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Expression libre : les grognards de Hollande

Publié le 15 décembre 2013 par Delits

Ils ne sont plus qu’une poignée : 26% d’irréductibles font encore confiance au Président de la République selon le dernier baromètre Harris Interactive pour Délits d’Opinion. Alors que le « Hollande Bashing » bat son plein, et que les ministres eux-mêmes semblent incapables de défendre leur Président, comment expliquer le soutien des derniers grognards ? La question ouverte du baromètre Harris Interactive / Délits d’Opinion  éclaire les raisons d’un soutien fragile et majoritairement issu des sympathisants socialistes.

Le bénéfice du doute

« Il faut lui laisser le temps de faire les choses ! » Pour ces sondés, la situation du pays exige de la patience. « Cela ne peut pas se faire d’un coup de baguette magique». Conscients de l’ampleur de la tâche, une partie des électeurs revendique le temps d’un mandat pour juger le Président.

Une nécessité de desserrer l’étau qui semble totalement en cohérence avec la personnalité perçue du Président : « C’est la bonne personnalité pour gouverner sur le temps long. Il ne gesticule pas. » Ce Président qui ne « sur-réagit » pas, qui demeure calme et modéré, inspire confiance à cette minorité de soutiens en ces temps troublés.

Le Hollande Bashing va t-il faire naitre un Président ?

Plus intéressant encore, même si le signal est encore faible, la vague de critiques qui submerge le Président fournit à certains partisans une raison d’espérer. Ce calme affiché dans la tempête nourrit l’image d’un Président enfin doté d’une vision: « Il ne change pas de cap en fonction des sondages ». « Il sait où il va, contrairement à ce que beaucoup prétendent ». Le simple fait de tenir confère une stature qui lui faisait défaut. Une ligne de crête étroite pourtant, tant la frontière entre détermination et autisme peut parfois être ténue.

Electeur un jour, soutien de toujours ?

Enfin, parmi les soutiens du Président Hollande, on retrouve des électeurs du candidat Hollande, soucieux d’être cohérents avec leur vote passé : « on a voté pour lui ». Un soutien parfois justifié également par une sensibilité socialiste assumée : « je le soutiens car je suis socialiste ». Une conviction qui peut sembler fragile, mais explique en réalité pourquoi ce socle tient bon. Malgré la crise, malgré l’absence de résultats, l’appartenance à la famille socialiste l’emporte chez ces sympathisants de gauche. Un reflêxe néanmoins de plus en plus minoritaire. Pour une majorité de sympathisants de gauche, le filtre partisan ne saurait tenir lieu de quitus.

Le chiffon rouge de la droite qui s’essouffle

Au delà de la revendication à la famille socialiste, le chiffon rouge des années Sarkozy recule sans pour autant totalement disparaitre. En effet, pour une minorité de sondés, la détestation de la droite et de son bilan vaut lot de consolation. : « Il ne peut pas faire pire que la droite », « sa politique me semble être la moins mauvaise possible ». En contrepoint également, c’est le style de Nicolas Sarkozy qui est égratigné : « contrairement à son prédécesseur, il ne se vante pas de ce qu’il a fait ». Une référence spontanément évoquée qui témoigne, un an et demi après le départ du Président Sarkozy, du rapport épidermique qu’il continue de nourrir auprès des Français.

Les valeurs, cache misère de l’impuissance

Enfin, elles demeurent la principale bouée des sympathisants de gauche dans le baromètre Harris Interactive / Délits d’Opinion. Face à une situation qualifiée de « catastrophique », les valeurs supposées du Président constituent son dernier atout. Le « sérieux » et l’« honnêteté » sont les derniers vrais arguments opposés par « les Hollandais » qui ont fait le deuil de changements structurants. Ces valeurs confortent ces sondés dans le sentiment que François Hollande n’est pas la vraie cause des problèmes. Face au chômage et à la crise qui submergent tout, l’obligation de résultats s’est donc muée en obligation de moyens. Une grille de lecture qui témoigne en creux d’un pessimisme inquiétant. La pente fatale du pays ne saurait être réellement infléchie par l’action d’un Président. Quel qu’il soit.

Cette analyse a également été publiée sur le site d’Atlantico


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