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The wrong mans (2013): quiproquos à l’extrême

Publié le 11 décembre 2013 par Jfcd @enseriestv

The wrong mans est une minisérie de six épisodes qui a été diffusée à partir de la fin septembre sur les ondes de BBC Two en Angleterre et Hulu[1] aux États-Unis. L’action se déroule dans la petite ville de Bracknell dans le Berkshire où travaillent Sam Pinkett (Mathew Baynton), un urbaniste et conseiller en nuisance sonore et Phil Bourne (James Corden), un préposé au courrier dans la même boite. La vie des deux collègues est  bouleversée lorsqu’un matin, une voiture fait un tête-à-queue tout près de Sam qui se rend au travail. Après qu’une ambulance ait transporté le blessé à l’hôpital, un cellulaire abandonné près de la carcasse se met à sonner et Sam répond. La voix à l’autre bout du fil dit : « Si vous n’êtes pas à l’endroit indiqué à 17 heures, nous tuerons votre femme ». Après en avoir parlé avec Phil, les deux jeunes hommes, en manque d’aventures, décident de ne pas avertir la police et de mener leur propre enquête. Dès lors, ils se retrouvent pour leur plus grand malheur au cœur d’intrigues aussi dangereuses que folles, tout en essayant de venir travailler au bureau come si de rien n’était. Cette série qui rassemble plusieurs genres (action, comédie, thriller) est probablement la meilleure qui ait été faite cet automne dans le format de 30 minutes. Les rebondissements pleuvent, on nous tient constamment en haleine et en plus on rit. À voir.

The wrong mans (2013): quiproquos à l’extrême

Se mettre délibérément dans la m…

Au moment où Phil et Sam décident de faire suite à l’appel mystérieux, ils n’ont aucune idée dans quoi ils s’embarquent. D’ailleurs, ils n’ont pas du tout la tête de l’emploi. Sam vient tout juste de se séparer de Lizzie (Sarah Solemani) et pour ne rien arranger, elle vient d’être promue patronne de la boite où ils travaillent. Il a de la difficulté à se remettre de cette rupture, d’autant plus qu’il doit toujours lui rendre des compte à propos d’un emploi qui est tout sauf motivant. Quant à Phil, il est l’objet des moqueries des cols blancs avec qui il travaille et est totalement dénué d’ambitions. C’est non sans fébrilité qu’ils s’embarquent dans cette aventure rocambolesque. Au départ, ils croient que le cellulaire trouvé appartient à l’homme victime de l’accident de voiture, mais ce dernier avoue qu’il n’est même pas marié. Stevens (Nick Moran), l’homme, dont la femme est détenue captive,  les retrouve et les oblige à affronter le ravisseur Mr Lau (Benedict Wong) et ses complices, et ce, bien qu’ils n’aient pas la rançon demandée. Par un coup de chance, ils parviennent à se sauver, mais un des neveux de Lau se retrouve dans leur voiture et Phil décide d’en faire un otage. Entre-temps, l’homme qui avait l’argent de la rançon a été kidnappé par un agent secret, lequel se fait tuer par un collègue qui est aussi une taupe… Et on n’est même pas à mi-chemin de la série!

L’idée de mélanger plusieurs genres dans The wongs mans fonctionne à merveille puisqu’on s’inspire de pièces de scénarios mémorables. Le titre de la série fait évidemment référence au film d’Hitchcock de 1956 The wrong man et rappelle également North by northwest (1959) du même réalisateur. Dans les deux cas, un homme est pris pour un autre et se voit confier une mission secrète dangereuse. James Corden, acteur et corédacteur des scénarios, a aussi avoué en entrevue que les épisodes ressemblaient à ceux de 24 (Fox, 2001-2010), mais en plus drôle et qu’il avait en tête lors de l’écriture des scripts le film Burn after reading (2008) des frères Cohen. L’avantage de mélanger plusieurs genres est qu’on élargi les options de scénarios. Si la série n’était qu’une comédie, il y aurait une pression constante de faire rire le téléspectateur. Dans The wong mans, les blagues viennent complémenter (et non supplanter) la fiction dont le succès repose autant sur les scènes d’action et les retournements de situation.

The wrong mans (2013): quiproquos à l’extrême

On retrouve à plusieurs reprises dans la série un certain type de montage qui illustre bien la multiplicité des genres. On alterne des plans où l’action est très vive à ceux où elle est plus posée. Par exemple, Sam et Phil détiennent en otage le neveu de Mr Lau. Leur voiture doit s’arrêter chez la mère de Phil parce que ce dernier doit aller chercher des vêtements de rechange. Sam est seul avec l’otage, lequel essaie de s’échapper et les deux s’échangent des coups. Pendant ce temps, on voit Phil qui s’occupe de sa mère, lui apporte un verre d’eau, la dorlote, etc. Plus loin, c’est Phil qui doit contenir l’otage au travail alors que quelques mètres plus loin, Lizzie apostrophe Sam afin qu’ils discutent de leur rupture. Ces montages à eux-seuls nous rappellent qu’il s’agit de gars ordinaires aux prises avec des problèmes extraordinaires et l’alternance des plans d’humour et d’action résument bien le contenu de la série en entier.

Américains, prenez des notes!

Dads (Fox), Moms (CBS), The Michael J. Fox Show (NBC), Back in the game (ABC), We are men (CBS), Package Deal (CityTV), Sean saves the world (NBC), Welcome to the familly (NBC) : ce sont toutes de nouvelles sitcoms arrivées sur les ondes à l’automne 2013 qui ont éprouvées plusieurs problèmes. Certaines ont été annulées après quelques épisodes seulement, d’autres n’ont pas été renouvelées et celles qui restent en ondes voient leur audience continuer à piquer du nez. Seules The Golbdergs (ABC), The crazy ones et The Millers (CBS) maintiennent l’intérêt du public, mais toujours est-il que le bilan de ces séries en général est peu reluisant. Toutes les techniques sont bonnes pour attiser la curiosité du téléspectateur : budgets faramineux, grandes stars comme Robin Williams ou Michael J. Fox, autodérision, miser sur les controverses, etc. Faire rire est l’unique objectif  au point où on en vient à sentir l’obsession des scripteurs. Dans tous ces cas, on applique la règle de l’épisode unique. C’est –à-dire qu’il n’y a pas de continuité narrative d’un épisode à l’autre puisqu’il s’agit d’historiettes indépendantes; différentes mises en situation. En faisant cela, on omet bien évidemment de fidéliser le téléspectateur. Et plus souvent qu’autrement, les blagues tombent à plat et on ajoute des rires enregistrés…

The wrong mans (2013): quiproquos à l’extrême

The wrong mans a été regardée par environ 4,5 millions d’Anglais lors du premier épisode et s’est maintenue au cours de sa saison à 3. C’est le meilleur score que BBC Two ait obtenu pour une nouvelle comédie depuis 8 ans. Le mélange de plusieurs genres, des mises en situations déjantées et l’attachement qu’on éprouve à l’égard des personnages principaux expliquent en grande partie ce succès. Bonne nouvelle en terminant, le premier novembre, James Corden a confirmé que la série reviendrait pour une seconde saison.


[1] Site web gratuit de vidéo sur demande qui propose également des services de partage vidéo. Le site est une entreprise commune de NBC Universal, 21st Century Fox et Providence Equity Paertners et The Walt Disney Company.



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