Quand une banque se crée aux États-Unis, elle adopte généralement un modèle de type startup technologique (cf. Simple, Moven, Green Dot…). A l'inverse, en Grande-Bretagne, l'approche privilégiée est souvent plus « traditionnelle ». Ainsi, après Metro Bank et son réseau d'agences en expansion continue (!), c'est une « credit union » qui a ouvert ses portes le mois dernier : My Community Bank.
De fait, le principe de fonctionnement de la nouvelle venue n'introduit pas – a priori – de grandes ruptures : d'un côté, un compte épargne, de l'autre, une offre de crédit, et les deux sont combinés sous un angle mutualiste (et éthique). En l'occurrence, le point de convergence de la communauté des membres sera le sud asiatique (concrétisé par l'appartenance à une association idoine). Néanmoins, au-delà de ces caractéristiques basiques, l'innovation est aussi très présente.
Tout d'abord, il s'agit de la première « credit union » britannique opérant exclusivement en ligne, ce qui est résolument original puisque le concept de ce genre d'établissement repose en principe sur une logique de proximité géographique. Par ailleurs, elle ambitionne de concurrencer à la fois les spécialistes des avances sur salaire et les banques traditionnelles, en proposant des conditions particulièrement avantageuses à la fois aux emprunteurs et aux épargnants.
Naturellement, cette prétention soulève immédiatement une interrogration majeure (chez ceux qui ne se contentent pas d'une réaction de mépris) : comment une petite société tout juste créée peut-elle envisager un modèle économique viable tout en étant commercialement plus agressive que les grandes banques historiques ? A première vue, les choix technologiques entrent pour une grande part dans la réponse. Et ils peuvent être résumés en deux mots simples : automatisation et cloud.
Première partie de l'équation, My Community Bank clame donc haut et fort que ses processus sont entièrement automatisés. En éliminant toute intervention humaine, elle peut non seulement réduire ses coûts directs mais également fiabiliser et optimiser ses opérations, ce qui représente un autre facteur important d'économies.
Ensuite, l'ensemble de son système informatique (qui permet cette automatisation) repose sur l'offre cloud de Mambu (en mode SaaS, pour les spécialistes), adaptée au marché britannique pour la circonstance. Une excellente recette pour éviter des investissements massifs avant le démarrage et affronter en toute sérénité une montée en charge plus ou moins imprévisible…
Ces options techniques font aujourd'hui partie du paysage global et elles sont évidemment présentes – à un degré ou un autre – dans les stratégies de toutes les institutions financières du monde. Malheureusement, la rigidité des grandes entreprises ne laisse entrevoir une adoption chez elles qu'à une échéance encore lointaine. En attendant, des acteurs plus agiles (et non encombrés par un lourd passif organisationnel et informatique) sont en mesure de prendre des positions sur leurs marchés.
Plus largement, My Community Bank apporte une démonstration supplémentaire de l'émergence d'une nouvelle concurrence pour les banques, favorisée par une innovation technologique débridée. Certes, chaque établissement qui se crée ainsi ne représente qu'une menace négligeable pour les mastodontes en place. Mais n'y aurait-il pas déjà, dans ces signes précurseurs, l'annonce de la lame de fond qui emportera bientôt les services financiers traditionnels ?