connu des évolutions fortes. Tout d’abord un soutien croissant sur les six derniers mois de l’année 2012 (de 39% en août 2012 à 73% à février 2013 Syrie et Mali) puis ensuite une défiance quant à la décision d’envoyer l’armée : 32% de soutien pour l’intervention en Syrie en septembre 2013. S’il faut évidemment différencier les conflits comme pour souligner le soutien massif à l’été 2012 au Mali vs. Syrie, on note cependant une relative continuité depuis plus d’un an.

Récemment la décision d’intervenir en Centrafrique a marqué un nouveau virage et un soutien majoritaire (51%) pour l’envoi des troupes au cœur de l’Afrique noire où la lutte contre le terrorisme semble mieux accepté et compris par l’opinion ; même si le niveau de soutien se situe en dessous de ce que l’Ifop avait pu mesurer lors du déclenchement des opérations militaires en Libye (66 %) ou au Mali en début d’année (63 %).

En conclusion il semble donc que le Président ne soit pas parvenu à transformer le soutien reçu pour ses décisions d’intervention militaire en popularité.

Fabius le repère et Le Drian le soldat de moins en moins inconnu

Au-delà de la question d’une intervention « à la française », (soutenu par et) bras armée de l’ONU en Afrique, il faut aller plus loin pour tenter de comprendre ce qui pousse le Président à se mobiliser sur ce terrain. Certes, pour beaucoup cela relève de la stratégie de l’écran de fumée alors que la grogne des bonnets rouges monte et que la réforme sur la fiscalité ne fait pas que des heureux. Plus vraisemblablement le choix de ce terrain s’explique aussi par le casting. En effet, en matière d’affaires étrangères, Hollande peut s’appuyer sur son fidèle, Jean-Yves Le Drian, expert reconnu des questions de défense et homme politique rassurant ; lequel a profité de ces interventions pour se faire un nom et une place aux yeux de l’opinion publique. A ses côtés se tient Laurent Fabius qui, après avoir fait le double deuil de Élysée puis d’un retour  – chez lui – à Matignon s’est muté en Président-bis sur la scène internationale. En menant la diplomatie étrangère française, l’ancien Premier ministre influe sur « les affaires réservées » et semble s’accommoder d’un partage des tâches avec les deux autres membres du trio.

Pour François Hollande le nouveau front qui s’ouvre en Centrafrique n’est sans doute pas le remède miracle qui résoudra ses problèmes de popularité en France. Le Président le sait mais cela ne devrait pas changer sa ligne de conduite, malgré les risques encourus sur la sécurité des Français, à l’étranger et en France. Voilà donc une nouvelle marque de courage politique… pour un Président qui semblait en manquer.


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