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Interview (presque) imaginaire (et d’outre-tombe) : Nelson Mandela

Publié le 11 décembre 2013 par Legraoully @LeGraoullyOff

« Le verbe résister doit toujours se conjuguer au présent » (Lucie Aubrac)

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RENAN APRESKI : Devezh mat, Metz, mont a ra ? Et oui, vous ne rêvez pas, Renan Apreski est de retour ! Et je reviens en force avec une interview exclusive de l’homme qui fait la une de tous les journaux aujourd’hui, Nelson Mandela !

NELSON MANDELA : Bonsoir, jeune homme.

R.A. : Bonsoir à vous aussi monsieur le président et encore mille fois mercis d’avoir accepté de m’accorder cette entrevue ! Votre mort a suscité une gigantesque vague d’émotion à l’échelle mondiale, quel est votre sentiment sur vos funérailles ?

N.M. : Bof ! J’avoue que je m’y attendais un peu. Pendant vingt ans, j’ai quand même eu un puissant avant-goût de tout ce grand gala d’encravatés : pas un jour sans qu’on me lèche le cul, pas un jour sans qu’on me parle comme à un saint voire à un dieu vivant… Je protestais, évidemment, je leur disais bien qu’ils en faisaient trop, mais rien à faire… Alors maintenant que je suis mort et que je ne peux plus mettre de frein à leur adulation, ils ne vont pas se gêner de venir faire leur petit m’as-tu-vu-dans-ma-jolie-compassion, d’autant que toutes les télés du monde sont sur place !

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R.A. : Ne soyez pas si modeste, vous méritez largement cet hommage…

N.M. : Et pourquoi ? Tout ce que j’ai fait, c’était du bon sens élémentaire ! Mon peuple était opprimé, bafoué, réduit au silence, je me suis révolté, quoi de plus normal ? Mais bon, je me doute que ça vous échappe un peu, vu que chez vous, le peuple ne se révolte que pour défendre ses exploiteurs ! Le président De Klerk m’a libéré et a entamé des négociations avec moi, j’ai veillé à ce que la fin de l’Apartheid ne vire pas au bain de sang, quoi de plus normal ? Mais bon, je me doute que ça vous échappe un peu, vu que vous êtes persuadés que les Noirs ont la violence dans le sang ! J’ai été chef d’État, j’ai joué mon rôle et fait du mieux que je pouvais dans la mesure de mes moyens, sans pour autant réussir à résoudre tous les problèmes, quoi de plus normal ? Mais bon, je me doute que ça vous échappe un peu, vous qui n’élisez que des démagogues qui ne pensent qu’à sauver leur peau et se foutent de la gueule du monde !

R.A. : Vous êtes dur, monsieur le président, vos anciens homologues sont peut-être sincères…

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N.M. : Ça, vous ne pouvez pas savoir ! Entre les États-Unis qui ne m’ont retiré de la liste des terroristes qu’en 2008 et la France qui continuait à vendre des armes à l’Afrique du Sud alors que j’étais encore en prison, ça sent quand même fort l’achat d’une bonne conduite à bas prix ! Je ne voudrais pas insister lourdement sur votre président de la République qui envoie ses troupes en Centrafrique comme s’il était en pays conquis ni sur son prédécesseur qui a dit, à Dakar, que l’homme noir n’était pas rentré dans l’Histoire… Je ne leur jette pas la pierre, j’ai connu pire ! Mais je vais quand même vous dire une bonne chose : connaissez-vous les VRAIES raisons de tout ce tintouin autour de ma mort ?

R.A. : Ben… Je ne voudrais pas dire des bêtises… Dites-les, pour voir ?

N.M. : Voilà : à quel Madiba déroulait-on le tapis rouge dans tous les pays du monde, quel Madiba a-t-on élevé au rang de saint ? Était-ce le jeune lion révolté et affamé de liberté ? Non ! On a fait tous ses honneurs au Madiba vieux, usé et fatigué par 27 ans de prisons !

R.A. : « Vieux, usé et fatigué », ça me rappelle quelque chose…

N.M. : Je ne vous le fais pas dire ! Les grands de ce monde n’ont commencé à me trouver respectable qu’à partir du moment où, à leurs yeux, je ne représentais plus de danger pour eux ! Donc, s’ils se pressent à mes obsèques, ce n’est pas parce qu’ils m’aimaient : c’est parce qu’ils espèrent enterrer l’esprit de contestation avec moi ! Bon, je fais une exception pour les deux petits gars d’Amérique du Sud, Mujica et Morales…

R.A. : Oui, le président de l’Uruguay et celui de la Bolivie…

N.M. : Exact, ils sont très bien, ces deux petits ! Mais les autres, en me rendant hommage, ils comptent bien saisir l’occasion pour me réduire à l’état de nom de rue et de pièce de musée qu’on dépoussière une fois par an ! Mais comme l’a dit une dame de chez vous, « le verbe résister doit toujours se conjuguer au présent » ! Si vous voulez vraiment rendre hommage, inutile d’aller faire le joli autour de mon cercueil à Johannesburg : AGISSEZ ! Luttez pour vos droits et vos libertés (pacifiquement de préférence) ! Pour moi, c’est fini, c’est votre tour !

R.A. : Ah mais vous pouvez partir tranquille, les salariés français n’oublient pas la leçon : actuellement ils luttent activement pour avoir le droit de travailler le dimanche et après 21 heures…

N.M. :

R.A. : Monsieur Mandela ?

N.M. : Vous êtes sûr que votre exemple était bien choisi ?

R.A. : Heu… Bon, oubliez ça… Kenavo, les aminches !


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